Le fils chassé par son père

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(1e partie)

Amachahou rebbi ats iselhouAts ighzif anechth ousarou.(Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).En général, ce sont les enfants qui sont prodigues et inconscients, mais dans le conte du terroir qui va suivre, c’est le contraire qui se passe.Jadis les mariages étaient arrangés par les parents. Les enfants, garçons ou filles n’avaient pas le droit au chapitre. Ils ou elles étaient tenus de se soumettre aux décisions prises.C’est ainsi que des êtres qui ne se sont pas connus et ne se sont jamais vus se trouvaient maris et femmes.Les mariages concoctés par les parents obéissaient le plus souvent à des intérêts bassement matériels. Les riches s’allient entre eux, les pauvres font de même, cela ne peut être autrement !Un homme riche, propriétaire terrien de son état, attend impatiemment que son fils aîné atteigne la vingtaine d’années, pour lui proposer en mariage la fille d’un ami à lui.Le jeune homme, pas pressé de prendre une femme n’ose refuser. Il accepte le diktat de son père sans rechigner, mais il avait sa petite idée là-dessus.La nuit même de ses noces, il dit à celle qu’on lui a ramenée.- Aslama a thine id ibbi vava, mad’ kfoun id’rimen ig essâ amer ang’ar a lalla ?(Bienvenue à toi, ramenée par papa, quand il n’aura plus d’argent, peux-tu me dire comment on fera ?) Sur un ton badin la femme lui répond :- Our etsrouz’ aqarouï ik’ a ouina thamâichth thoura thella khas oiur tskhemim iouzekka !(Ne te préoccupe pas trop, on a de quoi vivre pour le moment. Au futur cela ne sert à rien d’y penser !)Non satisfait de la réponse donnée, le lendemain-même le jeune homme renvoit sa femme sans autre forme de procès.Son père n’est pas content de sa décision. Il allait le brouiller avec son ami. Il est très préoccupé, d’autant plus qu’il ignore les raisons. Son fils ne lui donne aucune explication.Quelques mois plus tard, son père le remarie sans lui demander son avis. Une fois en présence de sa nouvelle femme, il lui pose les mêmes questions qu’à son ancienne épouse. Il obtient les mêmes réponses.Les mêmes réponses produisant les mêmes effets, la nouvelle femme fut répudiée.Son père est courroucé, son fils est en train de le salir aux yeux des riches comme lui, si le manège continue, personne n’acceptera de lui donner sa fille.Le manège continue de plus belle. Après l’échec de la septième tentative, le père est excédé. Il menace et jure solennellement que la prochaine fille qu’il lui ramènera, il ne la choisira pas parmi ses connaissances mais ça sera la fille qu’il rencontrera par hasard et, qui lui plaira, fût-elle la fille d’un mendiant.Le lendemain matin en enfourchant son cheval pour se rendre dans les champs, il rencontre sur son chemin une belle jeune fille pauvrement habillée. Il la toise du regard. Elle lui plaît. Sur le champ, il lui demande qui est son père. Elle lui répond :- D’akharaz n thadarth agi ! (C’est le cordonnier de cet hameau !)- Ayyouiyi ghorès a illi !(Emmène-moi chez lui, ma fille !).

Benrejdal Lounes (A suivre)

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