Des mosquées sans imams

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Pratiquement, chaque village a son lieu de culte. C’est avant tout un espace où les fidèles s’adonnent à la prière cinq fois par jour à l’instar des musulmans du monde.Mais dans le pays de Chikh El Foudhil El Ourtilani la mosquée est aussi le carrefour de «Tajmaât», une organisation ancestrale qui a ses représentants et qui se charge des affaires de la cité. A nos jours, sur les auteurs de l’Akfadou et ailleurs, les comités de villages sont encore vivaces, comme au bon vieux temps ou presque.La personne incontournable dans le fonctionnement de ladite structure est bel et bien l’imam, car il est avant tout membre de Tajmaât, mais aussi connaisseur de beaucoup de choses dont dépend la vie quotidienne des citoyens. C’est vrai, le poid de l’imam n’est plus comme jadis puisque les temps ont changé. Toutefois, la place de l’homme de religion est toujours préservée. Dans certains villages comme Ath Saâda, Ferhoune, Ath Amara et Ilbaten il n’y a même pas d’imams, malgré la présence des mosquées.Alors, les fidéles sont contraints de se déplacer vers les autres villages.L’autres jour, suite à un décés au village Ath Saâda la prière de «El Djanaza» a posé un sérieux problème puisque aucun imam n’est dans cette région.Auparavant ce même village avait son imam, comme on l’appelle communément. C’était le fameux Chikh Mohand Arezki qui a fondé une véritable école dans la petite demeure sainte. «On allait à la mosquée pour faire la prière, mais aussi pour étudier, les cours n’étaient pas uniquement liés à la religion, certes, on apprenait des «sourates» mais il y avait autre chose.Grâce à ce Dieu, j’ai appris l’arabe et plein d’autres connaissances sur la littérature et l’histoire», raconte Da Lounes, un vieux qui fut un temps, éleve dans l’ancienne bâtisse qui est devenue une maison pour les cercueils.«Il faut revaloriser, cet espace, c’est important plus que jamais. Certains pensent que c’est un lieu pour l’archaïsme et l’intégrisme, mais ils se trompent. Chez nous, la mosquée est plus qu’un endroit de culte, c’est un carrefour de moult activités. Il faut rendre intérêt à notre patrimoine», ajoute la même personne.Lorsqu’on a tenté de savoir plus sur l’absence des imams dans certaines mosquées de la commune d’Akfadou, un vieux de la région nous dit «Ce problème se pose parce que les imams viennent des autres régions, parfois des autres wilayas même, alors il faut les héberger. Comme certains villages n’ont pas de maisons spécialement pour ça, ces hommes de religion ne peuvent pas venir».Les habitants de ces hautes collines se chargeaient d’une prise en charge de ce secteur. Maintenant, c’est l’Etat, par le truchement du ministère des Waqfs qui s’en charge.Dans l’attente, beaucoup d’habitants de la commune d’Akfadou espèrent avoir leurs imams pour moult raisons.

Mohamed Cherif Zirem

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