Environ 8 000 cas de victimes de la tragédie nationale ont été réglés et près de 2 200 personnes ont été libérées. C’est ce qu’a indiqué Farouk Ksentini, président de la Commission nationale de la promotion et de la protection des droits de l’Homme(CNPPDH) lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Il a soutenu que le cas du dossier des victimes déportés vers le Sud pourrait connaître son dénouement à travers une éventuelle prise en charge des pouvoirs publics. Qualifiant ces personnes déportées d’”oubliés de la Charte”, M.Ksentini a estimé entre 15 000 et 18 000 le nombre de ces mêmes personnes ayant fait un passage dans les camps implantés dans le Sud. « Ces personnes ont été déportées administrativement entre 1992 et 1994 puis libérées sans être jugées » dira-t-il.Le premier responsable de la CNPPDH a reconnu que ces personnes ont subi des préjudices physiques, moraux et matériels, non sans soutenir que leurs revendications sont légitimes. « On attend qu’elles soient prises en charge conformément aux dispositions de la Charte » a-t-il rappelé. Pour lui, ces victimes ont déjà exigé réparation à travers une requête transmise aux autorités concernées. Sur un autre registre, celui des indemnisations, l’invité de la Chaîne III a fait savoir que l’Etat consacre des réparations financières dans une étude au cas par cas. Se posant en véritable défenseur de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale,M.Ksentini a affirmé que l’Etat applique à la lettre et généreusement tous les engagements de la Charte de paix et de réconciliation. Il en veut pour preuve, la réintégration socioprofessionnelle dont ont bénéficié les repentis et les terroristes graciés. S’agissant des terroristes qui ont rejoint le maquis, le président de la CNPPDH a tenté de minimiser leur nombre en estimant qu’ils ne « constituent pas un danger ». « Ces personnes sont en petits nombres et n’influenceront pas le cours des choses », a-t-il lâché sur un ton rassurant. Pour ce qui est du dossier inextricable des disparus, l’orateur a laissé entendre que la vérité autour des circonstances dramatiques de ces milliers de disparitions est vouée au “cachot”, en déclarant en substance : « Il est difficile pour les parents de ces victimes de connaître la vérité. Dire la vérité au cas par cas est impossible compte tenu du fait qu’il n’y a pas d’archives et pas de témoignages fiables ». Dans ce sillage, Farouk Ksentini a fait remarquer qu’il existe des dossiers de disparus basés sur des requêtes familiales, d’ou la complexité de ces mêmes dossiers. « Pour que le dossier soit valide, il faut qu’il y’ait le corps de la personne, ce que nous n’avons pas » a-t-il noté.M. Ksentini a rappelé, en outre, que le chiffre de 7 200 disparus fournis par la Gendarmerie nationale est le plus fiable. Par ailleurs, le défenseur des droits de l’Homme avait récemment déclaré à la presse que le rapport annuel relatif à la situation des droits de l’homme en Algérie est fin prêt et sera présenté au président de la République après l’aval des membres de la CNPPDH. D’après lui, la situation des droits de l’homme a connu une évolution substantielle, voire notable et ce grâce à la politique de reforme engagée dans le secteur de la justice depuis 1999. « Les choses sont en train de s’améliorer à vue d’œil », avait-il déclaré. Intervenant sur un autre chapitre, M.Ksentini avait nié que l’état d’urgence en vigueur depuis 1992 soit un frein dans l’exercice des libertés collectives et individuelles. « L’état d’urgence n’a été appliqué que lors de l’interdiction des marches », avait-t-il tenté de justifier avant d’indiquer que « la lutte contre le terrorisme exige la mise en place de quelques dispositions ».
Hocine Lamriben