Les partis de l’Alliance présidentielle ont ouvert le bal des sénatoriales ce week-end, avec en ligne de mire les locales de 2007, qui constituent le véritable enjeu de la scène politique algérienne pour l’année prochaine. Les différentes sorties des leaders politiques ont remis sur le tapis un nombre de préoccupations, dont les plus galvaudées sont relatives à la situation sécuritaire et la corruption.
Le huis clos imposé par Ahmed Ouyahia, lors de sa réunion avec les structures de son parti à Boumerdes, n’a pas empêché la presse nationale de rapporter la teneur des propos tenus par l’ex-chef du gouvernement devant les responsables du RND dans cette wilaya. Ouyahia est revenu sur le débat suscité par le retour du responsable de l’instance exécutive du parti intégriste dissous, tout en annonçant que ce dernier ne va pas créer un parti politique, il a donné un avant-goût de la teneur des prochaines joutes électorales, qui auront à en découdre avec la question du parti intégriste dissous. Déjà, Belkhadem n’a pas rechigné devant la possibilité de capter ce qui reste de la base électorale de l’ex-FIS. Ses conseils à Rabah Kebir vont dans ce sens.
Le locataire du palais du gouvernement qui n’arrive pas à structurer son parti repose ses espoirs électoraux, cette fois-ci, non seulement sur sa base traditionnelle mais aussi sur les dividendes de son rapprochement avec Rabah Kébir.
Aussi, il n’échappe à personne que la gestion des communes par les élus du vieux parti, avec tous les scandales qui ont secoué les collectivités locales, aurait suscité l’aversion des électeurs qui pourraient opter pour d’autres formations politiques.
C’est ce qui explique la sortie politique du responsable du FNA, Moussa Touati, à Oran. Ce dernier, sorti de l’anonymat par un électorat qui a confondu FNA et FLN, est revenu à la charge à partir de la capitale de l’Ouest, ce jeudi, en radicalisant son discours centré sur le phénomène de la corruption. « Il ne faut pas voter au profit des députés qui vous ont vendus en gros », a déclaré l’ex-président déchu du CNEC. « Il faut mettre votre confiance chez des maires qui ne vous regardent pas en esclaves”, avait-il lancé lors de son cours meeting à El-Bahia.
Lui emboîtant le pas, le partenaire islamiste de l’Alliance présidentielle est allé plus loin que Moussa Touati, en fustigeant les responsables corrompus.
En effet, Soltani a plaidé pour la levée de l’immunité aux responsables, cadres et militaires, impliqués dans des affaires de corruption. Il faut dire que dans cette précampagne, les thèmes « populistes » reviennent encore une fois à travers les formations islamistes, dont l’une est partenaire à part entière dans la gestion du gouvernement et l’application du programme du président de la République.
Son rival islamiste ne compte pas faire dans la dentelle. De Zeralda encore, Djaballah dont le mouvement sort à peine d’une crise profonde, entend monnayer ses alliances pour le renouvellement de la moitié des deux tiers du Sénat le 28 décembre prochain. Il l’a ouvertement signifié. En effet, Djaballah qui ne compte rien gagner lors de ces joutes, lorgne plutôt du côté des locales et des législatives. Renforcé dans cette voie par la dernière décision du Conseil d’Etat qui a, pour rappel, débouté ses détracteurs, Djaballah a largué ses positions pro-Benflis, qu’il a affichées lors des présidentielles, dans l’espoir de tirer des dividendes électoraux et du coup, ravir au HMS le rôle qu’il joue actuellement au sein du gouvernement. Le premier responsable du mouvement islamiste El Islah a repris l’essentiel des thèmes développés par Soltani. Il a même abordé la question de la recrudescence des actes terroristes, en faisant un parallèle entre les attentats et les prochaines élections, une manière de dédouaner les islamistes de leurs actes et de récupérer ce thème à des fins électorales.
Parallèlement à ce regain d’activité politique à la veille des sénatoriales, la formation d’Ait Ahmed se prépare elle aussi pour ces rendez-vous, en recourant une nouvelle fois au bistouri.
Ainsi, le conclave des élus du FFS de Melbou a pris fin avec la levée de la couverture politique du vieux parti d’opposition contre 20 élus réfractaires. Quant au parti du Docteur Sadi, il a préféré reporter son troisième congrès national pour le mois de février de l’année prochaine, en charriant avec lui la crise dite de l’APC d’Amizour.
Hadj Bouziane