“On m’a dit de patienter. On va régler la situation ”rappelle-t-il et d’ajouter que les écritures comptables arrivaient toujours en retard et Akli Youcef l’informait qu’il n’avait pas de comptables. La présidente de l’audience, Mme Fatiha Brahimi, lui demande si cette situation ne l’intriguait pas. L’inculpé répond par l’affirmative. La juge lui fait savoir que Akli Youcef soutient que les EES arrivaient sans les fonds. “ Périodiquement, on envoyait des états de suspens pour la Banque d’Algérie. On remplissait le bilan mensuel de la banque avant de le transmettre à la direction générale ”, affirme-t-il. Mais comment vous faites, demande la magistrate, pour régulariser les bilans alors que les comptes n’arrivaient pas à temps ? Toudjane maintient la même chose en soulignant qu’ils envoient les bilans en retard en raison notamment du service de l’informatique “ On est tributaire de la direction de l’informatique” dit-il. Non convaincu par la réponse de l’accusé, Mme Brahimi lui indique qu’il a déjà soutenu que les chiffres des 11 ESS sont erronés. Toudjane tente une réplique en rejetant la responsabilité sur le service informatique. A la question d’expliquer le trou financier constaté dans la caisse principale, celui-ci dit ignorer cet aspect de l’affaire. Il affirme avoir envoyé un rapport en détail sur les problèmes qu’il rencontrait “ Les écritures infondées, vous les acceptiez ? ”demande la juge “ Non, je les refuse et les renvoie à la caisse principale. Jamais je n’aurais accepté des écritures irrégulières ”s’est-il défendu. La juge veut savoir s’il savait que l’argent sortait de la caisse. “ Je ne l’ai jamais su ” répond Toudjane, en précisant que les montants figurant sur les 11 EES sont
“ pléthoriques ”.S’agissant des correctifs apportées par Nekkache au stylo sur les 11 ESS, Toudjane affirme que celui- ci avançait un problème d’application. Interrogé sur les crédits dont il a bénéficié auprès de la banque Khalifa, il atteste qu’il a pris un prêt de 50 millions de dinars et un autre de l’ordre de 90 millions de dinars
“ C’est un prêt comme pour tout le monde et je l’ai payé avant au temps du liquidateur ” se justifie-t-il.
Toudjane fait savoir que les écritures étaient non régularisées pendant une année et demie. Etonné, Mme Brahimi dit que les avis n’étaient pas payés mais arrivaient à passer. A-t-il eu l’occasion de rencontrer Khalifa ?, s’interroge la présidente du tribunal “ Il est venu 3 fois. La première lors de la signature d’un courrier à remettre à la banque d’Algérie, la second lors d’une une réunion à laquelle le commissaire aux comptes était présent. La troisième fois, je lui ai dit que j’avais envoyé un rapport peu reluisant. Il m’a répondu : on va voir plus tard ” se remémore Toudjane. Mme Brahimi tente de savoir s’il entreprenait de saisir la hiérarchie sur ces anomalies. “ Bien sûr madame, je le faisais par courrier ” se hâte-t-il de répondre. Voulant se disculper de toutes charges, le chef de service de la comptabilité de Chéraga estime qu’étant un pharmacien, Moumen Khalifa ne pouvait gérer une banque. Donnait-il de l’argent pour Moumen ou d’autres de ses collaborateurs comme le faisait Akli Youcef, caissier principale de la caisse principale ? “ Je ne fais pas cela. Cela n’engage que sa responsabilité ” se contente-t-il de dire. Pédagogue, Mme Brahimi demande à l’inculpé si son travail se limitait uniquement à signaler les anomalies. Voulant se dérober à la question, Toudjane répond, “ si je n’ai pas vu quelque chose, je ne peux pas le signaler ”. Par ailleurs, l’ancien inspecteur de la banque Khalifa, Madjid Agaoua, est appelé à la barre comme témoin, sans prêter de serment “ Le coordinateur provisoire nous a demandé de faire un contrôle minutieux de la caisse principale. L’ordre de mission a été signé par M.Aloui ” se remémore-t-il..
Agaoua a révélé qu’en sus des fonds de la caisse principale, d’autres fonds se trouvaient dans la salle des comptes de l’agence de Hussein Dey. La juge lui demande pourquoi avoir mis ces fonds dans une autre caisse. “ La salle des comptes de la caisse principale n’était pas en mesure de recevoir tout l’argent ”explique-t-il, en soulignant qu’entre le montant comptable et les existences physiques, aucune anomalie n’a été constatée. “ Mis à part les excèdents en francs suisses ”dira-t-il.
Plus loin, celui-ci révèle que certaines écritures se trouve anormalement en suspens notamment au niveau des agences de Ruisseau, El Harrach et Oran. Selon lui, il y a environ 200 écritures en suspens. Abordant le sujet de l’inspection de l’agence de Cheraga, M.Agaoua estime qu’au moment d’effecteur son travail, un appel téléphonique lui demandait de tergiverser “ Au bout du fil Alioui m’a dit de remonter au niveau de Yousfi Youcef ” se défendera l’ancien inspecteur de la banque Khalifa. A en croire ses dires, l’ensemble des 11 EES représenterait la somme de 3,3 milliards de dinars disparus de la caisse principale
Hocine Lamriben