Disparition de l’équipe seniors de football

Partager

Bouhamza, une commune enclavée et isolée, située dans une zone montagneuse, le chef-lieu et les villages relevant de cette commune sont haut perchés à quelque 1 000 m d’altitude.

Cette contrée reculée de la wilaya de Béjaïa manque dramatiquement d’infrastructures de base pouvant faciliter le train de vie de ces habitants, lesquels vivent dans le dénuement induit par la misère sociale, source d’un chômage endémique qui a atteint des proportions alarmantes chez une jeunesse dont le désarroi est double.

Au manque de perspectives d’emplois, s’ajoute le manque de loisirs qui se fait sentir avec acuité. De ce fait, quoique l’on dise, quoique l’on pense, inéluctablement, celle qui supporte le plus le poids de l’oubli et qui est livrée à elle-même ne peut être que la masse juvénile, les seuls loisirs disponibles pour les jeunes sont l’errance dans les ruelles de la ville où le temps d’une partie de dominos au café maure.

Les autorités locales ont certes aidé à la création d’une école de football renfermant en son sein une équipe seniors encadrant une pléiade de jeunes catégories.

Mais cela reste une histoire éphémère de deux ou trois années d’existence, puisque l’équipe seniors, fierté de toute la région et qui possédait pourtant des joueurs aux talents avérés, avait quitté la compétition à la fin de la saison 2004/2005 pour faute de moyens financiers, nous dit-on.

Cette disparition a emporté avec elle le rêve de centaines de jeunes footballeurs amateurs qui n’avaient d’yeux que pour leur équipe-fétiche adulée et qui errent dans d’autres clubs.

Pourtant, cette année, son retour sur la scène footballistique officielle était attendue en début de saison, ce qui ne fut qu’une vaine chimère chez une jeunesse avide de sports qui ne respire que du football.

Cette situation de précarité du sport dans cette commune située loin des regards des officiels n’a pour autant pas empêché l’émergence de grands athlètes de football qui ont nourri les clubs de la vallée de l’ORBA à la JSMB.

Aussi, dans d’autres disciplines, plusieurs athlètes de performances se sont distingués dans les championnats nationaux et régionaux.

Ce qui est navrant, c’est que d’aucuns savent, à l’exception bien sûr de ceux qui sont chargés de promouvoir le sport, que les patelins les plus reculés recèlent des pépinières d’athlètes formés dans des conditions très difficiles, car souvent c’est dans des espaces insalubres exigus et accidentés ou sur les chaussées des routes automobiles qu’ils apprennent à taper dans un baillon fait à l’aide d’un sachet de lait vide rempli de chiffons ou de papier.

N’est-il pas du devoir des cadres du sport de faire preuve d’une bonne volonté de déceler ces compétences et de les encourager à faire valoir leurs talents, sans cela, ils sombreront dans l’oubli et nous continueront à rapatrier des joueurs de l’étranger qui n’ont ni leur génie, ni leur savoir.

L. Beddar

Partager