Qui bloque la salle Afrique ?

Partager

L’unique salle de cinéma de la ville est toujours fermée, au grand dam de la masse juvénile frustrée de spectacles. On se souvient de la soirée mémorable organisée pendant le Ramadhan, qui a laissé espérer une réouverture définitive. A l’affiche, les deux chanteurs Saïd Khazem et Rachid Zedeg ont su tous les deux emballer le public en installant dès les premières notes une atmosphère de fête effrénée.

Outre leurs propres productions, les artistes n’ont pas omis de puiser dans le répertoire de chanteurs illustres, tels Taleb Rabah ou Matoub. Rachid Zedeg (le cousin de Mouloud), s’est particulièrement distingué sur le registre matoubien, à telle enseigne que l’imitation a atteint la perfection aussi bien dans les nuances langoureuses de la mélodie que dans la puissance du timbre vocal. Il suffisait de fermer les yeux pour se donner l’illusion que le barde inoubliable de Taourirth Moussa était revenu le temps d’une soirée. Les tonnerres d’applaudissements ont donné la mesure de la virtuosité des chanteurs. Il faut rappeler que cette salle de cinéma de 524 places, actuellement la seule de la daïra de Larbaâ Nath Irathen, a subi des déperditions importantes pendant les émeutes qui ont suivi l’assassinat de Matoub Lounès en 1998.

Youcef Ziane, qui gère cette salle dans le cadre d’un contrat de location depuis 1984, a dû la rénover par ses propres moyens. La reprise amorcée a été stoppée une deuxième fois lors des évènements du Printemps noir où, en plus des dégâts et vols de matériel, un incendie a été volontairement provoqué pour l’extinction duquel le gérant a failli périr carbonisé.

Et pendant cinq longues années, le silence et l’obscurité ont hanté cet espace, voué naturellement à la vie culturelle. M. Ziane déplore : “Je n’ai reçu aucune aide de quiconque en dépit des suppliques que j’ai adressées à toutes les autorités concernées de près ou de loin. Mais la municipalité ne se gêne pas pour me réclamer les arriérés de location concernant la période où, justement, je n’ai fait que dépenser pour remettre en état”. Il avait d’ailleurs reçu, lors de sa tentative de réouverture, une mise en demeure municipale adressée par l’entremise d’un huissier, l’enjoignant à ne pas reprendre les activités d’animation sous peine de poursuites judiciaires !

Un accord a fini par être trouvé entre le gérant, M. Ziane et les autorités municipales, aux termes duquel le gérant devait payer par échéances souples la somme qu’il doit, mais le receveur de l’APC a refusé de réceptionner le premier versement amené par le gérant, arguant du fait, selon un élu, que la justice s’est prononcée pour l’évacuation pure et simple des lieux par ce dernier, qui se trouvait de ce fait en situation d’indu-occupant.

L’affaire prend donc des tournures inattendues qui font dire à M. Ziane : “Cette salle est l’objet de féroces appétits tapis dans l’ombre, qui n’attendent que mon éviction pour se précipiter”.

M. Amarouche

Partager