La énième polémique

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Même si Ahmed Meliani a fini par le renier alors que les partisans de Hocine Ali ont exhibé devant la presse le PV de leur dernière rencontre, il faut rappeler les termes sur lesquels les deux tendances du MDS se sont séparées après des mois de crise ouverte : la consécration des courants au sein du mouvement avec,en perspective,un congrès unitaire où les militants auront la liberté de choisir entre deux motions de politique générale.Naïvement optimiste ou voulant simplement aller au bout de ses engagements sans grande illusion, Hocine Ali et ses partisans se sont rapidement mis au travail, avec au bout un projet de motion. Il ne tardera pas à déchanter, parce que dans la foulée, Meliani annonce de manière unilatérale que non seulement la tenue du congrés était imminente, mais également qu’il n’était pas question d’y accueillir ses adversaires en tant que courant.

C’est donc en tant que simples « militants » que Meliani comptait inviter ses camarades avec lesquels il avait pourtant bien négocié les termes de la sortie de crise. Hocine Ali ne tardera pas à réagir, des militants « non alignés » diront leur désarroi et Ahmed Meliani campe sur son bon droit avant que le ministère de l’Intérieur ne vienne rassurer tout le monde : souci légal ou refus politique, il n’y aura pas d’autorisation pour la tenue du congrès. Les uns diront que ce refus est une véritable bouée de sauvetage pour Meliani, incapable à leurs yeux de rassembler les minima d’un congrès sérieux. Déni démocratique pour les autres qui y voient un parti pris. Sûr de la justesse de ses options, de l’efficacité de sa démarche et de la consistance de son ancrage interne, il va au bout de sa logique.

Il compte organiser les assises de son courant, pour d’abord consacrer sa différence et recentrer le débat sur le plan politique,ensuite pour évaluer concrètement ses forces avant d’envisager une quelconque bataille organique. Mais sa force n’est-elle pas justement dans sa différence et dans son courage à l’exprimer publiquement ? Toujours est-il qu’il marque déjà un point dans la réaction même de Meliani qui vient de rendre publique une déclaration dont le début est une profession de foi qu’il serait tout de même inopportun de mettre en pratique : “Dans d’autres circonstances, il n’y aurait aucun mal à ce que des militants de notre mouvement s’organisent en courant puisque les statuts adoptés lors du congrès de 1999 le prévoient ». Il y aurait donc les bonnes et les mauvaises circonstances pour que des courants s’organisent au sein du MDS.

Mais paradoxalement, ce n’est pas sur le contexte que Meliani répond à son camarade, puisqu’il s’en est suivi un argumentaire dont la nature est fondamentalement politique,comme ce questionnement : « Que veut dire un courant participationniste au sein du MDS ? » Et puis la sentence : « Un congrès unitaire nécessite avant tout l’union politico-organique …. » Et si, à Dieu ne plaise, Hocine Ali venait à tenir ses assises et aboutir à un projet politique à soumettre aux militants, ce serait donc selon Meliani de fait dans « un congrès d’union entre le MDS et un autre mouvement ». En d’autres termes, le MDS, c’est donc lui et les siens, ce qui ne fait pas vraiment avancer les choses.

Slimane Laouari

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