La Kabylie visitée de ses lointaines origines

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Le littoral jijélien est limité à l’Est de son étendue par la ville maritime de Collo, dont l’origine remonte à l’époque romaine et portait alors le nom antique de Chullu, de son vrai nom berbère “Koullou”. Les Romains qui étaient établis sur ses terres, exploitaient des ateliers de teinture des étoffes en pourpre. Au Moyen-âge, Collo était un lieu de commerce prospère, entretenant une relation qui faisait fortune avec les négociants Pisans, Gênois, Siciliens qui venaient chercher des céréales, de la cire, du miel, de l’huile, des peaux et autres denrées apportées par les Kabyles de la région. Le moment unique qui symbolisait la ville, était une mosquée bâtie non loin du bord de mer, datant de 1751. Collo fut annexée au patrimoine colonial français en 1843. Parmi les villes intérieures qui lui sont proches et auxquelles on accède par son territoire, figure Mila entre autres, qui se situe au centre d’un site montagneux, occupant à 500 mètres d’altitude le contrefort septentrional du Mont-Lakhal, qui culmine à 1259 mètres d’altitude. Les maisons constituant son vieux quartier sont presque toutes construites avec des pierres de taille, dont le sous-sol présente un véritable conglomérat de ruines romaines. A l’époque byzantine, elle dénombrait une population de trois mille habitants environ, répartie dans des endroits très hauts, formant des villages-bastions, qui sont presque des forteresses positionnées sur des crêtes élevées, dont les habitations sont percées d’étroites meurtrières, donnant sur d’innombrables impasses voûtées et de ruelles tortueuses ; les inscriptions antiques sont présentes partout, des portes antiques, des forts romains, une forteresse byzantine datant de plus de 1500 ans, etc. Au Sud-Ouest des terres intérieures, se trouve, à partir de là, l’antique ville de Sétif qui était un point important en relation avec la superbe ville romaine “Djemila” (la Belle), qui exhibe fièrement ses ruines grandioses, dont le monument qui tient le prestige du premier rôle, est sans aucun doute l’Arc de Triomphe élevé à Caracalla. C’est un monument qui présentait, à sa découverte, une architecture parfaite dénotant le style extraordinaire d’une main experte. Un théâtre fut également mis à jour, suivi d’un temple de la victoire, puis un autre temple quadrilatère orné de dix colonnes, une basilique chrétienne, des inscriptions sans nombre figurent un peu partout et démontrent l’ancienne splendeur et gloire de celle que les Romains nommaient “Cuiculum”. Sétif sa voisine, était également une ville d’importance à cette époque, et portait à son origine le nom de “Sétifis Colonia”, puis celui de “Colonia Nerviana” et enfin “Augusta Martialis”. Elle fut la clé magique romaine des possessions africaines. On peut se rendre compte de son influence par les dimensions de l’enceinte qui l’entourait et mesurait pas moins de quatre mille mètres. Entièrement détruite lors de l’invasion arabe, puis délaissée, elle ne présentait plus qu’un groupement d’habitations presque en ruines, au moment de l’occupation française, le 31 octobre 1839.

Imcomparable Sétifis colonia

Située sur les Hauts-Plateaux à 1 100 m d’altitude, Sétif ne présente pas véritablement l’aspect d’une ville aux origines anciennes, malgré sa lignée qui remonte à l’époque romaine. Constituée de constructions basses, de rues larges et droites, bordées d’arbres tout le long, elle donne nettement l’impression d’une ville récente, tournée vers un type d’habitat importé par la colonisation. Les faubourgs Ouest de son ancienne délimitation territoriale, bordent le site de Oued Sahel, d’où l’on aperçoit dans le détail la chaîne du massif des Bibans, dont la végétation se voit très rabougrie. Cependant, Oued Sahel qui n’est pas gâté par la possession d’une nature environnante, riche en plantations et en herbes vertes, présente contrairement à cette utopie, une vallée “dévidée”, où apparaît de toutes parts un amoncellement de roches aux formes bizarres, couronnant le rythme de son cours, sans mobile apparent. De cet endroit, la vue porte néanmoins sur les montagnes des Béni Abbès qui apparaissent très déchiquetées, couvertes de pins à leur base et dénudées au sommet. On constate, néanmoins, assez vite d’ailleurs, que la vallée en question se resserre presque en entonnoir, entre de grands rochers de couleur rouge-grisâtre, disposés en courbes verticales qui, en certains endroits, prennent l’aspect de murailles immenses qu’on dirait parfaitement construites par l’homme, elles donnent l’illusion d’être des ruines de quelques forteresses glorifiant une des époques marquantes de la préhistoire.

