L’ancien directeur de l‘agence d’El Harrach, Djamel Aziz, a été entendu un seconde fois, au tribunal criminel près la cour de Blida, au dix-septième jour du procès de l’affaire Khalifa dans son volet relatif à la caisse principale. Celui-ci affirme avoir remis la somme de 136 000 euros à Kebbache Ghazi, oncle maternel de Khalifa Moumen. Durant sa première audition, l’accusé avait avoué avoir donné des sommes d’argents importantes à de nombreux hauts responsables de Khalifa Bank et Khalifa Airways sur instruction du P-DG lui-même. La présidente de la cour, Mme Brahimi lui demande comment il peut expliquer les crédits qu’il avait octroyés à de hauts cadres d’El Khalifa Bank. «Dahmani Nourdine me remettait des papiers signés par le P-DG. Nannouche avait bénéficié de deux crédits pour l’achat d’un appartement pour sa fille. Le premier était de l’ordre de 450 millions de centimes et l’autre de 500 millions de centimes», relate-t-il. La juge l’interroge au sujet de Yacine Ahmed. Aziz Djamel dit l’avoir présenté à Moumen Khalifa pour effectuer un placement. La juge l’interpelle sur ses propres biens. L’inculpé assure qu’il louait un étage à Cheraga et possédait déjà une voiture avant de devenir directeur de l’agence d’El Harrach à la banque Khalifa. Apès cela, il a disposé d’une villa d’une superficie de 110 m2. Selon lui, le rez-de-chaussé servait de cabinet dentaire pour sa femme alors qu’au premier étage se trouvait un matériel d’analyses médicales. Mme Brahimi interroge : «En l’espace de six mois ?». «Je suis issu d’une famille aisée. Mon père est un commerçant et c’est lui qui m’avait aidé à acheter ma voiture. Mon frère était entrepreneur et m’avait aidé à construire ma villa», répond Aziz.
Cartes thallasso gratuites…à volonté
La magistrate reprend la parole pour l’interroger au sujet de la signature de documents qui ne relevaient pas de ses fonctions dans une allusion au contrat de sponsoring contracté avec le centre de Thallassothérapie de Sidi Fredj. Aziz estime l’avoir paraphé dans le cadre du contrat de marketing. «Quelle était votre qualité juridique pour faire cela ?», lui demande-t-elle. L’accusé réplique que c’était une projet qui n’existait pas avant, en ajoutant : «Ils nous donnaient les trois locaux et nous financions le matériel de cla afétéria ; et des parasols…». La magistrate revient à la charge : «Qu’est-ce qui vous donnait le droit de faire ça ?», sans pour autant avoir de réponse. Elle lui demande l’identité de celui qui avait établi la liste nominative des personnes qui avaient bénéficié de soins au niveau du thallassothérapie :
«C’était moi et mon directeur-adjoint», lance-t-il. Mme Brahimi tente de savoir combien coûtaient toutes ses cartes à Khalifa. L’inculpé fait vite de dire que c’étaient les intéressés qui payaient leurs charges. Cette réplique fait sortir la juge de ses gonds. Elle veut savoir quelle était sa qualité pour aller jusqu’à donner le nom d’Ali Aoun, P-DG de Saidal, pour lui proposer des cartes de ce genre. «Est ce que ces gens vous demandaient votre service», interroge Mme Brahimi. Aziz Djamel répond que cela était une relation commerciale. Sur ce, la juge enchaîne : «C’est un enrichissement sans raison que la loi punit», lance-t-elle à l’encontre de l’accusé. Le procureur général intervient, pour sa part, pour lui faire savoir le défunt Alloui affirmait que Meddour Nannouche et Ghazi n’étaient pas des responsables. «Ils venaient pour prendre de l’argent», constate-t-il. Aziz, le directeur de l’agence d’El Harrach, note qu’il passait par plusieurs agences pour convoyer les fonds. Il dit qu’il faisait le transfert des fonds «le plus normalement» en compagnie des écritures comptables. Le procureur l’informe que des écritures arrivaient à la caisse principale sans fonds. «Aucun envoi ne ma était rejeté», se défend Aziz. A la question de savoir quel a été le montant des frais contractés par les gens ayant bénéficié de cartes de gratuité pour bénéficier des bienfaits du Centre de thalassothérapie, l’accusé s’abstient et se contente d’avancer le chiffre de deux millions de dinars payés dans le cadre du contrat de sponsoring.
Ce montant a été de l’ordre de 4 millions de dinars que la banque Khalifa, estime Mme Brahimi, n’a pas encore honoré auprès de la direction du centre, lequel s’est constitué partie civile. Aziz Djamel maintient ses propos et dit n’avoir rien payé au profit de ces personnes. Toujours est-t-il que l’accusé avoue avoir donner une carte thalasso en contrepartie d’unplacement de 70 millions de dinars dans l’agence d’El Harrach. La magistrate revient encore une fois au sujet de la relation du directeur de l’agence d’El Harrach avec Dahmane Nourdine.
