Auteur d’ une cassette éditée chez Allagh Music en 2001, Moh Meziane est un jeune chanteur kabyle né en 1978 dans la commune d’ Akfadou. L’admirateur du grand barde Youcef Abdjaoui nous livre son histoire avec le monde fabuleux des mots et des mélodies.
La Dépêche de Kabylie : Comment êtes-vous venu à la chanson ?
Moh Meziane : Très jeune, j’ avais en tête le rêve de devenir chanteur. Je me disais que, moi aussi, je pouvais faire quelque chose dans le monde de la création. Petit à petit, j’ai pu composer mes propres chansons. Et voilà, le grand voyage commence.
Parlez-nous de votre premier album..
Mon premier album a vu le jour en 2001 aux éditions Allagh Music. A travers six titres, j’ai abordé moult sujets. Entre autres l’amour incarné par D imawlan-im une chanson autobiographique qui me mène aux songes inaccessibles.Il y a aussi du social et du politique, si l’on peut dire ! (rires). A ma manière, j’ai tenté d’exprimer le marasme et l ‘injustice qui sévissent dans notre pays. Pour la musique, j’ ai composé un mariage harmonieux entre le violon et le banjo.
Quels sont les chanteurs qui vous influencent ?
Je ne peux pas les citer tous…En tout cas, le travail artistique au sens propre m’ envoûte. Je n’aime pas le bricolage. Parmi les chanteurs qui ont vraiment marqué mon art et mon existence, il y a Youcef Abdjaoui, Zedak Mouloud, Aït Menguellet…
Que pensez-vous de la chanson algérienne actuelle ?
Malgré tout ce qui se dit de la chanson algérienne, beaucoup d’ ombres sont à revoir. D’une part, le très bon travail de nombre de chanteurs d’expression arabe ou berbère. D ‘autre part, il y a les interminables problèmes de l’édition et de la promotion. Aujourd’hui, la création artistique est sans cesse en croissance, mais le terrain n’ est guère propice à l’épanouissement de la jeune génération. C’ est vraiment dommage.
Que pensez-vous du monde de l’ édition en Algérie ?
L ‘édition algérienne n’ est pas du tout à la hauteur. Très peu de jeunes anonymes arrivent à être édités. Nos éditeurs manquent de professionnalisme. Des fois, l’oeuvre est bien faite, mais faute de bon suivi, tout tombe à l’eau. Sans oublier de signaler l’absence de respect des droits d’ auteurs. Le chemin est encore très long pour l ‘édition dans notre pays.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Peut être que ce n’est pas aussi facile de vous répondre. L’inspiration vient de jour comme de nuit et souvent on se contente de saisir ces moments furtifs. Moi je m ‘inspire des évènement de la vie. Je suis sensible aux changements. Je suis aussi à l’écoute des autres. A ma manière je tente de mettre en exergue leurs souffrances et leurs préoccupations. Ce n’est pas toujours facile, mais bon…
Quel est le dernier album que vous avez bien apprécié ?
Il y a beaucoup de cassettes qui méritent d’ exister. Par exemple : Chérif Hamani a fait des réussites, son oeuvre nous laisse espérer et rêver. Mais je pense que le meilleur tube de ces dernières années, est bel et bien celui du grand chanteur Lounis Ait Menguellet. L’auteur de Ourdjigh est toujours au printemps de sa création. La fin des années d’or n’est pas pour demain.
Dans votre cassette, vos admirateurs palpent un engagement politique. Pensez-vous qu’ un artiste doit avoir ce genre de position ?
Oui, bien sûr. Toutefois, l’engagement a un sens très vaste. A chacun sa manière de dire les choses. Mais l’important est d’être à l’ écoute de sa société. L’artiste est témoin de son temps. Malheureusement, de nos jours peu de gens s’intéressent à cet aspect des choses. Peut-être qu’on n’a pas encore cette culture, ou d’autres centres d’intérêt sont plus valorisés.
Quels sont vos projets artistiques ?
J ‘aspire atteindre les plus lointains horizons. Mais je suis persuadé que ce n ‘est pas un jeu d’enfant. La réalité est très rude. J ‘ai des chansons à éditer prochainement. Je vais aussi animer des galas, pour être plus près de mon public et faire passer mes messages à ceux qui n’ont pas encore découvert Moh Meziane.
Entretien réalisé par Yasmine Chérifi