«J’ai honte»

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Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé hier, à l’hôtel El Aurassi à Alger, à l’ouverture des assises de l’architecture en Algérie, en présence de membres du gouvernement et de hauts responsables de l’Etat. L’objectif de cette manifestation, initiative du conseil national de l’Ordre national des architectes algériens, s’inscrit dans la recherche des mécanismes et moyens pour la réalisation d’un cadre de vie adapté et conforme aux particularités sociales, culturelles et environnementales des diverses régions du pays.

Du haut de son pupitre, M.Bouteflika a relevé un manque flagrant en matière d’architecture et d’urbanisme qui doit, dit-il, être rattrapé par tous les moyens, ajoutant que la crise du logement a créé de nombreuses difficultés. «Les architectes doivent se mobiliser à tous les niveaux», a-t-il estimé. Rappelant son fameux projet de réalisation du

1 million de logements, M.Bouteflika a estimé à 900 000 le nombre d’unités réalisées durant son premier mandat.

Le chef de l’Etat a stigmatisé les anomalies liées à des incohérences et au manque de créativité dans l’acte de bâtir. « Il faut des lois précises et rigoureuses dans l’édification pour sortir de l’improvisation et du populisme. Il faut de la planification et de la création», a-t-il martelé. Qualifiant de « dortoirs» les quartiers bâtis au cœur des cités et des villes, le premier magistrat du pays dira ceci : «Cessons de gaspiller les biens de l’Algérie. Il est temps de rattraper le temps perdu». Cette situation est, selon lui, à l’origine des disparités et l’exacerbation du sentiment de désespoir des citoyens. M.Bouteflika a fait savoir que l’urgence de fournir un logement a été un prétexte pour servir de parapet et camoufler les lacunes et le clientélisme ambiant. «Il est utile de se départir de ces approches inadaptées. » a-t-il noté. Commentant l’insalubrité qui affecte l’ensemble des villes algériennes, le locataire du palais d’El Mouradia clamera en substance : « J’ai honte en tant qu’Algérien du manque de propreté de nos villes. La responsabilité incombe à tout individu ».M.Bouteflika a appelé dans cette optique à la redéfinition des rôles et des responsabilités, en soulignant le rôle fondamental des architectes dans la rupture avec les réalisations du passé.

L’orateur a exprimé, dans ce sens, le vœu de voir ces assises préciser les conditions de la libération des capacités créatives des architectes et d’esquisser des perspectives concrètes de développement de la qualité de la production architecturale. « Je suis, pour ma part, dans l’attente de vos propositions et suggestions, parce que la qualité du cadre de vie à laquelle l’architecture participe essentiellement, constitue un des volets et un formidable accélérateur du progrès social », a-t-il indiqué.

Le chef de l’Etat a considéré l’architecture comme une culture et une des formes d’expression les plus achevées du génie créateur de l’homme. «Elle est la gardienne de la mémoire et de l’identité, puisque les oeuvres architecturales sont les témoins et les repères historiques du temps passé». dira-t-il. Le président Bouteflika a abordé le phénomène de l’exode rural qui tend à asphyxier les villes algériennes. «On est devenu incapable de distinguer la ville de la campagne» s’est-il étonné et d’ajouter que ceci n’est pas «un fait civilisationnel…Il faut réviser ces conditions ».

Il n’a pas raté l’occasion de tancer et du coup appeler le peuple algérien à participer dans l’effort de changer les choses par lui-même. Le chef de l’Etat a reproché aux citoyens de ne pas trop s’impliquer en matière de sûreté générale dans les villes. « On s’émeut de ce qui ce passe en Orient et en même temps on n’a pas sur nos épaules la mission de sauver le monde. II faut changer notre situation à l’intérieur et ceci est la première des responsabilités.», a-t-il insisté avec vigueur. Le président Bouteflika a eu à visiter par la suite les différents stands de l’exposition portant sur de nouveaux projets lancés par des entreprises privées et publiques à l’image de Cevital, Distribat, Cosider et d’autres encore. M.Bouteflika a beaucoup insisté sur l’esthétique dans l’acte de bâtir.

Notons que les thèmes retenus lors de cette rencontre tournent autour de la production architecturale en Algérie, des limites du dispositif actuel d’encadrement, des limites et perspectives des instruments de planification urbaine et d’urbanisme en Algérie, ainsi que des techniques de construction, des investissements dans les secteurs industriels de production de matériaux et du développement des procédés de construction.

Hocine Lamriben

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