“L’orientation reste une économie de récolte et non de culture”

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Les rendements en dents de scie ces dernières années de la production oléicole dans la wilaya de Béjaïa, dont la culture des oliviers est la principale activité agricole et qui dispose, pour rappel, de quelques 5 millions d’arbres répartis sur près de 50 000 ha, situés notamment dans la vallée de la Soummam où est cultivée la variété “Chamlal” et la zone de montage où dominent l’“Azeradj” et le “Limli” sont dus essentiellement selon les spécialistes dans le domaine aux contraintes naturelles mais pas seulement.

En effet, la sécheresse, le vieillissement des vergers dans les montagnes, le phénomène naturel propre à certaines variétés d’arbres souligne Mohand-Salah Hamlaoui, ingénieur à la DSA de Béjaïa, n’expliquent qu’en partie la courbe en dents de scie de la production oléicole. L’alternance de la production peut également être la conséquence des mauvaises techniques de récolte utilisées, notamment le gaulage qui blesse les rameaux et les brindilles porteurs de fruits et l’arbre l’année d’après, au lieu de produire des fruits, régénère son bois. La baisse de la production peut aussi être due, surtout en montagne, à la mauvaise qualité des sols qui, en plus d’être détériorés par l’érosion, sont dans leur majeure partie schisteux et pauvres en éléments fertilisants. En montagne, la forte pente des sols exclut toute pratique de la mécanisation.

Dans l’esprit de beaucoup d’agriculteurs de Kabylie, l’oléiculture est une économie de récolte et non de culture, en ce sens qu’ils ne font que récolter les fruits sans se préoccuper des soins à donner aux arbres.

Pour ce qui est de l’irrigation, ils comptent sur les eaux pluviales et n’effectuent que très rarement des apports d’appoints même en période de sécheresse.

Les agriculteurs n’accordent que très peu d’importance à la fumure qui restaure les sols et aux engrais qui fertilisent les arbres. L’absence d’engrais phospho potassiques est à l’origine de la faiblesse du volume des fruits et de leur pourrissement alors que la pratique de la fumure azotée favorise la croissance des rameaux et la présence de la chlorophyle dans les feuilles. L’autre volet qui explique le faible rendement oléicole ou son irrégularité se rapporte aux maladies et aux ravageurs des oliviers.

Parmi ces parasites, le plus redoutable d’après M. Hamlaoui est la teigne de l’olivier dont les larves s’attaquent aux feuilles, aux grappes florales et aux noyaux.

Le Dacus oleia, plus connu dans le nom de “mouche de l’olive”, cause des dégâts d’ordre quantitatif et qualitatif. Quantitatif parce qu’il provoque la chute des fruits et la diminution de leurs poids et qualitatif du fait qu’il est la cause directe de la dépréciation de la qualité de l’huile qui devient acide et donc de très mauvaise qualité. Quant aux maladies cryptogamiques, l’ingénieur de la DSA note qu’elles sont au nombre de deux : l’œil de paon, qui est un champignon provoquant des tâches vert sombre et brunes sur les feuilles et des dégâts qui se traduisent par la chute des feuilles et la faiblesse des arbres.

La fumagine, c’est un feutrage noir sur les rameaux et les feuilles ; c’est aussi un champignon qui provoque l’affaiblissement de l’arbre.

On assiste depuis quelques années — et c’est là une nouveauté mondiale — à l’arrivée d’un insecte qui ravage les rameaux d’olivier jamais connu jusque-là. Il s’agirait, selon M. Mohand-Salah Hamlaoui, qui l’a observé pour la première fois à Béjaïa, dans la commune de M’cisna, d’un xélophage qui creuse des galeries au niveau des branches et des rameaux d’olivier qu’il vide complètement de leur substance. Ainsi fragilisés, ils se brisent au moindre coup de vent.

B. Mouhoub

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