Cinq ans de prison pour un infanticide

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C’est une affaire d’infanticide, de complicité à infanticide que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner dans la journée d’hier. Les accusées sont T. S., la vingtaine, qui a tué son nouveau-né et sa tante paternelle T.D., la quarantaine qui l’aurait aidée à accoucher et à faire disparaître le petit corps. Dans un violent réquisitoire, le procureur général a requis 20 ans de prison pour T.S. et la peine de réclusion criminelle à perpétuité pour sa complice T.D. Après délibérations, le juge donne lecture du verdict : 5 ans de prison ferme pour la mère criminelle et l’acquittement pour sa complice.

Les faits remontent à la nuit du samedi 21 au dimanche 22 janvier 2006, lorsque vers minuit, T.S. pris des douleurs de l’accouchement s’isole dans sa chambre. La grossesse hors-mariage qu’elle a eue avec un certain S.M. qu’elle fréquente de longue date, n’a pas été remarquée par ses parents, elle a maintenu tout le temps qu’elle a fait en sorte que personne ne sache rien de sa grossesse. Elle a déclaré au juge qui l’interrogeait qu’elle a accouché toute seule et qu’elle a coupé elle-même le cordon ombilical de son enfant avec des ciseaux qu’elle avait pris le soin de préparer. Dès que le nouveau-né s’est mis à crier, elle précise qu’elle lui a mis la main sur la bouche, non pour l’étouffer mais juste pour que les cris ne soient pas entendus par ses parents qui dormaient dans une chambre voisine.

Mais elle a dû exagérer la pression, puisque l’enfant s’est tu pour toujours. Le lendemain après avoir nettoyé sa chambre et caché le cadavre du bébé, elle se rend à la clinique d’accouchement de Targa-Ouzemour pour une visite post-accouchement. Et c’est de là que la police judiciaire a été appelée.

Harcelée de questions, elle aurait déclaré aux enquêteurs, qu’au moment de l’accouchement, elle aurait envoyé sa sœur S.A. chercher sa tante T.D. pour l’aider à accoucher.

Celle-ci accusée de complicité d’infanticide nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés. Elle soutient devant le juge qu’elle ignore tout de la grossesse et de l’accouchement de sa nièce.

Ce juge suspend la séance et fait venir de Chemini à quelque 60 km la jeune S.A. que T.S. aurait envoyé cette nuit tragique du 21 au 22 janvier 2006.

Lorsque la séance reprend quelque trois heures plus tard, la jeune S.A. qu’on a fait venir de Chemini pour témoigner, déclare qu’elle ignore tout de l’accouchement de sa sœur et qu’à aucun moment sa sœur ne l’a envoyé chercher sa tante.

Assurée par maître Afrit Brahim, la défense de T.S. a axé son intervention sur le fait que sa cliente n’avait aucunement l’intention de tuer son bébé.

En mettant sa main sur la bouche de son enfant, elle pensait étouffer les cris et non le bébé.

D’ailleurs ajoute l’avocat, le rapport d’autopsie ne fait aucune mention de traces de strangulation. Aux termes de son intervention, il plaidera les larges circonstances atténuantes et l’acquittement pour sa cliente.

Quant à T.D., son avocate maître Khima Chahrazade plaidera d’emblée que l’accusation n’a apporté aucune preuve attestant la complicité de sa cliente. Et même au cas supposé où T.D. aurait aidé T.S. à accoucher, est-ce là un crime ? s’est interrogé maître Khima. A la fin de sa plaidoirie qui aura duré vingt minutes, elle demandera l’acquittement pur et simple de sa cliente.

Dans la salle, les présents se demandaient pourquoi parmi les membres composant la cour, il n’y a aucune femme, car seule une femme peut ressenter ce qu’a ressenti T.S. au moment de son accouchement.

B. Mouhoub

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