L’une des premières conséquences de la sécheresse qui sévit dans notre pays est la baisse des prix des bovins sur les marchés. Les éleveurs sont les premiers à s’en plaindre pendant que les bouchers se frottent les mains.
Ainsi, une bête qui coûterait 15 millions de centimes, en temps normal, est cédée cette année trois, voire cinq millions de centimes, en moins, cette année. Les bouchers saisissent alors l’occasion pour vendre moins cher leur produit. Des écriteaux, portant les nouveaux prix, sont mis en évidence devant leurs commerces. “Sachant que nous sommes obligés de vendre, ils achètent comme ils veulent dans ce marché inondé”, avoue cet éleveur pour qui la solution est de se débarrasser de son cheptel. En effet, garder une bête dans son écurie, en cette période, serait courir à sa ruine vu les prix de l’aliment.
La botte de foin dont le prix ne dépassait jamais la barre des 350 dinars, est cédée au double, c’est à dire 700 dinars. Ne pouvant faire face à des dépenses qu’ils ne pourraient pas amortir, les éleveurs préfèrent vendre à bas prix, plutôt que d’attendre des lendemains incertains. Nous avons noté que même si les prix de la viande ont chuté sensiblement, ils ne sont pas proportionnels au coût des bovins, sur le marché.
Ainsi la viande avec os affiche 500 dinars au lieu de 580 dinars auparavant. Les abats “descendent” à 150 DA le kilo au lieu de 200. Ce qui est par contre curieux, c’est le fait que le beefsteck garde la cote. Interrogé quant à cette anomalie, un boucher, sourire aux lèvres, avoue que “le bifteck ne descend pas”, c’est-à-dire qu’il garde les cimes à 900 dinars. Signalons que les boucheries d’Ain El Hammam ont la particularité de ne vendre que de la viande bovine. On ne trouve le mouton que durant le mois de carême. Si la sécheresse persiste, les éleveurs seraient dans l’obligation de se séparer de leurs dernières bêtes, ce qui, pour leur malheur, contribuera à faire le bonheur des bouchers. La pluie est plus que jamais désirée.
Nacer B.