Portes-de-fer ou légende des Bibans

Cependant, ce paysage compte dans son environnement l’incomparable défilé des Bibans, baptisé “Les Portes-de-fer”, dans lequel glisse rapidement le cours de Oued Makhlou, en faisant entendre une sorte de ronflement étrangement amplifié par les parois qui forment deux brèches permettant un passage praticable. Cependant, la légende qui a valu aux Bibans leur sinistre réputation est la terreur superstitieuse qu’ils inspiraient. Les légions romaines ont tenté de les franchir, sans succès ; les Turcs n’y avaient passé, qu’en acquittant un tribut. Aussi, quand l’armée coloniale française, forte de près de trois mille hommes, l’eurent franchi, il semblait au moment où l’expédition eut lieu, qu’une action de cette envergure, était l’œuvre d’un héroïsme sans pareil. Les “Portes-de-fer” durent ainsi au passage de cette colonne, une réputation que ne leur aurait peut-être pas donné l’incontestable beauté sur la roche, perpétuant pour toujours le souvenir de cette action d’éclat. Non loin de là, se trouve la ville de Bordj Bou-Arréridj, qui était avant la colonisation une citadelle créée au premier temps de la conquête romaine. Elle était protégée par un fort d’une construction massive, entourée de quatre tours fortifiées, surmontées chacune d’une coupole conique. Son site est au voisinage de Bordj Medjana, qui était le lieu natal de la famille du Bach’Agha El Mokrani, qui lança à partir de la ville de M’sila la formidable insurrection kabyle de 1871 et se fit vaillamment tuer à la tête des insurgés. A dix lieues environ de là, se trouve la ville de Zemmoura, bâtie sur la berge de l’Oued portant le même nom, qui rejoint l’affluent de Oued Sellam, allant gonfler ses eaux. Dans cette région, ce n’est pas l’originalité ancestrale du bâti qui présente le plus d’intérêt, c’est le paysage tout entier, c’est cette vallée de Bou Sellam qui semble rouler ses eaux comme à regret vers la mer, ce sont les montagnes alentours, aux arbres séculaires que couronnent quelques marabouts, dont la “kouba” solitaire est nettement visible ça et là sur les hauteurs, dominant ces vallonnés profonds où se créent ces parois rocheuses que le soleil n’éclaire presque jamais, c’est aussi ces points de vue incomparables de splendeur sur Medjana : C’est en un mot, ce pittoresque fantastique de la Kabylie avec ses magnifiques cascades et sa verdure riche en couleurs, ses roches nues, ses sentiers vertigineux, ses villages mystérieux qui remontent le temps et vous le content. Au sud-est de Bordj Medjana, est situés l’antique Kalaâ des Béni Hammades, fondée en l’an 1 000 par la dynastie des Hammadites, et peuplée à l’époque par 100 000 habitants. Son territoire couvre de nombreux monuments mégalithiques. Aux frontières de cette région, comme celle des Aurès, dont le massif montagneux, contrairement à celui du Djurdjura, disposé en muraille compacte, se compose de chaînons distincts formant autant d’avenues facilement accessibles à l’une et l’autre extrémité. Certains pics sont pittoresques, d’une hauteur quoiqu’élevée, sont dominés majestueusement par l’imposant Djebel Chélia, dont la masse compacte trône fièrement à une altitude de 2 329 mètres, qui en fait le pic le plus élevé de l’Algérie. Les villages aurésiens sont construits en majorité sur les crêtes, rappelant distinctement cette position de défense… qui caractérise le type de construction des villages kabyles. Les habitations chaouies se composent d’une nuance grisâtre, de forme généralement conique, s’appuyant les unes contre les autres autour d’une forteresse bâtie à la pointe du cône, appelée “galaâ”. Autrefois, elle servait d’entrepôt commun, où les gens du village, quand vient la saison de l’émigration, déposent leurs provisions et leur richesse, confiées à la protection d’une surveillance vigilante. Nombre de leurs habitations étaient des galeries situées en hauteur, à l’exemple du village de Tizi Grazin près de Ouèd-B-Djer, qui porte la trace d’un refuge de troglodytes. A cet endroit, le sommet de la montagne se compose de strates aux bords cannelés. C’est entre ces piliers naturels que sont nichées les demeures, et les poutres enfoncées entre les assises ornent des paliers, que complètent des plans inclinés de différents degrés extérieurs, sur lesquels hommes et animaux montent et descendent, suspendus solidement au-dessus du vide. La législation qui détermine leur comportement social, est rigoureusement appliquée : elle est identique à celle de toute l’Afrique septentrionale et consistait en une loi qui fait obligation de respect, et se résume en cas d’écart ou manquement, à un tarif de pénalité, comparable aux “inditiones canonicoe” de l’ancienne Rome. Tout est réglé dans chacune de leur tribu par un Conseil des sages, qu’on appelle “Imokranèn”, réunis sous l’autorité du plus âgé, appelé “Amghar Imokranèn”, que le conseil choisit pour ses qualités morales et humaines, exhortant le prêche d’une parole conciliante.

