Avant tout autre chose, le tourisme est d’abord une politique et une stratégie définies et mises en place par un pouvoir conscient de l’aspect fortement économique du secteur.
En la matière, nos voisins, la Tunisie et le Maroc ont plus qu’une longueur d’avance sur nous. Du tourisme, ils en ont fait la première ressource de leurs pays respectifs.
Mais cela passe, non seulement par la mise en place d’infrastructures et d’outils de communication, mais par l’implication de tous. Le “tous” va du bagagiste, à l’aéroport, au réceptionniste de l’hôtel en passant, et c’est le plus déterminant, par le commun des citoyens qui vaque à ses occupations. Ils ont donc compris qu’avant de retrouver le monument historique et/ou les plages dorées, le touriste trouve l’autochtone. Et c’est cette rencontre de l’Homme qui déterminera essentiellement l’importance de l’intérêt que le touriste pourrait ou ne pourrait pas accorder au site visité. Une petite balade dans les rues de Marakeche ou dans les Casbah des médinas tunisiennes nous fait découvrir une population hospitalière et attachante. Avant de découvrir les babouches et la chéchia karabouche, le touriste est agréablement surpris par la population qui, le plus souvent, lui donnera envie de revenir la voir les prochaines vacances.
En Algérie, on n’en est hélas pas encore là. On pourrait toujours, et à raison, imputer l’inertie du secteur touristique aux incidences de la décennie noir. Seulement, avant l’avènement du terrorisme intégriste et quand bien même le socialisme spécifique avait mis en place des infrastructures de qualité, la situation n’était pas plus reluisante. En guise de redéploiement sur le terrain touristique, le ministère du Tourisme semble se limiter à faire de la réclame. Une réclame qui se borne, comme c’est le cas au niveau de la Direction du tourisme de Bouira, à concocter un guide touristique. Sans grande imagination, le document invite (on se demande qui) à visiter des sites et à manger du couscous, un plat qu’on savoure aussi bien à Manhattan qu’aux Champs-Élysées. Et donc on ne voit pas pourquoi on se déplacerait à Bouira pour en manger.
Mais cela, bien entendu, n’est pas la faute du directeur placé là, plutôt pour les besoins d’une administration rigide qui agrémente ou pas des projets dans le secteur.
A ce propos, nous relevons que sur les quatre projets retenus, un seul a réellement une vocation touristique. Les trois autres, trois relais, feront l’affaire de leurs promoteurs moyennant un service frites-omelette, mais pas l’affaire du tourisme. Idem pour les cinq dossiers, Bouira toujours attendant l’aval du ministère du Tourisme. C’est donc la confusion entre tourisme et frites omelette. Et cela durera tant qu’une stratégie et une politique ne sont pas arrêtées. Mais en attendant, les autorités locales pourraient faire preuve d’un peu d’imagination et, ce faisant, permettre aux citoyens de profiter d’extraordinaires sites à valoriser. C’est déjà un premier pas.
T. Ould Amar