Mais si le ministre français de l’Economie semble y mettre du sien pour faire aboutir quelques dossiers qui lui tiennent particulièrement à cœur, il ne s’enflamme pas pour autant. Pour tout dire, il est resté parfaitement dans l’esprit du partenariat d’exception que toute l’aura trouvée finalement plus réaliste, qu’un traité d’amitié trop généreux pour l’état actuel des choses. Le locataire de Bercy, lui préfère “voir Medelci tous les six mois au moins pour finaliser ou faire avancer des engagements communs” et c’est ce qu’il est venu faire hier. Avec le ministre des Finances, Mourad Medelci, il a bien sûr été beaucoup question de modernisation du système financier dont tout le monde sait qu’il est l’un des goulots d’étranglement de l’économie algérienne. Et c’est là-dessus que M. Breton aura surpris en déclarant qu’il y a déjà une bien meilleure visibilité. Et on a beau dire, les considérations protocolaires et les échanges de bons procédés ne pouvaient à eux seuls expliquer la bonne note du ministre français, surtout que son argumentaire était construit essentiellement autour d’un certain nombre de signes qui trompent rarement. La Coface vient d’ouvrir un bureau à Alger, les banques françaises dont quatre d’entre elles postulent à une prise de parts dans le cadre de la privatisation du CPA sont là, les échanges douaniers -qui sont toujours un facteur de transparence- vont s’élargir et, pour reprendre les mots de Thierry Breton, « Il y a une entente parfaite dans le domaine des impôts. » Mais il n’y a pas que là où ça baigne dans l’huile au menu de la visite du ministre français. L’automobile française continue à oublier qu’elle pouvait se fabriquer en Algérie parce que le marché est toujours prospère, la promotion des investissements est restée discrète et la coopération en matière de formation un vœu pieux. Et c’est une fois ces constats formulés que le ministre français en vient à se rappeler quand même que “le gouvernement français ne peut pas se substituer aux entreprises françaises ». Il restera bien sûr ces accords gaziers qui sont toujours bons à prendre pour l’Algérie. Et cette volonté désormais difficile à démentir de toujours rester dans le concret, puisque c’est maintenant une philosophie.
Slimane Laouari