De Tamugadi à Timgad

Au centre de cette région, presque aux portes de Batna, se trouve la ville antique de Timgad, célèbre par la diversité des ruines romaines que contient son sol. Sa situation développe une altitude de 1071 mètres, dominée par un monticule, au sommet duquel se distinguent les restes d’un fort byzantin. Les vestiges qui comblent l’étendue de son sol, occupent une superficie de quinze hectares environ. Sise au pied du revers Nord de la chaîne Aurésienne, la “Tamugadi” des Romains fut non seulement un pôle de civilisation et de colonisation, mais aussi un réservoir de recrues, prêtes à assurer la pérennité de la IIIe légion. Ce fut le légat Licius Munatius Gallus qui lança les premiers travaux, qui permirent la naissance de Timgad du début de IIe siècle, sous le règne de Trajan. L’histoire de cette ville est infiniment liée à celle de la Numidie aux époques impériales, vandale et byzantines. Elle disposerait presque entièrement au VIIe siècle, suite à la horde irruptive de l’invasion arabe dans cette partie du territoire national. Depuis, les secousses telluriques disloquèrent et abattirent une grande partie de ses monuments, jusque-là épargnés par les Barbares, le sable et la poussière de la plaine amoncelés sur son site par les vents. La terre de la montagne qui domine la ville, drainée par les pluies torrentielles et la végétation envahissante, ont contribué irrémédiablement à affermir au rythme du temps qui passe, l’ensevelissement des ruines importantes de Timgad. Plus à l’Est, sur la route qui relie la ville de Batna à celle de Khenchela, se situe l’antique ville de Lambèse, qui présente également un site remarquable par les vestiges de grandes valeurs qu’elle contient. La route qui mène vers elle, longe les derniers contreforts de la chaîne Aurésienne et passe près du tombeau de Quintus flavius, légat de la IIIe légion.

A l’origine, les Romains avaient fondé “Lambœsis” pour y établir le quartier général d la fameuse légion Tertia Augusta et le noyau de la Numidia Miliciana. Elle occupait alors une étendue importante et l’exploration scientifique dans son entier, n’a jamais été accomplie jusqu’au bout. Un nombre élevé d’inscriptions viennent de là, et à chaque fouille, on en trouve d’autres. Lambèse avait les faveurs d’une ville progressante et prospère, dont les assises couvrent une superficie de plusieurs centaines d’hectares. Lors de son exploration première, il a été découvert qu’elle se divisait en deux camps, dont l’un fut jusqu’à Dioclétien, la résidence de la IIIe légion. Au cœur de son territoire, à quelques lieues de Aïn Yagout, figure le monument en ruine du Médracen, qui était très visité par les Berbères aurésiens, du fait qu’on le disait “Tombeau du roi Siphax”. C’est un ouvrage conçu d’une manière originale, sur lequel se sont penchés pendant longtemps au siècle dernier, la science et l’ingéniosité des archéologues. Les premières fouilles l’ont présenté conne un cylindre assez court, surmonté de vingt-quatre autres cylindres décroissants, formant des degrés successivement différents et autant de gradins. La plate-forme supérieure est évaluée à onze mètres quarante de diamètre, et son affaissement central donne une sorte d’entonnoir d’un mètre cinquante, etc… Ses colonnes reposant sur un double soubassement, dérobé à l’œil humain par la terre qui s’est entassée à sa base au fil du temps. A l’origine, sa hauteur devait atteindre une vingtaine de mètres. Lors des premières fouilles, il fut découvert l’ouverture d’un escalier obstrué par une pierre coulissante, soustrait lui-même par une autre à la sixième marche. Le dédale continue ainsi, jusqu’à une galerie qui finit dans une chambre sépulcrale de trois mètres de long, sur un mètre cinquante de large. Les scientifiques qui ont étudié la sépulture, voici très longtemps, affirment qu’il s’agit du tombeau de Massinissa, monument élevé par son fils Micipsa, à la gloire du roi Numide, comme les pyramides à celles des Pharaons. Le Mèdra représentait le rayonnement et le centre du pays qui était pendant deux siècles, l’empire de la famille de Massinissa. Les tribus aurèsiennes étaient considérées jusqu’au siècle dernier, comme étant d’origines diverses, éparpillées à travers un territoire rigoureux, qui rapproche dans le contraste l’Oasis du désert aux pâturages des montagnes, où toutes les familles sont étroitement solidaires les unes des autres. De là, cette singulière relation des Bérbères Chaouïs, qui joignent à la vie sédentaire des monts kabyles la vie nomade des Touarègs qui réunit dans ses moeurs le Tell et le Désert, autant les Aurès dans la rigueur de leur climat et la rudesse de leur sol.

