7 ans pour un crime gratuit

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Les faits de cette sordide affaire remontent au vendredi 2 décembre 2005. Ce jour-là vers 20h, l’accusé et deux de ses camarades de caserne, après s’être saoulés dans l’espace vert qui relie le rond-point du port à l’ancien Palais de justice, décident de rentrer à la caserne. Ils ont emprunté, selon l’accusé, le trottoir gauche de la voie de droite dans le sens port-El Khemis, de la route de la gare (boulevard Ben Boulaïd).

Alors qu’ils cheminaient sur ce trottoir planté de palmiers géants et de vieux fusains et où sont aménagés des bancs pour le repos des promeneurs, l’accusé s’écarte de ses camarades pour, a-t-il dit au juge, satisfaire un besoin urgent et téléphoner. Sur sa route, lorsqu’il rejoint ses camarades, il a eu affaire à un groupe de jeunes assis sur un banc du trottoir, ces jeunes pratiqueraient selon certaines indiscrétion, la prostitution masculine. Toujours selon ses dires, ils l’auraient insulté sans raison.

Il rejoint ses camarades au niveau du rond-point du Centre de santé pour les prévenir qu’il les rejoindraient à la station de taxis et revient sur ses pas pour s’expliquer avec le groupe qui l’a insulté. Et c’est là que le drame s’est produit. Parce que, soutient l’accusation, le prévenu a donné des coups de couteau à sa victime qui a refusé de se laisser sodomiser gratuitement. Pour la défense, il n’en est rien de tel, l’accusé n’aurait donné qu’un seul coup de couteau pour se frayer un chemin et se sauver.

Pour le procureur de la République, ce qui compte dans cette affaire, ce ne sont pas les faits puisque l’accusé ne nie pas son crime, mais ce qui importe c’est surtout son intention de tuer au seul motif que la victime s’est refusée à lui. Sinon, pourquoi était-il revenu sur ses pas avec un couteau à cran d’arrêt ouvert ? Pourquoi a-t-il visé le cœur ? Pourquoi n’a-t-il pas continué sa route comme ses camarades ? Pour l’accusation, il ne fait aucun doute que l’accusé est un habitué des lieux qu’il y a eu des rapports antérieurs entre lui et sa victime et qu’il s’agit là d’un règlement de comptes.

La défense tient un tout autre langage, puisque pour elle, son client n’avait aucune intention de tuer. Il a d’abord été à l’épaule puis au visage, c’est pour se défendre et pouvoir se sauver qu’il a riposté avec un couteau.

Et après avoir longuement plaidé coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, il demande au jury d’alléger au maximum la peine de son client. Après délibération le juge donne ce verdict : 7 ans de prison ferme.

B. Mouhoub

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