Les deux formations majoritaires des deux chambres du Parlement affûtent leurs armes pour un rendez-vous électoral capital, qui déterminera à coup sûr la teneur des prochaines joutes électorales de 2007. Ouyahia compte s’impliquer davantage dans cette course pour maintenir sa formation en pole position au sein de l’hémicycle de l’ex-rue de la Liberté. Il compte prochainement réunir les élus du RND de la wilaya d’Alger. L’enjeu des sénatoriales dans la capitale s’annonce des plus importants, ce qui explique la levée des boucliers chez le plus vieux parti, qui craint de voir son collège électoral atomisé par les ambitions des prétendants aux prestigieux sièges de la Chambre haute du Parlement. C’est ce qui explique la réunion de l’instance exécutive de l’ex-parti unique à Hydra vers la fin de la semaine passée, dans le but de débattre des conditions d’éligibilité au Sénat. Un bon nombre d’élus de l’ex-parti unique dans l’Algérois comptent présenter leurs candidatures, ce qui laisse plus de chance au RND, pour peu que ses 121 élus dans la wilaya d’Alger jouent le jeu, et que Ouyahia arrive à réinstaurer le climat de discipline au sein de sa formation. C’est dans cette perspective, qu’il faut inscrire la compagne de proximité conduite par Ouyahia, qu’il a inaugurée à partir de Boumerdes, et amené à Annaba et Setif. Vers la fin de cette semaine l’ex-chef de l’Exécutif national campte réunir les structures de son parti à Aïn Temouchent et Oran.
Le plus vieux parti qui vit au rythme d’une crise profonde au sein de ses structures, se voit aussi affaibli par les affaires judiciaires que charrient ses élus locaux, et qui a vu la destitution de plusieurs maires issus de la formation de Belkhadem, à l’exemple de Blida où pas moins de dix maires se retrouvent mêlés à des affaires liées à des passations de marchés publics, entachés d’irrégularité. Le même cas a été constaté au chef-lieu de wilaya de Saida et ailleurs. Les observateurs font état d’une crise sérieuse qui a paralysé la majorité des assemblées locales gérées par l’ex-parti unique. Ce dernier qui contrôle la Chambre basse du Parlement et qui a ravi la chefferie du gouvernement au RND, ne compte pas briguer le poste de président du Sénat, dont le mandat de Ben Salah arrive à terme.
En outre, l’autre enjeu de ces sénatoriales réside dans le renouvellement du tiers présidentiel. C’est au président de la République que revient la mission de créer l’équilibre au sein du Sénat, qui vit sous l’emprise de la bipolarité RND-FLN. Ceci justifie l’appel à peine voilé du HMS au président. Les récentes déclarations de l’ex-ministre de l’Industrie issue de la formation islamiste de Soltani, sont dictées par l’incapacité de cette formation islamiste à jouer un quelconque rôle au sein de la Chambre haute du parlement. « Si le président sollicite nos cadres, on répondra présent » avait déclaré Menasra, avant que son groupe parlementaire ne revienne sur sa proposition de loi, en accentuant la surenchère au point de demander l’interdiction de la production des alcools.
En effet, bon nombre de sénateurs désignés par Bouteflika quitteront l’hémicycle de l’ex-rue de la Liberté, dont une bonne partie sont des figures de la guerre de Libération nationale, à l’image de Sadi Yacef, le colonel Zbiri, Mme Bitat, Boudiana et autres. Le renouvellement du tiers présidentiel constitue donc, un autre enjeu pour les formations politiques, qui sont tentés de glisser des personnalités proches. Sur ce volet, les deux formations qui contrôlent les assemblées élues semblent avoir plus de chance. Le RND qui n’a besoin que de 10 sièges pour maintenir sa majorité au sein du Sénat, compte mettre toutes les chances de son côté. C’est ce qui explique la directive d’Ouyahia, de recourir à des primaires au sein de sa formation pour éviter tout télescopage de candidats. Les sénatoriales s’avèrent un véritable test pour les élections locales, et Soltani l’a bien compris quand il rappelle à ses partenaires de l’Alliance leur engagement à coordonner leurs efforts dans la base.
Hadj Bouziane