»Il y a eu incident, mais pas de faute professionnelle »

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La Dépêche de Kabylie : Docteur, que s’est-il passé le 21 mars dernier lors de l’intervention pratiquée sur le patient Brahmi Amar ?Dr Brahimi Kamal : Il y a eu un incident malheureux. Un incident qui peut se produire dans n’importe quel bloc opératoire. Ces incidents sont décrits dans la littérature médicale internationale qui rapporte qu’il y a des lésions qui peuvent se produire, notamment des traumatismes iatrogènes. Toutes les interventions, aussi bénignes soit-elles en apparence comportent des risques. Ce que je peux vous assurer, sans l’ombre d’un doute, c’est qu’il y a eu erreur, vite réparée mais, en aucun cas, on ne peut évoquer une faute professionnelle ou une quelconque négligence.

Un accident important tout de même puisqu’il y a eu section de l’artère, de veines et de quelques segments nerveux. De plus, il y a 10 cm d’artère qui manquent ! Quelle est votre lecture de toutes ces lésions ?L’artère qui a été touchée contient du sang sous pression et quand le sang gicle sous pression, la visibilité au niveau de la plaie opératoire est nulle. Le chirurgien donc ne voit rien et ne pense, en ce moment précis, qu’à sauver le malade en arrêtant le saignement avant de penser à sauver le bras. Le malade peut partir à tout moment. Pour arrêter le sang, il faut clamper cette artère (pincer les vaisseaux pour arrêter l’hémorragie).Le chirurgien en l’absence de visibilité, a procédé dans la foulée. C’est très stressant, même pour un chevronné, de voir tant de sang. C’est en tentant de circonscrire l’hémorragie que le chirurgien a pris un peu de nerf. Voilà l’explication de l’ampleur des dommages.

Dans la requête introduite par le frère du patient, il est fait très clairement état de la volonté du malade de se faire opérer par vous, qui êtes en même temps son médecin traitant. Par la suite, l’intervention a été confiée au Dr Semmar. Pourquoi ce changement ?C’est un secteur sanitaire. Il n’y a aucun malade au nom du Dr Brahimi. Tous ceux qui sont admis ici le sont au nom du secteur sanitaire. Nous ne sommes pas en clinique privée où le patient a le loisir de choisir son médecin. Les malades, chez nous, se font opérer sous la responsabilité du secteur sanitaire. Un programme opératoire se fait chaque mercredi et, sauf cas de force majeure, il ne peut être changé.

Le compte-rendu opératoire dressé par le service universitaire de chirurgie vasculaire Dr Maouche fait état d’une perte de substance de 10 cm au niveau de l’artère. Où sont passés ces 10 cm ?Je n’étais pas présent lors de l’intervention.Toutefois, je pense qu’en essayant de clamper, le chirurgien a ligaturé tellement fort que ça a fini par casser, couper, entraînant un effet coupe-cigare sur l’artère. C’est toutefois un avis personnel que je tiens pour parfaitement plausible.

Quelle est la proportion d’accidents dans le service orthopédie ?A la différence des autres services, on ne peut rien cacher chez nous. Si par exemple on touche un nerf, cela se voit tout de suite. Le membre est paralysé. Ailleurs, cela ne se voit pas autant.En orthopédie, n’importe quelle lésion saute aux yeux. Cela ne doit cependant pas occulter tout le bon travail que ce service réalise au quotidien. Prenons l’exemple de mon collègue qui a rendu et continue de rendre des services éminemment positifs.Il a opéré des centaines de malades qui ont bien évolué. Et ça, personne n’en parle.Cela dit, j’exprime ma satisfaction quant à l’évolution positive du patient Brahmi Amar.

Entretien réalisé par M. R.

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