“C’est une affaire d’Etat”

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Rafik Abdelmoumen Khalifa, ex-patron du groupe éponyme, vient de sortir de son mutisme et brise un silence sidéral à l’occasion d’une interview parue, avant-hier, sur les colonnes El Mouhaqiq, hebdomadaire arabophone. Tapi dans son exil londonien, Moumen Khalifa estime que cette affaire est une « affaire d’Etat ». « L’affaire Khalifa n’est pas simple. Elle fait partie des secrets d’Etat et je ne suis pas prêt, à l’heure actuelle, à en parler. » Toutefois, il s’est engagé à vider son sac au cas où il y aurait, dit-t-il un « procès juste ». L’ancien golden boy, réfugié en Grande-Bretagne depuis 2003 souligne que ce qui se passe actuellement à la cour de Blida ne convainc pas l’opinion national et internationale. « Les Anglais, eux-mêmes, ne sont pas convaincus du dossier judiciaire. Ils savent que le dossier est plutôt politique que juridique », note-t-il. Qualifiant son propre procès de « non événement », il estime que l’affaire dépasse « les sacs en plastique (…) c’est une affaire politique, car ma banque n’était pas en faillite. Puis, je ne suis pas un amateur d’argent. Je défie quiconque de trouver des milliards que j’aurais détournés », a-t-il affirmé avant d’indiquer avoir laissé des milliards dans les caisses de la banque mais sans pour autant relever le montant. Il dit avoir « détenir des preuves et des documents » qu’il compte « dévoiler en temps opportun ». L’ex-milliardaire s’est dit prêt pour un jugement en Grande- Bretagne. Il invite, dans ce sens, la magistrate, Mme Fatiha Brahimi, à faire le déplacement dans ce pays afin de se mettre à un interrogatoire. Moumen Khalifa cite le cas des inspecteurs français qui ont fait le détour londonien en février 2006 pour l’interroger sur la liquidation de Khalifa Airways. L’ancien PDG de Khalifa rappelle qu’il ne sera pas extradé, apportant, du coup, un démenti cinglant aux affirmations des officiels algériens, lesquels péroraient à l’unisson que sa prochaine extradition est une « question de temps ». « La justice britannique n’est pas convaincue par le dossier. C’est une justice rigoureuse », annonce-t-il. Catégorique, il dit avoir bénéficié en 2004 du statut de réfugié politique. Sans se prêter à un grand déballage, l’homme « adulé » des autorités algériennes puis devenu « honni » tente de se disculper des différentes charges retenues contre lui. Il dit avoir demandé à un groupe d’experts comptables de renom de faire une « inspection dans les comptes de la banque Khalifa ». Une requête qui n’a pas abouti, selon lui, en raison du « mutisme » des autorités algériennes. Moumen Khalifa affirme qu’il compte faire prochainement des interventions médiatiques sur des chaînes de télévision occidentales au sujet de l’affaire dite Khalifa. Il s’est montré, en outre, avare en informations concernant sa volonté de créer une structure politique. Voulant apporter la réplique aux déclarations de Ahmed Ouyahia, lequel a qualifié « d’escroquerie du siècle » l’affaire Khalifa, l’exilé de Londres ironise : « Ce qu’a dit Ouyahia est la stupidité du siècle ». Par ailleurs, les Keramane, Abdelwahab et Abdenour, respectivement ancien gouverneur de la Banque d’Algérie et ex-ministre de l’Industrie, lesquels ont refusé de se présenter devant la justice algériennes continuent d’intervenir par voie de presse pour crier, documents à l’appui, leur innocences dans « une parodie de justice », selon leurs expressions. Il est indéniable que sans même se présenter devant le tribunal de Blida, les interventions et les déclarations de Moumen Khalifa et des Keramane seront une occasion pour d’autres rebondissements. D’autres révélations aussi.

H. L.

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