Cirta pôle religieux et artistique

Superbement fière sur son piédestal rocheux, Constantine est décrite à toutes les époques de son histoire, comme une fleur au parfum enivrant lequel une fois senti s’oublie rarement. Le ravin du Rhummel à ses pieds creuse des gorges profondes, dont les eaux agitées forment dans le tumulte de leur cours, de mini-cascades en furie. Parmi les ponts qui relient les deux rives et déterminent l’abîme, celui d’El-Kantara présente le plus d’attrait et une influence certaine sur le visiteur, en lui offrant une vue fantastique sur la dépression rocheuse qu’il domine, faisant voir au loin un horizon montagneux, dont la silhouette devient peu à peu confuse pour disparaître vaguement dans le flou de la brume. Aux premières lueurs de son histoire, Constantine apparaît dans l’antiquité mauritanienne sous le nom de Cirta, que les Romains lui donnèrent. L’appellation de “Constantine” qui est le concept d’une approche arabophone sous la forme de “K’santina”, lui a été donné en l’honneur de Constantin 1er, au commencement du IVe siècle. Les ruines considérables découvertes sur son sol, déterminent néanmoins l’amplitude du rayonnement influent qu’elle déployait, étant la capitale de la Numidie, puissant joyau de la domination romaine, dans toute l’Afrique septentrionale. Elle est construite sur un plateau dominant, qui a la forme d’un trapèze de 644 mètres d’altitude, développant une position stratégique importante, qui a dû en faire au premier temps de son histoire une cité infranchissable, impossible à conquérir sans y laisser un lourd tribut, en dépit de l’absence d’une muraille de protection. La pointe de Sidi-Rached, qui est la plus proche de son élévation, présente une altitude de 534 mètres. Constantine est une ville qui fut longtemps un pôle religieux et littéraire ; les décisions de ses uleimas faisaient autorité et de nombreux étudiants puisaient dans ses vingt-cinq écoles, la science et le savoir musulman, qu’ils répandaient ensuite dans tout le pays. Elle était en ce temps-là, le foyer lumineux de l’Algérie. En 1535, suite aux invasions répétées des Turcs, elle finit par tomber entre leurs mains et ils la soumirent à la province d’Alger, elle devint alors un beylicat au service du Pacha régnant dans la Capitale, jusqu’au jour ou elle subit l’assaut de deux sièges des plus meurtriers, dont l’un en 1836 qu’elle soutint glorieusement ; l’autre en 1837 qui eut raison de ses forces elle tomba vaillamment aux mains des troupes coloniales de l’armée française. D’après les dires, qui en perpétuent la tradition, Constantine aurait subie quatre-vingt sièges tout au long de son existence et demeure une ville qui n’a pas véritablement hérité de monuments dignes de son rang prestigieux, au même titre que Lambèse, Timgad ou Djemila. Des quatre-vingt-quinze mosquées qui faisaient sa puissance et l’honorabilité de sa renommée, seulement quelques-unes subsistent encore, et la construction grandissante en a presque modifié les proportions et l’architecture. L’unique édifice qui suscite encore un intérêt dû à l’originalité de sa conception, figurant parmi les demeures mauresques les plus admirés d’Algérie, est incontestablement le Palais du dernier Bey Ahmed. Cependant, de toutes les villes d’Algérie, Constantine est la seule qui a gardé le plus sa physionomie première, malgré les divers étapes de la modernisation, au moyen de la pioche et du marteau-piqueur qui éventrent sans cesse ses entrailles, et perpétuent encore fidèlement l’illusion d’une vieille ville arabe, au parfun oriental. Les berges du Rhummel étaient autrefois unies par cinq ponts ; de quatre d’entre-eux, seuls quelques fragments informes tiennent de la première époque. Le cinquième qui est bâti à l’Est de la ville, a de tout temps été rénové, et sous sa grande arcade en fer forgé, qui surplombe un gouffre de 115 mètres de profondeur, se superposent des pans de murs de toutes les époques. Les gorges qui forment l’abîme à cet endroit, atteignent deux cents mètres de haut, et sont diversement striées d’une nuance d’un ton de rouille. Leur sommet est rendu tristement célèbre à l’époque des Turcs, d’où le Pacha faisait précipiter dans un sac cousu, les épouses et les esclaves dont il voulait se défaire, d’ou il prit alors, dans le langage populaire, L’appellation de “Kèf-E’chokara”, qui signifie “Le Rocher du Sac”. Malgré ce constat sinistre, rare est le mot qui conviendrait à la qualification correcte du charme qui émane de ces gorges gigantesques, offrant le spectacle d’un ravin unique en son genre, de cavernes nombreuses et de cascades bruyantes qui complètent harmonieusement le grandiose qui en sort et laisse l’esprit rêveur.

