Torero, la nouvelle “banderille” de Takfarinas

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La fête bat son plein au sein d’une somptueuse discothèque parisienne. Takfarinas ne tardera pas à enflammer les lieux et faire se “déhancher” les plus timides. Le chanteur, toujours égal à lui-même, rayonne. Le public se déchaîne. La communion est totale. Des danseuses au charme envoûtant s’emparent de la scène. Les corps endiablés s’agitent dans tous les sens. L’artiste admirablement accompagné par ses musiciens donne un show torride. Produit et réalisé par DMS Débah films et distribué en Algérie par Izem Productions, Torero, le tout nouveau clip de Takfarinas est un hymne à l’amour et à la joie. Un tube explosif aux accents salsa et aux harmonies orientales. Le morceau est brillamment interprété, arrangé filmé. Takfarinas n’aime pas le bricolage. Il a toujours refusé la médiocrité et la facilité. C’est une constante pour lui. Il passe des mois à revoir sa copie dans le studio d’enregistrement avant la sortie de ses produits. Jusqu’à seize heures de travail par jour comme c’est le cas dans Honneur aux dames dont le VCD qui vient d’être mis sur le marché retrace le making off. Sa célébrité, Hacène Zermani alias Takfarinas ne la doit qu’aux efforts de longue haleine consentis depuis des années.

Au professionnalisme tout simplement. Fondateur de la “Yal music”, ses premiers pas dans le monde de la chanson remontent aux années 80. En 1979 déjà, il assure la première partie du spectacle de Idir à la mythique salle Olympia, à Paris. Il créé avec Boudjemaâ Semaouni le groupe Agraw en 1983. Le duo carbure à pleins tubes. En dépit de grands succès, Takfarinas s’en ira pour continuer sa carrière artistique en solo.

Un saut dans l’inconnu pour le jeune et inexpérimenté artiste de l’époque. La musique est sa passion. Ambitieux jusqu’aux bout des ongles, il s’en sortira avec brio. Dès son premier album, les filles ne jurent plus que par lui. Durant dix ans, il chante dans le style traditionnel avant de “dynamiter” le paysage musical algérien par un mélange de genre (jazz, rock, chaâbi, rap). En 1986, il sort un double album Oueytelha (quelle est belle !) et Arrach (les jeunes). Un tabac. Le succès s’est vendu à près de deux millions d’exemplaires. D’autres cassettes ont suivis. Début des années 90, il s’installe en France d’où il partira à la conquête du monde.

Fort de la notoriété acquise intra muros, il arrive à s’imposer auprès d’un public habitué à une autre poésie, à un autre style. Sa musique innovatrice aux intonations plurielles, son look d’éternel jeune, ses pas de danse sur scène a tous les atouts pour séduire. En 1994, son album Romane est classé 4e au hit parade des world music europ. Idem pour Salamat et Yal, produits en 1999. Des chefs-d’œuvre de l’avis même des non-berbérophones.

Après vingt ans de carrière, il met sur le marché Honneur aux dames, un double album bilingue. Le chanteur a su s’entourer de musiciens et d’arrangeurs chevronnés (orchestre royal du Maroc, musiciens de Bob Marley), qu’il a réparti judicieusement sur 32 titres; Dans cet album produit en 2004, il propose un cocktail de styles.

Au plan musical, Takfarinas aborde tous les thèmes de la société. Ses paroles se tissent des fils des drames de son pays mais aussi de l’exil où il vit depuis une quinzaine d’années. Fonceur, il ne laisse pas sa langue dans sa poche quand il s’agit de désigner du doigt un problème, vilipender les décideurs comme dans Tebbeg riri, une chanson forte qui remonte à 1996.

Tantôt jovial tantôt rebelle, l’artiste à la mandole à double manche exprime dans un langage simple ce qui lui tient à cœur. Une sorte de délivrance. “La musique, c’est la fenêtre par laquelle on entrevoit le bonheur”, confesse-t-il.

Chérif Boussama

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