Cinq militants grièvement blessés

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L’action de protestation des militants du FFS dans leur siège national à Alger, jeudi dernier, a tourné à une bastonnade. Au moins cinq militants contestataires ont été sérieusement blessés après avoir été roués de coups par d’autres militants. Ils présentaient des bleus et ecchymoses sur leur corps. Une plainte contre le secrétariat national pour « coups et blessures » n’est pas à écarter.

Le Front des forces socialistes vient d’inscrire une nouvelle page dans ses annales, ce jeudi, par un agissement des plus étranges à sa conduite politique, en réprimant la masse contestataire de ses militants de base. Ces derniers qui contestent leur direction politique, conduite par le premier secrétaire national, Ali Laskri et le chargé de l’information au sein du parti, Karim Tabou, ont subi un lynchage de la part de leurs pairs.

Selon le témoignage de quelques militants, qui nous ont contactés hier, « le FFS a signé son arrêt de mort politique en usant de violence contre un débat démocratique. »

Ainsi, les militants des fédérations de Bejaia, Alger, Bouira, Tizi-Ouzou, Sétif, ainsi que l’ancien secrétaire fédéral de Batna, M. Deâs, venu représenter sa fédération, ont fait le déplacement au siège national de leur parti pour mener une action de protestation en son sein et dénoncer « le bradage du parti par le secrétariat national », selon une résolution prise par ces mêmes fédérations lors d’une réunion tenue en fin de la semaine dernière à Tizi-Ouzou. (Voir nos livraisons de dimanche 17 et jeudi 20/12/2006)

Arrivés devant le siège national, les protestataires constatent que le portail était cadenassé. Une vingtaine de militants proches du secrétariat national montait la garde de l’intérieur. Ils étaient munis de gourdins, alors que Khaled Tazaghart, « l’autre lieutenant de Laskri, pressenti à la députation en avril prochain », qui guidait ce groupe, était « muni d’une manivelle de voiture », selon les dires de nos interlocuteurs. Après une heure de palabres, les contestataires furent autorisés à accéder à l’enceinte du siège.

« Nous étions environ 700 entre militants et militantes de base à y accéder. Plusieurs d’entre nous ont pris la parole pour expliquer le but de notre action. Cela durera jusqu’à 18h, heure à laquelle nous avons autorisé ceux qui sont venus de loin à regagner leurs localités. Mais c’était la plus grosse erreur à ne pas faire, car, profitant de notre nombre réduit à une soixantaine, resté assurer la permanence de notre action, le secrétariat national a fait introduire son renfort constitué de plusieurs dizaines de barbouzes et ils nous ont tabassés », témoigne-t-on encore.

Les militants qui ont pris attache avec nous, s’en prennent au premier secrétaire national, Ali Laskri, qui serait, selon leurs dires, l’instigateur de cette violence sans précédent. « Aux environs de 23h, Laskri s’est présenté devant nous, bien entouré par une dizaine de gardes du corps. Il nous a intimé l’ordre de quitter les lieux en ces termes : je vous donne dix minutes pour quitter les lieux sinon vous allez regretter votre présence au siège, une menace qui a été vite exécutée, puisque, dix minutes après, nous avons subi un assaut spectaculaire de la part des barbouzes qu’ils ont fait venir d’Alger et de Tizi-Ouzou. »

Ces militants venus témoigner l’horreur qu’ils ont vécu dans le siège national de leur parti politique, précisent reconnaître « un fourgon jaune dont lequel se trouvait le secrétaire fédéral chargé de l’organique à Tizi-ouzou, en la personne de Benbelkacem, accompagné d’une dizaine de militants de cette fédération qui sont entrés illico presto en action de bastonnade. » Dans la cacophonie qui s’en est suivie, les militants-étudiants qui étaient également présents à cette action de protestation, ont étaient pris de peur. « N’ayez pas peur, nous avons donné l’ordre de ne pas toucher aux étudiants. » Cette phrase a été lancée, d’après les témoins, par Aissa Ourahmoun, qu’ils qualifient de membre apparenté au lieutenant de Tabou.

Ce dernier ainsi que le secrétaire national aux relations extérieures, Karim Baloul et plusieurs membres du secrétariat national ont usé de violences contre des militants contestataires bien ciblé, raconte-on encore, tout en prenant soin de nous montrer les traces des coups qu’ils ont reçu.

« Dieu merci, nous n’avons pas répondu à la violence par la violence, car nous étions accompagnés des vieux militants sages de 1963, autrement, nous aurions enregistré des morts », soupirent-ils.

Les cinq militants gravement blessés, entre autre, Hanafi Si Larbi, Youcef Ouarab, Ramdane Hamadi, Mohamed Slimane (ancien de 63) lors de « la punition » de cette nuit de jeudi, ont établi des certificats d’incapacités qu’ils pourraient utiliser dans le dossier de plainte pour « coups et blessures aggravés ». Une décision qui serait prise lors de la réunion, qu’ils vont tenir d’ici à trois jours pour arrêter les suites à donner à cet événement.

Une conférence de presse n’est pas, non plus, exclue par les représentants des fédérations contestataires pour porter leurs doléances sur la scène publique et médiatique, assure-t-on encore.

M.A.T.

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