Les écrits philosophiques de l’ombre

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Rosmini Sabati Antonio est un philosophe italien. Né à Rovereto (Trentin) le 24 mars 1797, d’une famille patricienne, et mort à Stresa en juillet 1855. Il montra dès son très jeune âge de grandes dispositions pour la philosophie et un goût prononcé de l’ascétisme.

Après avoir étudié la théologie à l’université de Padoue, Rosmini, ordonné prêtre en 1821, il fréquenta l’élite intellectuelle de Milan, fonda en 1828 l’Institut de la Charité, voué à l’éducation, et fut nommé curé de Saint-Martin de Rovereto.

A partir de 1830, il publia un nombre considérable d’ouvrages philosophiques dont le spiritualisme allait de pair avec une adhésion enthousiaste aux idées modernes. Il publia notamment : Maximes de perfection (1831), suivies du Nouvel essai sur l’origine des idées, qui eut un vif succès, Le Renouvellement de la philosophie en Italie, le Traité de la conscience morale (1839), La Philosophie du droit (1841-1845), le Système philosophique(1845).

A la demande de Cesare Cantu qui l’inséra dans son Histoire universelle le philosophe écrit : La Constitution selon la justice sociale, Des Cinq plaies de l’Eglise et le fameux Sur le communisme et le socialisme (1849). Sur la liberté d’enseignement il produit de nombreux textes. Sans oublier son grand ouvrage la et sa Correspondance ; qui existe encore en treize volumes dans les librairies italiennes. Son rayonnement comme philosophe lui valut plus d’un adversaire, notamment Gioberti, auteur du livre Des erreurs philosophiques de A. Rosmini et les jésuites. Son activité ayant paru suspecte au gouvernement autrichien qui excita contre lui le prince évêque de Trente (dont dépendait Rosmini), le philosophe dut quitter le Trentin et se fixa définitivement à Stresa. Ses écrits, pénétrants mais d’un ton modéré, étaient cependant, de la part d’un prêtre, autant d’actes de courage. Aussi, sans l’avoir désiré, il ne tarda pas à figurer au nombre des personnalités agissantes du « Risorgimento ». Convaincu de l’urgence de réformer l’Etat pontifical, l’élection de 1846, alors partisan de ces réformes, ne pouvait que le réjouir. Appelé d’urgence à Turin par Casati, président du Conseil, Rosmini accepta la mission extraordinaire à lui confiée par le roi de Sardaigne Charles-Albert, pour inciter le pape à faire alliance avec le Piémont dans la guerre contre l’Autriche. Rosmini suggéra et fit accepter à Pie IX l’idée d’un concordat entre le Piémont et le Saint-Siège, et de jeter les bases d’une confédération des Etats italiens sous la présidence du pape. Mais les Autrichiens avançaient et, finalement, la tentative d’intervention militaire de Rome contre l’Autriche échoua.

A la demande du pape, Rosmini demeura dans la ville éternelle et, lors de l’assassinat du comte Pellegrino Rossi, ministre pontifical tué au cours d’une émeute en 1848, il lui conseilla de prendre des distances. Rosmini refusa la charge de président du Conseil parce que, estimait-il, le ministère qui venait d’être formé était inconstitutionnel et que le pape ne jouissait pas de son entière liberté. Dans son désir de ne pas compromettre le pouvoir temporel de Pie IX, il avait insisté pour que l’on tînt compte du peuple. Lorsque prévalut la politique du cardinal Antonelli, le philosophe connut la disgrâce.

A peine avait-il quitté Rome en1849 qu’il apprit la mise à l’index de la Constitution selon la justice sociale et Des Cinq plaies de l’Église. Manzoni, ami de Rosmini, était à son chevet lorsqu’il mourut. Dès que fut connue la nouvelle de sa mort, Cavour l’annonça à l’Europe comme un deuil national. Aujourd’hui nombre d’écrits philosophiques du penseur italien ne sont pas encore traduits dans la langue de Molière. En Algérie, à part les vieux manuscrits des bibliothèques héritées de la période coloniale, très peu de livres parlent de Rosmini Sabati Antonio. Même certains dictionnaires ne lui consacrent point d’espace.

Yasmine Chérifi

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