Le silence assourdissant de Aït Ahmed

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Les militants opposants à la direction du Front des forces socialistes n’ont pas baissé les bras. Jeudi, alors que Ali Laskri avait appelé ses troupes pour la tenue d’un conseil national, dont la session est déclarée ordinaire, des dizaines de militants, venus de plusieurs régions du pays se sont rassemblés devant la Mutuelle des matériaux de construction, à Zeralda, pour « en appeler à la conscience des membres du conseil national ».

Contrairement aux précédents sit in, organisés notamment devant le siège du parti à Alger, qui étaient particulièrement houleux, cette fois-ci les militants «contestataires» ont décidé d’agir dans le calme. D’abord en distribuant des tracts à l’entrée de l’établissement, puis en hissant des banderoles dont les slogans sont simples : « Pour le respect des valeurs du FFS », « Non à la bastonnade » ou encore « Pour le respect des statuts du parti ».

C’est justement autour de ce dernier slogan que s’accordent la majorité des militants qui ont accepté de s’exprimer, sans toutefois décliner leur identité pour la majorité d’entre eux. « Nous demandons le respect », déclare un jeune militant d’Alger avant qu’un de ses camarades n’enchaîne : « Le parti est plus grand que la direction actuelle ». Parmi tous les présents, et entre ceux qui ont affronté la presse, un d’entre eux a fini par lâcher ce que les autres n’ont pas osé exprimer : « Le président du parti ne veut pas se prononcer. C’est inquiétant », dira-t-il.

Pendant que les protestataires s’organisent et distribuent des tracts à leurs camarades, notamment ceux qui devaient assister au conseil national, beaucoup moins nombreux que ceux qui en étaient exclus, la direction du parti tentait d’organiser la rencontre prévue, à l’intérieur du camp de vacances. Et c’est à l’entrée de ce dernier que notre accès a été «interdit» sous prétexte que nous n’étions pas munis d’une « accréditation ». Notre insistance ne donnera rien. Tout cela se déroulait sous le regard du secrétaire à la communication, Karim Tabbou.

Vers 10h45, un bus est arrivé de Tizi Ouzou pour renforcer les rangs des frondeurs, suivi quelques moments plus tard par un autre venu d’Akbou. Tout le monde est accueilli par des applaudissements accompagnés par des « Le FFS yewaar ». La provocation d’un membre du conseil national, le chargé de communication du Cnapest n’a pas eu d’effets, la réponse des militants restant « sage ».

« Nous voulons l’application des textes du parti. Que l’on soit de Béjaïa, de Tizi ou d’Oran, ce sont les statuts du parti qui nous unissent », dira Aziz Mokhnach, premier secrétaire de la section d’Akbou, officiellement radié des rangs du parti parce que « je ne réponds pas à la ligne de la direction ».

A la mi-journée, les protestataires se sont dispersés dans le calme, avec l’espoir d’avoir atteint l’objectif d’attirer l’attention des membres du conseil national qui, eux, n’ont commencé leurs travaux que tard dans la journée.

Ali Boukhlef

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