Les enchères d’automne de New York dépassent le milliard de dollars

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Les grandes enchères d’art de l’automne, qui se sont achevées jeudi soir à New York, ont franchi pour la première fois un seuil emblématique, en dépassant et de loin le milliard de dollars.

Marqué par plusieurs records et des prix parfois spectaculaires, ce rendez-vous semi-annuel de l’art a généré en deux semaines plus de 1,372 milliard.

Ce chiffre, porté par un marché euphorique, tient aussi cette saison à une offre exceptionnelle, notamment après la restitution de plusieurs oeuvres volées par les nazis.

Parmi elles, quatre Klimt issus de la collection de l’industriel juif autrichien Ferdinand Bloch-Bauer et récemment rendus par Vienne à ses descendants, ont été vendus à plusieurs acheteurs anonymes pour un total de 192,7 millions, dont 88 M pour le seul « Portrait d’Adele Bloch-Bauer II ». Cette série incluait aussi un cinquième Klimt, « Portrait d’Adele Bloch-Bauer I », cédé 135 M USD en juin par transaction privée.

Christie’s peut en particulier se féliciter de cette édition : à elle seule, la maison de ventes britannique a généré près de 866,4 M. Ses seules ventes d’art moderne et impressionniste ont abouti à la somme record de 550,4 M, et ce malgré l’absence d’un Picasso de grande valeur, « Portrait d’Angel Fernandez de Soto », retiré de la vente en dernière minute devant les contestations d’un Allemand qui affirme que son ancêtre juif en a été spolié sous le régime nazi.

« Christie’s a réécrit l’histoire des enchères d’art ces deux dernières semaines », n’hésitait pas à affirmer la maison jeudi, alors que la compétition fait rage entre les salles de vente pour le partage d’un marché en plein boom.

Gauguin, Schiele et Kirchner ont chacun pulvérisé leur record, à plus de 40, 22 et 38 millions, chez Christie’s le 8 novembre. La veille, un Cézanne et un Modigliani trouvaient preneurs chez Sotheby’s, respectivement pour 37 et 31 M. Mais c’est du côté de l’art contemporain que l’on constate les hausses les plus frappantes, même si les chiffres n’atteignent pas encore ceux des Van Gogh ou des Picasso les plus précieux.

Fortunes récentes, confiance en l’économie, spéculation mais aussi un intérêt réel pour l’art et l’arrivée d’une nouvelle génération aux goûts orientés vers les oeuvres de l’après-Guerre, contribuent à alimenter l’engouement, selon les professionnels du secteur.

Cette semaine, plusieurs artistes contemporains ont pulvérisé leur propre record, notamment l’Anglais Francis Bacon, dont le nu « Version No. 2 of Lying Figure with Hypodermic Syringe » a atteint 15 M (le précédent record de l’artiste s’élevait à 10 M), et l’Américain De Kooning, dont la toile abstraite « Untitled XXV » (1977) est partie pour 27,1 M.

Valeur sûre, Andy Warhol a suscité des enchères disputées, entre son « Orange Marilyn » (16,2 M), son « Mao » (17,3 M) et « Sixteen Jackies », une toile représentant Jacqueline Kennedy Onassis adjugée à 15,6 M. Le Mao a été acquis par un milliardaire de Hong Kong, reflet de la part croissante des Chinois dans le marché, même si les Européens et surtout les Américains constituent encore le gros des acheteurs.

Deux oeuvres de Jackson Pollock n’ont en revanche pas atteint leur prix de réserve, chez Christie’s mercredi. L’artiste détiendrait toutefois le record de la peinture la plus chère, avec 140 M de dollars payés pour une de ses toiles par un acheteur anonyme lors d’une transaction privée en octobre.

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