« Pour l’instauration d’un dialogue national et critique autour du processus démocratique en Algérie », a été le thème de séminaire national auquel d’éminents chercheurs, de personnalités telles que l’ex-chef de gouvernement, Benbitour, des représentants de partis politiques algériens ainsi que des députés et sénateurs, ont pris part. Ce colloque qui s’est déroulé hier à Alger, a été initié par le Bureau des études démocratiques dans les pays arabes, en collaboration avec le quotidien El Djazaïr News. Dans son numéro d’hier, la modération, la présidence et l’honneur ont été donnés à l’ancien secrétaire général du parti unique, Abdelhamid Mehri en l’occurrence. Ce dernier a su bien synthétiser la majorité des interventions sur la démocratie en Algérie.
D’emblée, le conférencier a passé en revue les différentes périodes de crise qui ont secoué le pays à partir de la Déclaration du 1er Novembre en passant par le fameux congrès de la Soummam qui est selon lui « un tournant très important dans l’histoire du pays », jusqu’à l’ouverture démocratique et du champ politique en 1989.
Abordant le concept de la démocratie, Mehri a fait savoir que « la démocratie existait pendant l’ère coloniale, cependant l’occupant nous imposait la ‘’loi indigène quant à sa pratique et à sa mise en service ». Et d’ajouter que durant cette période, « la démocratie n’a été qu’une dure duperie pour faire passer des projets antidémocratiques ». Le conférencier est allé plus loin que ça en témoignant que « même durant le règne du Gouvernement provisoire, il n’y a pas eu vraiment de véritable pratique démocratique ».
Réagissant à une intervention d’un député islamiste sur la contribution de la mouvance islamiste à la consécration de la démocratie dans un Etat théocratique, le conférencier, a vivement répliqué en avertissant qu’il « faut faire barrage devant l’Etat théocratique », car affirme Mehri, « la déclaration du 1er Novembre et le contenu de la plate-forme de la Soummam ont exclu la possibilité de consacrer un Etat théocratique en Algérie », a-t-il soutenu. Ce dernier a bien décortiqué le concept de démocratie, réitérant toutefois la grande différence entre la démocratie libérale qui ne prend pas en considération la justice sociale, « d’ailleurs c’est le cas contraire pour la démocratie socialiste », a-il enchaîné.
Le deuxième thème, modéré par Benbitour, a été consacré à l’expérience démocratique en Algérie. Après l’exposé de Fodil Delio, et de Salah Filali, qui ont déploré la situation et la place de la démocratie en Algérie, aussi bien sur le plan pratique que sur le plan de sa mise en œuvre, les deux intervenants se sont attardés sur le rôle de la démocratie dans la concrétisation d’une véritable république qui respecte le socle de la justice sociale ainsi que celui des forces agissantes (les nationalistes, les islamistes et les démocrates) quant à sa véritable pratique. De son côté, Nacer Djabi, universitaire et sociologue, a tiré à boulets rouges sur l’Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui « n’est pas du tout démocratique ». Selon lui, « c’est cette alliance qui représente le courant nationaliste, qui est la cause de la régression démocratique en Algérie, alors il est appelé au renouveau », a-t-il estimé.
Pour sa part, Mehri, afin de synthétiser les interventions, a mis l’accent sur le vrai sens de la démocratie, en surprenant plus d’un quant au sujet de la réconciliation nationale. L’ex-signataire du contrat de Rome a longuement commenté le projet de la réconciliation en disant que « la réconciliation nationale n’est pas un accord sur un projet de société, mais c’est la tolérance sociale et culturelle entre les Algériens. C’est un retour à un projet commun. Ceci dit, il ne faut pas orienter la scène politique avec pratiques superficielles », a-t-il soutenu. L’ancien secrétaire général du FLN a mis en garde le régime politique actuel qui, selon lui, pratique « une démocratie de façade. Et l’exclusion politique n’est nullement la solution. Désormais, les ennemis de la démocratie demeurent toujours les chantres de l’Islam politique ».
R.D