»Mon exclusion du RCD est illégale »

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La Dépêche de Kabylie : Comment en êtes-vous arrivé à vous présenter à l’élection sénatoriale du 28 décembre ?

Méziane Belkacem : Ma candidature à l’élection sénatoriale est dictée par deux raisons importantes : la première est politique. Pour démontrer que la légitimité ne se dicte pas (et ne doit pas l’être) par le haut, par les états-majors politiques. Vous connaissez toutes les péripéties de mon exclusion des rangs du RCD. Pour la première fois dans l’histoire, un militant politique est radié de son parti pour avoir appliqué strictement la réglementation et avoir résisté aux chants des sirènes. Mon exclusion illégale du RCD aura inévitablement des répercussions sur la configuration politique locale au niveau de notre wilaya. Beaucoup de choses se sont éclaircies dans la tête de nos concitoyens.

La deuxième raison est que notre wilaya doit avoir des représentants-repères, capables de tout sacrifier pour réhabiliter la dimension historique, culturelle, scientifique, et socio-économique de la wilaya de Béjaïa qui a enfanté le Congrès de la Soummam et les évènements du 8 Mai 1945 qui s’étaient déployés dans deux aires opposées de la wilaya. Notre wilaya mérite respect et considération à la mesure de son histoire. J’ai assumé des responsabilités professionnelles et politiques, wilayales et nationales, qui me permettent aujourd’hui de parler de ma wilaya en connaissance de cause car j’ai eu l’honneur et le plaisir de visiter et de voir de près les 52 communes qui la constituent. Je connais les problèmes des communes parce que je suis maire d’une grande commune et les problèmes de l’ensemble de la wilaya parce que j’ai été cadre à Sonelgaz et membre de l’APW de Béjaïa pendant de longues années.

Ce faisant, vous avez anticipé sur la décision de la commission de discipline de votre désormais ex-parti qui n’a été rendue publique qu’à travers la conférence de presse animée le 19 décembre dernier par le Bureau régional de Béjaïa.

La CDN a délibéré le jour-même de mon passage devant elle, c.à.d le 7 décembre. Mon passage devant la commission de discipline nationale a duré trois heures et demie. Toutes les preuves de mon « innocence » ont été portées à la connaissance des membres de la CDN. Toutes les étapes ont été épluchées une à une. Toutes les réponses et les éclaircissements demandés ont été prouvés par nos soins. Mais malheureusement, il me semble que les jeux étaient déjà faits et que la décision était prise ailleurs. La décision de mon exclusion a été signée le 11 décembre. Il faut donc demander aux responsables du RCD pourquoi cette décision était gardée sous le coude jusqu’au 19 décembre.

Et pourquoi à votre avis ?

Probablement pour dépasser la date du 13 décembre qui est la date limite de dépôt des candidatures pour les sénatoriales dont les primaires au RCD ont été organisées à la hâte le samedi 9 décembre. Donc je n’ai absolument pas anticipé sur la décision de la CDN puisque mon dossier de candidature je l’ai déposé le 13 décembre à une heure de la clôture des candidatures.

Que vous est-il reproché au juste dans le cadre de l’affaire Alexo ?

D’avoir prétendument bloqué un projet d’investissement créateur d’emplois et de richesse communale. On me demande de régulariser un projet illicite et de fermer les yeux sur un aspect réglementaire. On me reproche aussi de jouer le jeu de l’administration alors que les permis de construire et les autorisations nécessaires relèvent strictement de mes compétences et pour lesquels je suis le seul justiciable. Alors de deux choses l’une : les responsables du RCD ne connaissent pas la gravité de ce qu’ils me demandent, ou ils veulent me faire commettre l’irréparable mais à quel dessein ? Dans les deux cas, c’est grave pour des responsables de ce niveau. Mes concitoyens ne m’ont pas élu pour piétiner la réglementation pour faire plaisir à certains. Si réellement le projet dispose de toutes les autorisations nécessaires comme le prétend le P-DG d’Alexo, relayé par les responsables du RCD, pourquoi donc n’avait pas démarré avant mon arrivée à la tête de cette commune ?

Sinon, comment analysez-vous la position du RCD ?

D’abord la position en elle-même est bizarre ! Depuis le temps que les militants politiques dénoncent l’instrumentalisation de la justice, de l’administration, etc… Aujourd’hui nous assistons, à nos dépens, à l’instrumentalisation d’un parti politique du camp démocratique pour piétiner la réglementation en vigueur.

A quelle fin ? Je n’ose même pas le penser, tellement l’idéal pour lequel je me suis engagé avec beaucoup de mes amis au sein de cette formation politique est loin, très loin de la situation d’aujourd’hui et de ce qu’on me demande de faire. L’acharnement et la célérité avec lesquels ma propre formation politique s’est attaquée à ma personne ne s’expliquent absolument pas par des raisons logiques. Que se passe-t-il ? Le RCD a sacrifié d’une manière injustifiée la plus importante commune de la wilaya de Béjaia que nous avons gagnée et que nous essayons de bien gérer grâce à l’engagement et au dévouement de l’ensemble des élus de l’assemblée qui viennent de plusieurs formations politiques. La commune d’Amizour est une commune de 40 000 habitants. Elle est la troisième commune de la wilaya de Béjaia. Elle souffre de beaucoup de retards en termes de développement. Notre jeunesse qui est estimée à 28 000 de moins de 30 ans mérite que l’on se sacrifie pour elle. Nous disposons d’une ZAC de 13 investisseurs qui attendent depuis 8 ans leurs actes de propriété. Ils peuvent créer du jour au lendemain 800 postes d’emploi. J’aurai aimé que mon ex-formation politique s’acharne plutôt sur cela conformément au dossier que j’ai mis entre leurs mains. Mais apparemment les enjeux sont ailleurs !

Qu’en pensent ceux des militants que vous avez approchés ?

Les cadres et les militants qui m’ont connu sur le terrain sont dans un désarroi total. Ils n’arrivent pas à s’expliquer une telle bévue politique. Je tiens à exprimer à tous ceux qui m’ont exprimé leur soutien et leur disponibilité toute ma gratitude et ma reconnaissance. Mon itinéraire militant ne s’est pas arrêté le 11 décembre. Je reste à la disposition de l’ensemble des citoyens de la wilaya de Béjaïa et me battrai pour eux. Je l’ai prouvé lors de mon mandat APW entre 1997 et 2002.

Les dossiers du chômage, de l’agriculture, de la pollution de la Soummam, des ZAC et zones industrielles, de l’éducation, de la réhabilitation culturelle et historique, des routes et du transport, de l’environnement, du port et de l’aéroport, de la dimension universitaire, etc… de notre chère wilaya restent mes objectifs sains de citoyen, de cadre et d’enfant digne de cette valeureuse wilaya. Espérons que nous serons à la hauteur !!! La Direction nationale du RCD prend l’entière responsabilité de l’acte injustifié qu’elle a commis vis-à-vis de ma personne et à travers moi de l’ensemble des militants sincères et des citoyens de la wilaya de Béjaia.

L’ensemble des déclarations diffamatoires de tous les responsables du RCD à tous les niveaux sont en ma possession. Ils auront à les expliquer dans le détail à qui de droit.

Propos recueillis par Mohamed Bessa

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