Nécessaire révision de la législation nationale

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De plus en plus d’Algériens se droguent. Cette amère réalité ne peut plus être tue et notre jeunesse, frange vulnérable de la société, demeure la première cible de ce fléau dévastateur qui détruit l’individu, disloque la famille et déstabilise la société qui est plus que jamais menacée.

Même si les chiffres se rapportant au nombre de consommateurs des stupéfiants ne sont pas disponibles au niveau des instances concernées, les statistiques nationales concernant les quantités de drogue saisies par les services des douanes, de la gendarmerie nationale et la police des frontières nous renseignent suffisamment sur l’ampleur qu’a pris ce phénomène au sein de notre société.

Pour pallier à ce fléau et assurer sa prise en charge, il est plus que nécessaire de définir une politique nationale de prévention et de lutte contre la drogue, et surtout de veiller à son application à travers un suivi permanent. Une stratégie qui devrait s’intégrer dans un cadre global de coopération internationale dans le domaine de la lutte contre la toxicomanie.

Le trafic de drogue ; 2e marché mondial après les armes

Ce phénomène qui touche de 3 à 5% de la population mondiale avec des chiffres effarants qui font état de pas moins de 185 millions de personnes consommatrices de drogue dont 34 millions en Afrique et 5 millions de personnes atteintes de sida à cause de la drogue, constitue le deuxième marché mondial avec 500 millions de dollars (après les armes, et bien avant le pétrole) avec une première place pour la consommation du cannabis qui a connu entre 2002 et 2004 une hausse de 100%.

L’interconnexion entre la drogue et les autres formes de criminalité organisée : le terrorisme, le blanchiment d’argent, la corruption, l’immigration clandestine…accentue la gravité de ce fléau, essentiellement en Afrique qui souffre particulièrement de ce fléau à cause de la pauvreté, des conflits armés et des maladies endémiques dont le sida, conséquence directe de la toxicomanie.

La situation géographique de notre pays le place au cœur des passages des réseaux internationaux des narcotrafiquants, en connexion avec les filières algériennes s’adonnant à toutes les formes de criminalité internationale.

En premier lieu, on trouve le cannabis de production marocaine qui transite par l’Algérie à destination de l’Europe via la Tunisie, la Libye ou par les grands ports algériens et les quantités ayant transité par notre pays sont estimées à 73,87% alors que 26,13% ont été orientées vers la consommation locale.

La région de l’Ouest du pays est la plus touchée par le trafic de drogue avec 48% des marchandises qui y transite avec pour principal itinéraire : les frontières du Sud du Maroc-El Bayadh-Nâama-Ouargla-El Oued et le trafic se fait par route, généralement à bord de camions semi-remorques ou par des embarcations spéciales par voie maritime.

1975 : première alerte en Algérie et 3 tonnes de cannabis saisies

Bien que l’usage de la drogue, notamment le cannabis, remonte à la nuit des temps et que le premier traité de botanique chinoise qui mentionne le cannabis sous le nom de « Rhy-ya » remonte à prés de quarante siècle, la société algérienne n’a pas connu de consommation de drogue dans son histoire lointaine. Préoccupée par le souci de résister à l’envahisseur durant la colonisation, puis par celui de l’édification nationale, la cellule familiale était encore soudée et les ressorts de défense sociale jusqu’au milieu des années soixante-dix.

La première alerte a été donnée en 1975 lorsque 3 tonnes de cannabis ont été saisies en une seule prise, suivra alors la première loi sur la répression du trafic de drogue.

A partir de 1986 qui a vu une baisse drastique des prix de pétrole engendrant un marasme social sans précédent, et les années 90 marquées par une succession d’événements qui ont fait basculer l’Algérie dans une période de violence inédite, tous les fléaux se sont exacerbés, y compris celui de la drogue.

L’Algérie, qui est un pays transitaire depuis des années et voisin du Maroc, gros producteur de cannabis dans le monde (60%) et d’autres pays d’Afrique qui le cultivent à grande échelle, donne les premières prémices d’une évolution dangereuse pour devenir un pays de consommation et risque de constituer un marché fructueux pour les réseaux internationaux du crime organisé et les narcotrafiquants, d’autant plus que l’Algérie ne fait pas de différences entre les « drogues douces » et les « drogues dures ». On commence toujours par ce qui est prétendument doux pour arriver à l’engrenage : (96 % des toxicomanes ont commencé par la cigarette à laquelle ils ont goûté entre 12 et 15 ans).

Un Plan directeur national de lutte contre la drogue

Adopté par le gouvernement le 29 juin 2003, le plan directeur national de lutte contre la drogue qui traduit la politique algérienne de lutte contre la drogue et la toxicomanie s’étalant sur cinq années, pose la problématique de la drogue dans notre pays, les enjeux et les défis liés à la prévention et à la répression du trafic et de l’abus illicite des stupéfiants. Il met l’accent sur la gravité de la situation tout en expliquant que l’essor de la production et du trafic à l’échelle mondiale engendrant une grande disponibilité de différentes variétés de produits toxiques sur le marché local, la faiblesse du dispositif de contrôle des drogues illicites et la libéralisation économique, conjugués à l’inadéquation de la législation et l’absence d’une réglementation adaptée sur le contrôle de la circulation des capitaux sont des facteurs influents qui aggravent ce phénomène.

Au plan opérationnel et sur le volet préventif, le PND se penchera sur le renforcement des capacités d’intervention des centres d’information de la jeunesse et des centres de cure existants avec l’attention d’en créer de nouveaux, et la constitution d’une banque de données nationale ainsi que la formation des personnels spécialisés. Quant au volet de la répression, ce plan ambitionne de doter les laboratoires d’analyse scientifique des drogues, d’acquérir les logiciels informatiques de pointe sur les méthodes d’analyse de l’information criminelle et les équipements et techniques d’investigation dans le domaine du trafic de drogue.

H.Hayet

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