Au lieu d’obtempérer à son oncle, qui, selon l’accusation, lui intimait de faire sortir les moutons qu’il faisait paître sur son champ, l’accusé s’en est pris au septuagénaire. Les coups assenés derrière l’oreille ont, toujours selon le procureur général, causé un traumatisme cervical, des lésions au niveau des vertèbres et se sont soldés chez la victime, malgré des soins appropriés en France, par une incapacité physique permanente de 90%.
C’est ce drame familial que deux conseils successifs de sages du village n’ont pas réussi à évacuer, que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner avant-hier, mardi.
Après une longue intervention étayée par des certificat médicaux, le procureur général a requis 10 ans de réclusion criminelle. Cependant, après délibérations, le juge a décidé l’acquittement de l’accusé. Les faits remontent à la journée du 1er avril 2001 et ont eu pour théâtre le paisible hameau de Mouzaïa dans la commune de Boukhelifa. Ce jour-là, l’accusé D. S., 47 ans, marié et père de 5 enfants, son oncle D. K., 73 ans n’appréciait pas du tout le fait qu’il ramène des moutons sur son champ sans autorisation.
Il l’aborde pour le réprimander et lui signifier de ne plus recommencer. Mais aux dires de la partie civile et de l’accusation, M. S., profita du fait qu’il était seul avec son oncle pour lui régler son compte. Il l’aurait frappé violemment avec le manche d’un couteau fermé.
Et malgré l’évacuation de la victime dans des structures sanitaires publiques et privées en Algérie et son transfert dans une clinique parisienne, elle restera paraplégique à vie. Elle décédera quelque temps avant la tenue de son procès. Mais à la barre, la version de l’accusé est tout autre. S’il reconnaît avoir, par mégarde, laissé ses moutons aller sur le champ de son oncle, il nie totalement avoir levé la main sur celui-ci. “Bien au contraire, a-t-il insisté c’est lui qui m’a insulté et qui m’a lancé des pierres. Moi, je n’ai fait que me sauver à la maison, je ne pouvais riposter parce que d’une part c’était mon oncle âgé et d’autre part, j’avais à ce moment-là entre les bras un bébé âgé seulement de 17 mois. Je l’ai même supplié de ne pas me frapper par respect pour l’“ange” que j’avais entre les bras.
Il est tombé tout seul en me lançant des pierres”. Il ajoutera qu’il a fait, accompagné de l’imam et des sages du village, deux tentatives de reconciliation avec son oncle et qu’il a pris en charge une bonne partie des frais de son transfert pour des soins en France. Quand le juge lui a demandé pourquoi se faire pardonner de son oncle puisque celui-ci était tombé tout seul, il a répondu que d’abord parce que c’était son oncle et qu’ensuite les moutons appartiennent à son frère.
La défense a surtout mis en exergue la déposition de son client, c’est-à-dire le fait que l’accusé ne pouvait pas frapper la victime parce que d’une part celle-ci était son oncle et qu’il ne pouvait même pas, par respect, lever les yeux sur elle et que d’autre part, il avait à ce moment-là entre les bras un bébé de 17 mois.
Il insistera par ailleurs sur les deux arrangements tentés par l’accusé et la prise en charge par son client des frais des soins en France par la victime. Au terme de son intervention, il plaidera l’innocence de son client.
B. Mouhoub