L’accusé dit que celui-ci avait bénéficié d’un crédit bancaire. «Après sa demande, j’avais débloqué le crédit sur son compte», explique-t-il. La présidente de l’audience l’interrompt. Elle lui fait remarquer que Dahmane Nourdine disait avoir bénéficié de 250 millions de centimes comme «cadeau» pour n’avoir pas rendu, encore moins signé un quelconque document. La magistrate lui demande rageusement de lui fournir une preuve qu’il avait réellement ouvert un compte à Dahmane. L’inculpé persiste bel et bien que ce dernier avait un compte. «Il n’avait pas de compte», objecte Mme Brahimi, la voix grave. Elle exhibe une liste composée de 39 noms et de leurs entreprises et qui avaient bénéficié gracieusement de cartes de thalasso. «Est ce que ces noms étaient tous des clients de l’agence d’El Harrach ?», questionne la juge. «La majorité étaient des clients et les autres des privés», répond l’accusé avant d’ajouter qu’il avait avec ces derniers des relations «d’amitiés». La présidente lui demande de savoir quelle sa qualité, il avait établit cette liste nominative. Aziz Djamel insiste que cela rentrait dans le cadre du marketing. Non convaincue par les déclarations de l’accusé, Mme Brahimi lui égrène un chapelet de conditions que le contrat de sponsoring avec l’agence d’El Harrach n’avait respectées. Elle a constaté de nombreuses entorses à la procédure. Pour l’enfoncer davantage, la magistrate lui fait savoir que son adjoint, Sigli Idir, avait affirmé au juge d’instruction qu’ils se déplaçaient au niveau des sociétés d’Etats en vue de les encourager à placer leurs fonds dans la banque Khalifa en contrepartie de services gratuits. L’inculpé déclare que cela se faisait dans le cadre de relations commerciales. Est-ce que l’agence distribuait des cartes de voyages gratuites, Aziz tente de s’en laver les mains en soutenant que cela se faisait à Khalifa Airways. «C’était la politique d’El Khalifa Bank», lâche-t-il.
Mme Brahimi lui demande alors s’il avait la fonction de démarcheur financier à la banque Khalifa. Aziz Djamel dira qu’il était aussi démarcheur de l’agence d’El Harrach. Par ailleurs, la juge fait appel à certains accusés, dont Ali Aoun, le P-DG de Saidal. Certains n’étaient pas présents dans la salle. Elle annonce que désormais tous les inculpés doivent répondre présents à toutes les audiences du procès. Le procès reprend dans l’après-midi avec les questions des avocats de la défense à l’encontre de Aziz Djamel. Un avocat de Ali Aoun, accusé lui aussi dans cette affaire, demande au directeur de l’agence d’El Harrach si le groupe Saidal avait un compte courant dans ladite agence. Négatif, répond Aziz. Ce dernier soutient que c’est la direction générale qui fixe les taux d’intérêt, lesquels, selon ses propos, atteingnent une fourchette de 9%.
Le représentant du ministère public reprend la parole pour l’interroger concernant les agences qui avaientdéposé leur argent dans l’agence d’El Harrach. L’inculpé avance devant la barre, les noms de Mustapha Menad, responsable de la CNAS, lequel avait effectué un placement de 10 millions de dinars. Il cite également le nom de Mahrez Ait Belkacem, responsable à la CNAC, qui avait placé une somme de l’ordre de 1,8 milliard de centimes et celui de Boubadra Hassan, P-DG de la CASNOS qui avait placé 1,2 milliard de centimes dans son agence. La présidente du tribunal interpelle Akli Youcef, caissier principale pour une confrontation avec Aziz Djamel.
Akli Youcef enfonce Aziz Djamel
Debout au box des accusés, Akli confirme qu’il reçoit effectivement des EES (écritures entre sièges) sans les fonds. Il dit avoir remarqué des écritures là où il y avait la mention «instruction du P-DG». Akli rappelle qu’il avait saisi Moumen Khalifa au sujet des ces écritures. «Il me disait de les laisser en instances en attendant les justificatifs. Je ne les avais pas débouclés», explique le caissier de la caisse principale de Chéraga. La magistrate lui demande d’expliquer ce qu’est une opérations de fonds. Akli apporte un démenti cinglant à l’endroit de Aziz Djamel en affirmant que s’il n’y avait pas un retour des accusés de réception, l’agence se devait de s’inquiéter, ces déclarations sonnent dans les oreilles de Aziz comme un désaveu. Celui-ci affirmait auparavant n’avoir jamais reçu ce genre de document. Le procureur général intervient pour enfoncer un peu plus le chef d’agence d’El Harrach. Il demande à Akli est-ce-que Yacine Ahmed et Zerrouk Djamel lui avaient remis de l’argent auparavant. «Jamais de la vie», répond Akli. «Nannouche et Ghazi étaient-ils des convoyeurs ?», renchérit le parquetier. La réplique de Akli est négative. Comme peiné, il demande à Aziz de s’expliquer. Celui-ci tente de se disculper en soutenant que ses comptes étaient réglés. «En informatique. Alors pourquoi, on a découvert un déficit dans l’agence ?», lui demande la juge. La réponse ne vient pas.
4 crédits en une année!
Plus tard, la cour fait appel à Djamel Zerrouk, à la barre en tant qu’inculpé pour les chefs d’inculpations d’associations de malfaiteurs et vol caractérisé. L’accusé affirme avoir bénéficié de 4 crédits en l’espace d’une année, entre 2001 et 2002. Ils étaient de l’ordre de 80 millions, puis de 20 millions, ensuite de 30 millions et enfin de 200 millions de centimes. «Je faisais des demandes justifiées», explique-t-il. Mme Brahimi s’exclame : «les gens ont été généreux. En une année, vous aviez eu 4 crédits !». Il dit les avoir eu de l’agence de Hussein Dey.
Plus loi Zerrouk, qui occupait le poste, de directeur financier à Khalifa Air ways, a démenti avoir était chercher de l’argent à l’agence d’El Harrach auprès de Aziz djamel. «Il m’est impossible d’avoir cet argent dans cette agence d’autant plus que je’ n’avais pas un compte. C’est le juge d’instruction qui m’a informé de cela», se défend-t-il.
Hocine Lamribe