La contestation qui ébranle le FFS

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Trente-quatre ans après sa création, le Front des forces socialistes n’arrête pas sa descente aux enfers. Non pas simplement parce qu’il est laminé par les différents scrutins auxquels il a participé ou pas depuis l’ouverture politique de 1989, mais aussi, à cause des différentes crises internes qui l’ont secoué, avec comme résultat, et à chaque fois, des purges et départs en cascade.

Mais si durant toutes les crises précédentes, les responsables, identifiés, étaient automatiquement exclus, parce qu’il s’agit souvent de dirigeants qui ne se retrouvaient pas forcément dans la ligne incarnée par le zaïm historique, Hocine Aït Ahmed, la fronde de cette fois-ci semble incontrôlable du fait que les animateurs sont inconnus. « La révolte émane de la base », atteste un responsable d’une section rencontré jeudi dernier à Zeralda, lors du sit-in organisé pour interpeller les membres du conseil national.

Ce qui n’était, en fait, qu’une simple agitation il y a de cela quelques mois, s’est transformé en une véritable insurrection. Des militants, sans responsabilité apparente pour la plupart, ont commencé à dénoncer la gestion de l’actuel secrétariat national et demandent, pour la première fois, et par communiqués de presse interposés, le départ de la direction du parti, notamment Ali Laskri, 1er secrétaire national, et Karim Tabbou, secrétaire national à la communication, accusés de léthargie et d’avoir détourné le parti de sa trajectoire. Mieux, ces « frondeurs » s’en remettent au président du parti, Hocine Aït Ahmed, pour régler le problème et l’exhortent de changer la direction. Certains sont allés jusqu’à demander à ce dernier de rentrer au pays, chose qui est vue par certains responsables comme un crime de lèse-majesté.

Après plusieurs déclarations anonymes, ces militants, dont des historiques, passent à l’acte et organisent un rassemblement devant le siège du parti à Alger l’automne dernier. Sans succès, puisqu’en plus du nombre qui n’était pas important, les revendications des contestataires n’étaient pas sérieusement prises en compte.

Au mois de décembre dernier, un deuxième rassemblement est organisé devant le siège national. Mais cette fois-ci, les responsables du parti ne sont pas restés les bras croisés. La tentative des frondeurs d’entrer à l’intérieur des locaux tourne à la bastonnade. Plusieurs militants sont blessés, parmi eux un élu, Si Larbi Hanafi. Karim Tabbou parle alors de « complot » orchestré par les services, mais reconnaît que « le mal vient de l’intérieur ». Le responsable du parti est allé jusqu’à qualifier les révoltés de « vieillards » et de personnes « étrangères au FFS ».

Malgré l’usage de la violence, les protestataires veulent poursuivre leur logique de destituer la direction nommée par Hocine Aït Ahmed. Jeudi dernier, alors que les dirigeants programment un conseil national ordinaire, des dizaines de militants venus de plusieurs régions du pays avaient observé un sit-in devant le lieu de la réunion et demandent l’intervention du président du parti. A leur corps défendant, ce dernier réagit violemment et sans ambages. Il ne veut rien entendre et qualifie les frondeurs de « truands » et « d’escrocs ». Il a même exigé une prise de position publique des anciens dirigeants pour démystifier « la conspiration » et réitère son soutien à l’actuel secrétariat national qu’il « avait lui-même nommé ».

Ali Boukhlef

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