Et si Zizou…

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Par Anouar Rouchijeudi

L’Algérie fait l’actualité dans les grands médias internationaux cette semaine. En bien. C’est un fait tellement rare depuis une vingtaine d’années que cela mérite d’être signalé. Certes, l’attentat de Bouchaoui a été, malheureusement, une autre occasion pour ces médias d’évoquer l’Algérie. Mais, faut-il le souligner, la visite de Zizou au pays de son père, pour reprendre l’expression consacrée, a relégué au second plan événements et personnalités.

En Algérie, en tout cas, il n’y en a que pour la mégastar internationale de football. La télévision, les radios, la presse écrite arabophone et francophone, publique et privée, chacun y va de son reportage. Sans compter les saines passions qu’il a suscitées partout où il est passé. C’est qu’il le mérite amplement

Zizou ! Voilà un garçon bien de chez nous, virtuose dans son art, qui allie simplicité, générosité et au-dessus de tout, l’attachement à un pays auquel, tout compte fait, il ne doit rien. Face à une zizoumania de folie tout, mais alors tout, est relégué au rang de fait divers. Exit la politique, exit les attentats, exit les soucis quotidiens qui, comme chacun sait, ne représentant pas de quoi fouetter un chat…

Un ministre se fait quasiment écraser, comme un vulgaire badaud, par une foule en furie qui veut voir, toucher la grande star qui a daigné montrer un intérêt à son malheureux pays d’origine.

Un autre ministre, celui de l’Emploi et de la Solidarité, se voit à l’occasion investi de la seule mission qui marquera sa vie : guide et accessoirement garde du corps du Dieu du football. Lui qui affectionne la médiatisation, il est servi. L’image d’Ould Abbas négociant le passage pour lui-même, Zizou et ses invités, a fait le tour du monde !

Il a donc fallu que Zizou vienne pour nous montrer que tout compte fait, nos ministres ne sont que des hommes. Fragiles et mortels comme chacun de nous…

Le stade du 5-Juillet le verra, aujourd’hui, donner le coup d’envoi d’une rencontre de pousse-ballon qui, grâce à Zizou et seulement à Zizou, marquera le début de ce troisième millénaire pour tous les amateurs algériens de la balle ronde.

Osons une question.

Et si Zizou était né et avait vécu ici ? Avec nous. Et donc comme nous ?

Zizou aurait quitté son village haut perché, serait descendu à Béjaïa et, grâce aux mille dinars que lui aurait donné son père qui fait vivre sa nombreuse famille de sa retraite de la SNCF, il se rendrait au stade du 5-Juillet pour voir, ô bonheur suprême, ce formidable Galactique qu’est Zidane donner le coup d’envoi d’une rencontre de football.

Et, au retour, sans le sou, il reprendrait son mur qu’il soutient depuis 30 ans, la tête pleine de rêves et se disant : et si j’étais Zizou ?

A. R.

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