La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, un mot sur cet événement qui nous réunit aujourd’hui…
ll Djamila Idhurar : Je dirais que c’est une très belle initiative qu’a pris l’association Ath Khoudjia en organisant cette journée en l’honneur des handicapés. Dommage que cela ne se répète pas souvent. Les handicapés méritent tous les égards. C’est pour cela que je n’ai pas hésité un seul instant à répondre favorablement à l’invitation qui m’a été adressée, bien que celle-ci me soit parvenue un peu en retard. En définitive, je suis très contente d’être ici, parmi ces dizaines de handicapés à participer à leur joie. Je suis de nature sensible et aime beaucoup prêter main-forte à mon voisin.
Revenons à présent un peu à vous, si vous le voulez bien, bien sûr…
ll Mais allez-y…
Où en est exactement Djamila Idhurar dans le domaine de la chanson, bien évidemment ?
ll Eh bien, je dirai que je ne suis qu’au début de ma carrière. J’ai déjà édité trois albums. Le dernier remonte au mois d’août passé et le premier a été mis sur le marché en 2001.
Quelle appréciation faites-vous de ces début ?
ll Je crois que j’ai fait une entrée en matière appréciable. En tous cas, moi, je suis très satisfaite de ce que j’ai réalisé. Mon dernier album pouvait prétendre à une bien meilleure réussite, car je crois que c’est un produit de valeur, mais mon éditeur n’a pas fait le nécessaire pour lui garantir un meilleur succès. Cela fait partie de l’apprentissage du métier. C’est une leçon pour l’avenir. D’ailleurs, j’ai déjà un autre album ficelé, auquel je dois trouver un éditeur qui le prendra tout en respectant aussi mes droits.
D’ailleurs, vous êtes encore jeune…
ll Mais détrompez-vous, je ne suis pas aussi jeune que vous le croyez. J’ai 40 ans !
40 ans ! Et vous avez édité votre première K7 en 2001, ce qui fait que vous avez entamé votre carrière à l’âge de 35 ans. Pourquoi avoir attendu tout ce temps…
ll Et pourtant, j’ai toujours rêvé, dès mon jeune âge, d’être chanteuse. A l’âge de 14 ans déjà, je me regardais dans la glace en m’imaginant en pleine scène tenant un micro. Pour vous dire que si cela ne tenait qu’à moi mais il y avait toute une société qu’il fallait convaincre. Chez nous, surtout lors des années 80, la femme n’avait pas le droit de chanter ou devenir chanteuse. J’ai dû donc me résigner à cette réalité sans pour autant renoncer vraiment à mon rêve. Et Dieu merci, j’ai fini par le réaliser et le meilleur reste à venir.
Certains se demandaient sûrement pourquoi avoir choisi ce nom de Djamila Idhurar qui doit être votre nom d’artiste, n’est-ce pas ?
ll Effectivement. En outre, je suis une personne qui est très attachées à ses origines, aux montagnes. Idhurar sont pour moi le symbole de la Kabylie et de la dignité.
Et pour clore ?
ll Je ne peux pas terminer sans repenser à tous ces handicapés en leur souhaitant une meilleure vie. Je profiterai de cette occasion pour rendre hommage à tous les autres handicapés. Enfin j’espère trouver un éditeur digne qui prendra en charge mon prochain album.
Entretien réalisé par M. O. B.