»L’Islam soufi est la religion réelle des Algériens »

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Pourtant, il aurait suffi à la cinquantaine d’intervenants d’user d’un discours de vulgarisation pour permettre à des dizaines d’étudiants et citoyens, présents dans la salle, de saisir le message. Mais vu la stature internationale des conférenciers, il était prévisible que le Colloque allait atteindre un niveau aussi élevé. C’est d’ailleurs la vocation même du CNRPAH d’organiser des rencontres où la place n’est pas laissé à l’amateurisme et au discours superficiel et approximatif qui est souvent synonyme de confusion. On aurait souhaité que la communication sur la zaouia de Souk El Thenine (Maâtkas- Tizi Ouzou) soit donnée dans une langue autre que l’arabe égyptien dont a usé le communicant, sachant que le colloque se déroule dans la capitale de la Petite Kabylie, et n’ignorant pas non plus que l’orateur maîtrise parfaitement la langue de Molière puisqu’ayant publié un livre dans cette langue. La conférencière Meriama Yahiaoui, est intervenu sur le mythe de Yemma Gouraya, a en revanche donné l’exemple, en livrant son intervention purement et simplement en kabyle. Même Slimane Hachi, le directeur du Centre, dans son discours d’inauguration, a utilisé les trois langues en usage en Algérie, donc le kabyle aussi. Ceci pour la forme, mais dans le fond le Colloque a été une réussite. Car malgré le programme extrêmement chargé, toutes les conférences ont été tenues. Aucun commentaire ne peut être fait au sujet du niveau des interventions, qui a été excellent. Il fallait d’abord mettre en valeur la ville de Bgayet. Celle-ci a été vantée par l’ensemble des intervenants plus pour ce qu’elle fut dans le passé, notamment pour avoir accueilli de nombreux savants dans les sciences humaines à l’image de l’immense Ibn Khaldoun. Mais aussi d’une multitude d’autres chercheurs du reste très peu connus de la génération d’aujourd’hui. Les invités, des universitaires, venus des quatre coins du monde se sont succédés à la tribune pendant quatre jours pour que chacun, en ce qui le concerne, développe sa propre expérience.

Des travaux de cette rencontre, il faut retenir que le soufisme est une  » version  » de l’islam où le dévouement et le sens du sacrifice doivent normalement être le credo des croyants. C’est d’un islam pacifique dont il s’agit. En quelque sorte ou bien nettement, le soufisme est l’opposé du salafisme. Les Algériens sont-ils soufistes ou salafistes ? Soufistes, répondent quelques conférenciers, interrogés en aparté. Comment alors le pays est-il arrivé à vivre les derniers événements douloureux des années 90 ? Au début des années 70, le régime algérien à l’époque communiste, a combattu les zaouïas. Ces dernières étaient le support du soufisme. La vacance a cédé la place à l’émergence du salafisme. Un chercheur français, converti à l’islam, nous a confié clairement : « Les salafistes sont nos ennemis. » C’est dire à quel point est grand le fossé qui sépare les deux tendances. Un chercheur au CNRPAH a même imputé la responsabilité de l’émergence du salafisme aux associations des ulémas algériens qui ont été démissionnaires durant des années. Pour lui, le soufisme est la religion réelle des Algériens.

A.Mohellebi

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