Les étudiants de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou seront en grève et battront le pavé de la ville des Genêts, ce lundi, via une marche qui s’ébranlera du campus Hasnaoua vers le siège de la wilaya pour dénoncer « les errements dans la gestion de l’université algérienne sur les plans pédagogique et social. »
« L’université algérienne, loin de répondre aux exigences du troisième millénaire, continue de sombrer dans la régression, conséquence d’une très mauvaise prise en charge par l’Etat du secteur de l’enseignement supérieur et d’une volonté politique inavouée de préparer le terrain de son bradage », est –il écrit dans une déclaration rendue publique hier.
La Coordination locale des étudiants (CLE), initiatrice de cette double action, s’inquiète de « l’état de déliquescence, ainsi que la misère, qui caractérisent la vie de la communauté universitaire de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. »
Pour la CLE, qui exige, entre autres, la venue du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que du directeur général de l’Office national des œuvres universitaires (ONOU), « l’embellie financière dont se targuent les décideurs n’est que mirage pour nous, étudiants, car le constat effarant d’une situation intenable est là pour rappeler à la tutelle l’urgence d’une prise en charge effective de (nos) doléances. »
Le recours à la rue pour porter les doléances des étudiants de l’université de Tizi Ouzou, est ainsi décidé lors d’une réunion ayant regroupé 23 comités représentants les différents départements, le 27 novembre dernier, vise à dénoncer « la remise en cause du caractère public de l’université; Pour une véritable prise en charge pédagogique et sociale de l’étudiant; pour le retrait du système LMD; pour une véritable université à Tizi Ouzou et pour le respect des libertés démocratiques. »
A en croire les préoccupations portées par les membres de la CLE, dans le procès-verbal sanctionnant la réunion du 27 novembre dernier et les revendications énumérées dans la déclaration, l’université de Tizi Ouzou donne l’image d’une institution gravement détournée de sa mission.
Ainsi, la Coordination locale des étudiants a tenu à dénoncer « de la manière la plus ferme la situation catastrophique à laquelle font face les 37 000 étudiants de l’UMMTO, conséquence d’une mauvaise prise en charge par l’Etat du secteur de l’enseignement supérieur ainsi que d’une gestion irrationnelle et du laisser-aller des responsables locaux. »
Parmi les tares soulevées dans la gestion pédagogique, les étudiants s’insurgent contre « l’encadrement de qualité très limité et médiocrité de la formation, la carence énorme en matériel de laboratoires, les bibliothèques affreusement vides, support micro-ordinateurs insuffisants, l’Internet qui reste toujours une imagination pour les étudiants et les diplômes sans statuts réels, tels le DES (Diplôme des études supérieures) et le DUEA (Diplôme des études universitaires appliquées) »
Sur le plan social, les étudiants ont mis en exergue la situation intenable de leur cadre de vie au sein des infrastructures d’hébergement et de restauration : « Cités universitaires invivables, anormalement surchargées relativement à leurs capacités d’accueils, chaînes interminables devant les restaurants universitaires et service indigne, transport insuffisant, très mal géré et suppression de certaines destinations du sub-urbain, des centaines d’étudiants non hébergés »
Pire que tout, puisque les rédacteurs du document dressent un constat très grave sur ce qui pourrait caractériser la gestion des œuvres sociales de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Ainsi, la CLE, souligne que « l’absence de contrôle a favorisé la généralisation de la corruption au sein des œuvres universitaires » notamment dans la « livraison des produits alimentaires non conformes aux clauses du cahier des charges et détournement des bourses des étudiants. »
M.A.T.