Ramassage des olives : sans enthousiasme ni empressement

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Ce n’est que cette semaine que les citoyens de M’chedallah se sont décidés à déclencher la campagne de cueillette des olives. A l’inverse des saisons précédentes où d’habitude le lancement de cette campagne est un événement qui ne laisse personne indifférent car accompagné d’un air de fête, particulièrement pour les femmes dont c’est l’occasion de se revoir, prendre un peu d’air frais et se débarrasser du surplus du stress de la cité. Cette année, c’est sans grands éclats, presque discrètement, que les familles se rendent dans les champs d’oliveraies pour cueillir les quelques grains épargnés par la sécheresse et les animaux sauvages. C’est cette maigre récolte qui est à l’origine de ce manque d’engouement, une récolte qui ne vaut même pas la peine qu’on se rende sur les lieux n’était-ce le caractère sacré que revêt aux yeux des populations rurales tout ce qui a un lien avec l’agriculture, “même si ton champ de blé donne des épines, tu dois le faucher”, disait l’adage populaire, personne n’ose négliger sa récolte, aussi maigre soit-elle de peur d’une “punition divine” et aussi de la réprobation des voisins.

De plus, pour les olives, les grains qui ne se sont pas détachés de l’arbre ont énormément bénéficiés des dernières pluies et ont pris du volume au point où personne n’a le cœur à les abandonner même si on n’arrive pas à ramasser assez d’olives au moins pour en tirer “une presse” (l’équivalent de 100 kg), ces grains seront utilisés à la consommation à l’état de grains après préparation. Les prix de l’huile d’olive cette année seront sans aucun doute revus à la hausse.

D’ores et déjà, le litre d’huile est cédé à 250 DA. Il franchira certainement la barre de

300 DA alors que l’année passée il a chuté jusqu’à 150 DA et que les propriétaires des huileries ont eu beaucoup de peine à écouler leurs stocks même quand le prix de gros n’excédait guère 120 DA/l. Les populations kabyles en particulier sont de grand consommatrices d’huile d’olives, aucun plat pour un Kabyle n’a de goût s’il n’est pas arrosé d’une cuillère de ce précieux ingrédient. L’huile est pour eux (les Kabyles) ce que sont les dattes pour les Touaregs ou le poisson pour les Chinois. Cette année, la Kabylie restera sur sa faim, personne n’aura une récolte suffisante pour toute l’année, ce qui influencera sensiblement et négativement sur le niveau de vie de la majorité des citoyens de la région et bien sûr, c’est une région qui a perdu l’espoir d’une compensation ou d’une aide quelconque de l’Etat tant qu’elle n’est pas tout à fait “pacifiée”.

Omar Soualah

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