Onze militants contestataires radiés

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Pas moins de 11 militants, entre cadres et élus, ont été radiés lundi dernier, des rangs du parti de Hocine Ait Ahmed. Il leur a été reproché d’exercer de l’opposition au secrétariat national.

Une décision qui fait dire que le plus vieux parti de l’opposition est devenu vulnérable à toute forme de débat contradictoire qui apparaît en son sein. Alors que le credo même de sa ligne politique s’appuie sur de l’objection à tout-va, le FFS vient de se faire piéger par le traitement qu’il vient de réserver à ses militants frondeurs.

La sentence a été rendue par un membre du secrétariat national lors d’un conseil fédéral de Tizi-Ouzou, tenu à Drâa Ben Khedda, en l’absence inexpliquée du premier secrétaire fédéral, M. Rabah Brahimi. Ce dernier, selon un militant qui a assisté à la réunion qui avait duré près de sept heures, n’a pas échappé, non plus, aux remontrances de certains membres du parti.

Parmi les nouveaux radiés, l’on a retenu le Dr Ait Belkacem, Chérif Melbouci, membre fondateur du FFS et Youcef Ouarab. Les trois sont accusés d’être derrière les actions de protestation ayant apparu en été dernier.

Les auteurs de cette énième purge au sein du Front des forces socialistes ont néanmoins pris le soin d’épargner les vieux militants, appelés “les anciens de 1963”, pour des raisons que notre source n’explique pas. Ce militant qui a pris part au conseil fédéral de ce lundi à l’ex-Mirabeau, n’a pas caché son désarroi face à ce qu’il qualifie d’“hypocrisie”, puisque ces anciens militants font partie du mouvement de fronde.

A en croire certains de ces derniers, une motion de soutien sera adressée aux instances du parti pour contester contre la “décision discriminatoire” prise à l’encontre de leurs camarades radiés. Ils iront même, ajoute-on, jusqu’à demander d’être à leur tour radiés du FFS.

Il est à rappeler que le FFS avait procédé à la radiation de cinq membres du conseil national en novembre dernier et avait aussi actionné la levée de la couverture politique à l’encontre d’une vingtaine de ses élus qui siègent dans différentes assemblées municipales à travers le territoire national.

Les concernés par cette purge, que nous avons contacté, hier, se sont refusés à tout commentaire, même s’ils laissent entendre que la décision prise à leurs dépens laisse apparaître une certaine équivoque puisque aucun d’entre eux n’a comparu devant la commission de discipline, seule habilitée à prendre des mesures coercitives en cas de manquement grave à la conduite militante.

Ce nouveau pas ainsi franchi par le FFS ne manque pas, non plus, de susciter des lectures des plus inconfortables au sujet de qui commande quoi au plus vieux parti de l’opposition. Et pour cause : la décision de radier les 11 militants tombe en nette contradiction avec ce que Ali Laskri, premier secrétaire national, avait déclaré dans une interview accordée, lundi, à notre confrère El Watan, selon lequel, “les débats contradictoires au sein du FFS dénotent de la bonne santé du parti.” Or, c’est le jour même où l’entretien est apparu publiquement que la sentence d’exclusion a été prise dans un conseil fédéral qui a été dépourvu, néanmoins, du pouvoir de rendre le “verdict”, puisque cette tâche a été dévolue à un membre du secrétariat national, comme pour témoigner de l’acharnement d’une instance contre ses opposants.

Questionnés sur une éventuelle action de riposte, les exclus du FFS ne s’estiment pas être dans la défensive et précisent qu’“aucune riposte indigne de militants disciplinés”, n’est à l’ordre du jour. Ils signalent, par ailleurs, qu’une réunion des fédérations contestataires est prévue demain à Boumerdès pour tracer un plan d’action à mener au sein des structures du parti.

M.A.T.

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