20 ans de prison pour avoir tué et délesté un “clandestin” de son véhicule

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Dans l’après-midi du 31 août 2005 au barrage de gendarmerie de Slatna à El M’hir, dans la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj, les gendarmes font des contrôles de routine. Les voitures ralentissent, s’arrêtent et reprennent la route au signe des agents de l’ordre. Une Peugeot 505 immatriculée à Béjaïa s’apprête à redémarrer quand arrive en trombe une 205 rouge dont les occupants crient aux gendarmes “arrêtez cette voiture, c’est une voiture volée !”. Le conducteur de la 505 descend alors du véhicule et prend la fuite à travers champs alors que le passager descend à son tour et déclare n’être au courant de rien et ne pas connaître le conducteur.

Les occupants de la 205 rouge s’avèrent être des voisins et des membres de la famille du propriétaire de la 505 qui n’est pas rentré à la maison depuis le 28 août 2005, soit depuis 3 jours.

Vu la mise en quarantaine imposée à la gendarmerie suite aux évènements du Printemps noir, ce sont des gens du village et les membres de la famille qui se sont mis à la recherche du disparu. Ils trouveront sa dépouille sur l’une des routes qui relient la haute vallée de la Soummam à la wilaya de Tizi-Ouzou.

Le conducteur en fuite, et qui n’est toujours pas arrêté, et son passager seront accusés d’homicide volontaire, préméditation et guet-apens assortis de vol avec arme à la main. Lors d’un premier procès qui s’est déroulé en 2002, le conducteur a été condamné à la peine capitale par contumace alors que le passager a écopé d’une réclusion criminelle à perpétuité.

Mais ce jugement ayant été rejeté par la Cour suprême pour vice de forme, le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu donc à examiner pour la seconde fois cette affaire de meurtre et de vol.

Le cas du conducteur absent à l’audience n’a pas été évoqué, mais concernant le passager contre lequel le procureur général a requis la peine capitale, sa peine a été ramenée à 20 ans de prison.

A la barre, l’accusé A. K., 40 ans, marié, 4 enfants, tôlier de son état, reconnaît avoir été dans le passé condamné à 3 ans de prison pour vol de voiture. Lorsqu’il était à la prison d’Azazga, il a fait la connaissance du conducteur. Devant le juge, il a nié tous les faits qui lui sont reprochés tant en ce qui concerne le meurtre que le vol de voiture. Au juge qui lui demandait des explications sur sa présence dans le véhicule volé, il a répondu qu’il se trouve à Alger où il habite avec sa famille, il devait se rendre le 31 août 2006 à M’Sila pour ramener chez sa belle-mère les effets vestimentaires de sa femme conviée pour le 1er septembre à la fête de son neveu, qu’il a rencontré par hasard du côté de la gare routière le conducteur qui lui aussi devait se rendre à M’Sila où l’attendait le camion de ciment. Il dit qu’après avoir passé les mailles d’un premier barrage de policiers à Bouira, ils se sont finalement fait coincer à El M’hir, non à cause des papiers puisque le conducteur est en possession de la carte grise du véhicule mais à cause de la 205 rouge.

Le procureur général, après avoir rappelé l’insécurité qui régnait en Kabylie à l’époque des événement du Printemps noir et qui règne toujours du fait des agissements de certains individus sans scrupules, dresse le portrait de l’accusé A. K.

Il dira notamment que ce dernier, qui habite à Alger tient un garage de tôlerie à M’sila c’est-à-dire à 300 km, non pour réparer des voitures mais pour désosser et les revendre sous forme de pièces détachées. Il dit aussi qu’après avoir tué leur victime M.H. A., en retraite anticipée qui arrondit ses fins de mois en faisant du taxi “clandestin”, ils ont jeté sa dépouille sous un pont pour qu’il ne soit découvert que le plus tard possible.

Quant à la défense qui a plaidé le manque de preuve matérielle établissant la culpabilité de son client, elle demandera à la fin de sa longue intervention l’acquittement.

B. Mouhoub

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