Hamid est né en 1976 à Akerrou (Ait Khellili Mekla). Titulaire de “baccalauréat (année 1994), il aurait pu se contenter de sa licence en musicologie obtenue à l’ENS de Vieux Kouba en 2000 mais, pour lui, cela ne saurait s’arrêter en si bon chemin puisqu’il part en France en 2004 pour poursuivre ses études à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence. Cependant, l’artiste qui sommeille en lui trouvera la faille par laquelle il jaillira à travers des albums où il se donne à fond pour déclarer sa soif d’un Iles Anasli qui résume globalement et simplement ses origines dans une candeur toute nue.
Le studio Jugurtha d’Azazga lui permet d’enregistrer, à compte d’auteur, son premier album en septembre 2005 avec des titres où se mêlent dans une symbiose presque hystérique, les thèmes du social, de la politique, de l’amour et surtout de la nostalgie. Qui n’a pas chanté l’amour ? Qui a oublié que presque toutes les chansons kabyles expriment, dans des sous-entendus un peu natif, sinon juvéniles, des sentiments hier encore reformés et aujourd’hui étalés dans une exaltation que partagent tous ceux qui ont soif d’exprimer leurs sentiments. Le second album, toujours avec les moyens limités de la “débrouille”, est une expression libre de sentiments un peu plus mûris par l’âge et l’expérience, que le studio “la MUZ” de Tizi Ouzou enregistre sur CDROM en 2006. Les huit titres sont de taille. Même si la nostalgie refait encore surface à travers des expressions mitigées, l’amour se réserve une place prépondérante en alternant avec les vers qui stigmatisent une jeunesse désoeuvrée et oisive, sans oublier de se faire le chantre d’une culture millénaire qui n’attend que les “porte-parole” pour s’exprimer tout haut.
BRTV lui a ouvert ses studios. La Chaîne II aussi. Mais il a soif d’un public divers et diversifié, compétent en la matière, susceptible de formuler une critique constructive qui l’incite à améliorer sa production. Sa musique résonne aux oreilles, étourdissante de volupté et provoquant presque un envoûtement dont on ne trouvera jamais le moyen de se dégager. La voix semble venir du fin fond d’un passé qui refuse de sombrer dans le folklore et qui se démène pour faire vibrer la fibre enfouie dans toutes les âmes pour une résurgence de la versification Kabyle encore engluée dans les méandres d’une mémoire somnolente. Les mois choisis sont d’une rare violence pour les âmes tyrannisées par la peur de l’effacement et obnubilées par la volonté de refaire surface, de sortir l’immersion léthargique et de “vibrer” au son du tambour manié par des mains expertes et bien décidées. On a presque envie de s’élancer au beau milieu d’une piste imaginaire pour une valse effrénée sous l’enchantement d’une musique douce et entraînante à la fois, même si l’on sait pertinemment qu’on est seul, tout seul, avec une musique émanant des écouteurs collés aux deux oreilles.
Hamid Allouche a fait le rêve “Tharguit” (Qui n’a pas rêvé de s’envoler comme un oiseau ?). Il lui a donné les ailes d’un oiseau “-Attir grâce auquel il trouvera le moyen de s’envoler pour mieux exprimer Iles Anasli, c’est-à-dire “la langue originelle” que symbolisera éternellement Tadyant Nelzayer.
Sofiane Mecherri