Après l’aéroport Abane-Ramdane fermé pour travaux depuis octobre 2006 et dont le taux d’avancement, évalué à 15% fait jaser d’aucuns qui vont jusqu’à soutenir mordicus qu’il ne sera pas prêt pour la saison estivale, voilà que l’autre lucarne sur le monde extérieur, le port de Béjaïa, se promet au même sort. Cette fois, il ne s’agit pas des démêlés des responsables de l’EPB avec la justice, ni de saisie record de drogue, mais de l’infrastructure proprement dite : les fameux quais 6 et 7 qui, depuis quelques années déjà, posent problème.
En effet, ces surfaces d’appontement s’enfoncent un peu plus chaque année jusqu’à atteindre la cote d’alarme. Une situation, qui couplée aux dépôts marins nécessitant un dragage urgent, fait que le tirant d’eau s’amenuise avec le temps jusqu’à ne plus permettre aux navires d’accoster.
Un marché a été passé avec l’entreprise Cosider qui s’est engagée à effectuer les travaux de confortement dans un délai n’excédant pas 14 mois. Seulement force est de constater qu’à ce jour, de report en report, les travaux se sont limités à la pose de barrières isolant les quais et réduisant de manière drastique l’espace utilisé d’ordinaire par les différents services opérant au port pour, notamment, canaliser l’important flux de véhicules sortis du ventre des ferries par centaines ou s’apprêtant à embarquer. Souvent, ce sont six files qui se forment à chaque arrivée de navire, surtout en saison estivale. Les désagréments causés aux passagers et aux opérateurs, déjà à la limite du supportable en période normale s’en trouvent décuplés avec les restrictions apportées à l’espace de manœuvres des véhicules, rendant du coup, la gare maritime et ses annexes totalement obsolètes. Les contraintes dans le traitement des véhicules, 500 en moyenne par rotation, débordent du strict cadre portuaire pour investir la voie publique créant des bouchons interminables, entravant le trafic urbain et paralysant le terminus de la porte Sarrasine.
Un comité de facilitation maritime regroupant toutes les parties, après analyse de la situation qui fait planer un risque certain sur la ligne Béjaïa-Marseille, a établi en direction des armateurs une liste de recommandations à même de sauver une saison estivale dont on sait l’importance sur l’économie locale
(38 000 passagers pour les seuls mois d’été). S’inscrivant dans une logique qui ne réserve à la rentabilité, seul crédo qui vaille en économie de marché, que la portion congrue, le comité préconise la suppression du système arrivée-départ. Cette mesure, faut-il le préciser pénalise autant l’opérateur national, l’ENTMV que la SNCM, compagnie française. Avec tout de même, un peu plus de souplesse pour cette dernière qui ne se voit pas imposer une nuitée à quai. Ces mesures en vérité n’arrangent aucune des deux sociétés. Opérant avec des flottes réduites en plein rush estival, ENTMV et SNCM feraient bien l’économie d’escales trop longues. Jusqu’à présent, après avoir pris acte de ces contraintes presque incontournables, les deux partenaires réservent leur réponse. Et rien ne permet aujourd’hui d’affirmer leur adhésion à ces propositions. Des indiscrétions font même état des dispositions de l’opérateur français à maintenir la ligne, mais uniquement dans le sens Marseille-Béjaïa, osant ainsi le risque d’un manque à gagner certain. En somme, les appréhensions formulées par les uns et les autres quant au risque de voir la prochaine saison estivale compromise sont bien établies. Mises dos au mur et mues par des impératifs de rentabilité, l’ENTMV et la SNCM sont prêtes dans le pire des scénarios, à aller tout simplement voir ailleurs. Un cas de figure dont Béjaïa se passerait volontiers, car conjugué au doute exprimé quant à la livraison dans les délais de l’aéroport et l’asphyxie de Tichy dont les travaux de dédoublement de la RN 9, nœud gordien de la coquette station balnéaire, piétinent, c’est le tourisme local qui va en prendre un sérieux coup.
Mustapha Ramdani
