La force des mots

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Malek Haddad est l’un des plus grand écrivains du maghreb. Ses œuvres poétiques et romanesques témoignent de la lucidité d’un immense homme de lettres. Son écriture est simple et profonde. « Il n’est rien d’ être un homme, absolument rien. Mais être humain, voilà le difficile, voilà l’essentiel », peut-on lire dans l’un de ses romans.

Né le 5 juillet 1927 à Constantine, où il fait ses études primaires et secondaires. Malek Haddad publie de 1950 à 1953 des poèmes dans le quotidien Alger républicain et dans Liberté. son âme sensible ne pouvait exprimer ses abysses que poétiquement. Certains critiques, pensent que même la prose qui viendra par la suite, n’est qu’une autre forme de la poésie. L’auteur de L’élève et la leçon avait une plume magique, qui ne reconnaît pas les limites textuelles ; c’est-à-dire que tous les genres littéraires se regroupent en harmonie dans pratiquement toute son œuvre. Pour les recueils de poésie, le fils de la belle ville, Constantine, a publié Le Malheur en danger, en 1956 à Paris chez les éditions La Nef.

« Ma mère est toujours belle

Je l’accompagne tous les jours On l’appelle colombe

Mais en arabe est son prénom…

Ou encore sa vive nostalgie pour sa colombe -patrie qu’il rêve de rejoindre. Maintenant que je vis C’est pour le vent majeur C’est-à-dire pour toi…

…J’aime trop ce moment qui me donne la vie. Il s’appelle, écoutez.

Bouchez-vous les oreilles.

Ouvrez les coeurs à deux battants

Il s’appelle copains que je joindrais plus tard Il s’appelle maison où ma mère patiente Il s’appelle oh l’ami des guitares brisées. Il s’appelle Algérie », écrit le talentueux poète.

L’artiste peu bavard écrit sur l’amour, sur la guerre et sur les choses de la vie qui nous tiennent à cœur. Des choses simples et fabuleuses à la fois. Sa philosophie de voir l’existence n’est qu’une face de sa grandeur. « L’espoir est une espèce d’autodéfense contre l’absurde », souligne-t-il. Le célèbre écrivain algérien s’inscrit à la faculté de Droit d’Aix-en-Provence; mais il abandonne cette discipline pour écrire. L’écriture l’envoûte et le fascine de plus en plus. Avec Kateb Yacine, il travaille comme ouvrier agricole en Camargue. D’un voyage à Fezzan, il écrit Je t’offrirai une gazelle, l’un de ses meilleurs romans. Haddad travaille ensuite à Paris, à la radiodiffusion où il enregistre des émissions avec de grandes personnalités du monde artistique de l’époque. Sa douce voix s’est, vraiment, distinguée. De 1958 à 1961, Malek Haddad publie chaque année un roman. : La dernière impression, Paris, Julliard, 1958. Je t’offrirai une gazelle, Paris, Julliard, 1959. L’élève et la leçon, Paris, Julliard, 1960. Le quai aux fleurs ne répond plus, Paris, Julliard, 1961. Et encore de la poésie avec de très beaux textes : Ecoute et je t’appelle, Paris, Maspero, 1961 ; poèmes précédés d’un essai Les zéros tournent en rond. Et enfin vient le fameux livre Les femmes algériennes, publié à Alger.

Durant la guerre de Libération Haddad lutte pour la liberté de son pays, en effectuant des missions un peu partout dans le monde, pour faire connaître la cause nationale. Après l’Indépendance, Malek Haddad demeure à Constantine, dirigeant la page culturelle du quotidien de langue française Anasr. De 1968 à 1972, il est directeur de la culture au ministère de l’Information et de la Culture.

Malek Haddad est élu secrétaire de l’Union des écrivains algériens en 1974. Le 2 juin 1978 à Alger, l’artiste quitte ce monde, en laissant derrière lui une gigantesque œuvre non achevée.

Yasmine Chérifi

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