“Arrêtez de brasser du vent !”

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C’est un ministre de l’Habitat exacerbé par la lenteur que connaît le logement (tous programmes confondus) qui s’est exprimé devant un parterre de responsables locaux, entrepreneurs et autres bureaux d’étude, au terme de sa visite d’inspection et de travail d’avant-hier. Une visite qui l’a conduit sur des chantiers des communes de M’chedellah, Ahif et Bouira et qui lui a permis de se faire une idée de la réalité du logement dans la wilaya. Ce qui lui fera dire que Bouira est l’une des rares wilayas à être à la traîne de la dynamique que connaît l’ensemble du pays. La remarque de Med Nadir Hamimed nous semble quelque peu “gantée” quand on sait que sur les 22 000 logements (tous programmes confondus) retenus, seuls 1351 on été réalisés.

Les experts qui avaient accompagné le ministre dans son périple ne semblent pas, eux aussi, apprécier le travail. Ils relèvent un retard en matière de logement locatif. Un retard qui, estiment-ils, «contrariera le programme quinquennal». Le logement social participatif n’est pas mieux loti à leurs yeux, puisqu’ils notent un décalage entre les différentes phases du programme. Le staff technique du ministre reprochera à la Caisse nationale du logement (CNL) une certaine lenteur.

«Les résultats de 2006 ne sont pas bons. Arrêtez de brasser du vent !», lâchera le ministre, lors de sa séance de travail. Ce pic de colère vise l’administration mais aussi les entrepreneurs qui semblent tout particulièrement irriter Med Nadir Hamimed qui trouve qu’ «il n’est pas donné à tout le monde d’être entrepreneur».

Le ministre de l’Habitat s’attardera sur le sujet pour rappeler aux entrepreneurs lesquels se focalisent sur le coût du logement que personne n’a été obligé de signer un contrat qui fait loi et que de toute façon ces derniers disposent de la clause d’actualisation. Autrement dit, seul le marché détermine le coût du logement. Plus loin, le ministre instruit officiellement de déposer plainte contre les entrepreneurs qui abandonnent leurs chantiers.

Il informera aussi de la nouvelle disposition qui consiste à ficher au niveau de la centrale les entrepreneurs défaillants. Une mesure qui ne manquera pas d’exclure toute ces entreprises boiteuses qui attaquent les chantiers avec une brouette et deux pelles. Situation grotesque allant à contresens des ambitions du secteur de l’habitat qui semble sérieusement aborder la phase qualitative. Pour preuve, le concept “citédortoir’’ est évacué pour être remplacé par ‘’habitat intégré’’.

Pour rattraper le retard et se reconnaître dans le taux de croissance de 9,8% en matières de BTPH, la mise à niveau est exigée de Bouira. «Je vous donne les crédits que vous voulez monsieur le wali…faites la mise à niveau», dira le ministre en s’adressant au wali, avant d’ajouter: «Ne ratez pas le coche de la mise à niveau !»

En conclusion, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme exigera pour l’année en cours «un minimum de 5 000 logements à livrer». Bouira est donc mise devant ses responsabilités et est surveillée de près par un ministre qui exige le retour de manivelle des sommes faramineuses engagées par l’Etat dans le secteur de l’habitat et de l’urbanisme.

T.Ould Amar

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