Rupture

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« Ce n’est pas parce que le mouvement fait moins de bruit qu’il a pour autant disparu de la scène « . Les termes et le ton de cette réaction d’un délégué des Aarchs peuvent certes apparaître comme un dérisoire moyen d’affirmation d’une existence compromise.Ce n’est pourtant pas tout à fait le cas.En appréciant les choses avec un minimum de lucidité, on se rend compte qu’un mouvement qui a atteint une telle ampleur populaire ne peut être enterré aussi facilement. S’il n’occupe plus la rue,c’est que cette étape est dépassée et qu’il fallait passer à autre chose,ce qui a été fait avec plus ou moins de bonheur.Si l’action du Mouvement citoyen à ses premiers balbutiements ne pouvait se situer en dehors de la colère populaire parvenue à son paroxysme,son mode d’organisation a par contre d’emblée montré ses limites, ce qui lui a valu bien des déboires.Méfiants, construits à partir non d’une expérience à fructifier mais de désillusions à éviter, les Aarchs sont tombés dans les travers de l’apolitisme là où précisément, il n’y avait que de la politique.

Embryonnaire,un courant qui murmurait dès le départ qu’on ne pouvait agir sans structures sérieuses pour la réalisation d’un projet aussi ambitieux a vite compris sa douleur.Il le comprendra encore plus lorsqu’il a suggéré que les conflits ne pouvaient pas finir ailleurs qu’autour d’une table de négociations. Sa composante était-elle en avance sur son temps ou nourrissait-elle quelque dessein caché ? Toujours est-il que tout le monde a fini par se rendre à l’évidence.Les barricades sont devenues ringardes jusqu’à la disparition,le bureau de Ahmed Ouyahia a cessé d’être un coupe-gorge et la structuration un projet enthousiasmant.Il est significatif qu’après la nomination de Belkhadem à la tête du gouvernement,les choses se sont inversées puisque ce sont les Aarchs qui ont montré plus de disponibilité au dialogue que le Premier ministre, censé pourtant avoir le sens de la continuité de l’Etat.Le mouvement citoyen fait maintenant bel et bien de la politique et c’est tant mieux qu’ils le fassent enfin sans complexe.Il est en effet impensable que l’avenir des animateurs de ce mouvement qui ont engrangé, souvent dans la douleur,un capital militant considérable,soit envisagé en dehors du champ politique où ils peuvent être le plus utile. D’une maniére ou d’une autre, l’interwilayas esquissera les contours d’un premier engagement aux prochaines élections et, ce qui ne gâte rien, il sera aussi question de structuration dans cette rencontre aux allure de ruptures.

Slimane Laouari

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