Hippone, berceau de St-Augustin

A l’Est de Constantine, presque aux dernières lignes qui délimitent le littoral algérien, se situe la ville de Annaba, dénommée autrefois, à l’époque coloniale “Bône” et “Hippone” pendant la période romaine. C’est une ville à la fois balnéaire et industrielle. A l’origine, elle constituait avec Carthage au IIIe siècle, un marché d’une grande activité, assurant une pérennité absolue aux échanges commerciaux entre l’Est et le Centre de l’Afrique romaine. C’est alors que les habitants devenus riches, élevèrent de magnifiques monuments, montèrent des aqueducs immenses à l’image de leur position sociale, construisirent des réservoirs d’eau aux capacités énormes de stockage, et creusèrent des communications. L’année qui suivit la mort de Saint-Augustin en 431, Hippone fut envahie par les Vandales qui la détruisirent. Reprise en 534 par les Byzantins, elle tomba en 697 au pouvoir des Arabes, qui achevèrent l’œuvre de destruction des Vandales. Aux faubourgs frontaliers de cette région, entre la ville de Annaba et celle de Guelma, surgit comme une pièce manquante à un puzzle géographique de ce territoire, l’antique “Thagaste” des Romains (actuel Souk-Ahras qui compte dans les annales de son repère historique, la naissance de Saint-Augustin sur son sol, dont le père était décurion auprès de la garnison romaine de cette ville. Au Sud de son voisinage, à quelque dizaines de lieues, se trouve la ville de Tébessa, dont le nom Romain était “Cévitas Thevestinorum” plus connue sous L’appellation de “Théveste”. Fondée en l’an 72 avant J.C, elle présente les assises d’une cité fortifiée, construite auprès d’une des ramifications qui communiquent avec la partie Est de l’Aurès. C’est sous le règne de Septime-Sévère, au IIIe siècle, qu’elle atteignit le sommet d’une gloire rayonnante, qui lui permis d’élever ses principaux monuments. Détruite par les Vandales, comme toutes les villes romaines qui se sont dressées sur leur passage, semant terreur et désolation, elle sera relevée de ses ruines par les Byzantins, alors commandés par Salomon, digne successeur de Bélisaire. Les Arabes l’envahirent en l’an 950. Pendant la domination des Turcs,Tébessa était une ville assurée d’un commerce fructueux et paisible, jusqu’à l’arrivée de l’armée coloniale en 1851. Sa situation dans cette région montagneuse, développe une altitude de 1088 mètres, qui lui permet d’observer presque dans sa totalité la vallée du Sahara tunisien, et contrôler presque à part entière, celle de son environnement aAlgérien; Les vestiges qu’on y rencontre, attestent assez nettement du rang notable qui était le sien, à l’époque romaine. Parmi les monuments faisant foi de son histoire figurent le Temple de Minerve, les Thermes et l’Arc de triomphe élevé à Caracalla en 212 par la puissante famille de Cornelia. Les fouilles effectuées par un certain nombre d’archéologues, voici longtemps, partagent la même conclusion pour celui-ci : à savoir, qu’il compte parmi les plus belles pièces archéologiques, que la conquête romaine ait laissé en Algérie, témoin de leur longue période de domination.

Rachid Medjeber A suivre

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