L’extraction abusive du sable dans l’oued Sébaou qui dure depuis des années menace de déséquilibrer sérieusement l’environnement local et de constituer à terme, si les autorités compétentes ne réagissent pas à temps pour arrêter ou tout au moins réguler le travail des pelleteuses de ce massacre, une catastrophe écologique indéniable. Les signes avant-coureurs ne manquent pas d’interpeller ces mêmes autorités qui se confinent dans un silence complaisant pour ne pas déplaire aux barons du sable.
Actuellement, le lit de l’oued, qui est la limite naturelle de la ville de Baghlia, a atteint une profondeur de quinze mètres environ et offre l’image d’un paysage lunaire sur tout sa longueur. Ce qui n’était pas le cas il y a une décennie. Pour précision, il est utile de signaler que l’impact qu’aurait pu générer l’extraction du sable par des chômeurs poussés par la misère est très réduit. Ce qui a accéléré le phénomène, c’est bien évidemment l’extraction massive du sable avec des pelleteuses et autres engins. Mais pour comprendre la relation de cause à effet, il est utile d’expliquer que plus on extrait du sable plus le lit de l’oued prend de la profondeur. Et lorsque le débit de l’oued augmente en hiver, la force des eaux qui se déchaînent déracine les arbres se trouvant sur les berges, des eucalyptus essentiellement plantés pour leur protection, et les emportent et avec eux des lopins de terre. Le lit de l’oued, contrairement aux années précédentes, mesure aujourd’hui entre 80 à 100 mètres par endroit. Ce qui fait que quelques dizaines de mètres carrés de bonne terre constituées de vergers et de cultures maraîchères est déjà perdue à jamais. Si du côté de la ville, pour protéger la berge, des centaines voire, des milliers de tonnes de terreau sont versés chaque année, une opération qui semble donner des résultats mais qui ne rassure point par ailleurs, de l’autre côté, même les gabions qui sont construit spécialement pour arrêter le phénomène avec des budgets faramineux, n’ont pas résisté à la force des eaux. La majorité d’entre eux ont été déstabilisés et détruits dès le premier hiver rigoureux venu. Pour le moment, alors que l’extraction du sable continue abusivement et loin de toute régulation, l’homme semble bel et bien impuissant à contrôler les forces naturelles. Aussi, il est impératif de prendre les mesures qui s’imposent pour arrêter définitivement le massacre écologique qui s’accomplit à Sébaou. Il y va de l’intérêt de la population locale et régionale qui puise ses ressources en eau dans ce milieu fragile. Les solutions de substitution ne manquent pourtant pas. pour subvenir au besoin des constructions en agrégats, l’Etat doit ouvrir les carrières d’exploitation de roches dont regorgent la région.
Enfin, ce n’est jamais trop de le rappeler, si aucune solution n’est envisagée à court terme, il y a risque d’assister à une catastrophe de grande ampleur. Peut-être que c’est exactement le signal qu’attendent les pouvoirs publics pour accourir en pompiers et tenter de sauver encore ce qui pourrait l’être…
G.M.