40 voitures de KRC volatilisées

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Le tribunal criminel près la cour de Blida a auditionné, hier, Mohand-Arezki Amghar, dirigeant de la filiale Khalifa rent a car (KRC), en sa qualité d’accusé pour les chefs d’inculpation d’associations de malfaiteurs, vol qualifié avec violence, escroquerie et abus de confiance en vertus des articles 176,177 et 372 du code de la procédure pénale. Ancien retraité de la BNA en 1998, il rejoint la banque Khalifa pour occuper le poste de directeur de la direction générale de l’administration le premier octobre 1998 pour un salaire de

150 000 DA. “En mai 2002, Khalifa m’a demandé d’ouvrir une représentation de la banque à Paris”, relate-t-il. La présidente de la cour, Mme Fatiha Brahimi, lui demande des explications sur le crédit qu’il avait reçu. “J’ai fait une demande à Moumen Khalifa qui m’a indiqué le montant sur la demande. Je l’ai envoyé vers la direction du personnel pour recevoir un chèque d’un montant de 450 millions de centimes avec un taux d’intérêt de 3 %”, estime-t-il avant d’ajouter que le remboursement qui devait se faire sur une période de 96 mois, s’effectuait par prélèvements sur son salaire. La juge l’interroge sur le projet de FRC dont il était le chef, une filiale détenue par Khalifa Bank et Khalifa Airways, chacune avec 50% de participation. Amghar dit avoir été payé pour un salaire de

10 000 FF lorsque il était hébergé dans un hôtel puisà

20 000 FF au moment où il occupait un logement de fonction à Paris.

La représentation de Paris n’a jamais existé

Il avoue que ce n’était pas lui qui payait son loyer en France. Me Brahimi l’interroge au sujet de Hocine Soualmi, directeur de l’agence des Abattoirs, qui affirmait avoir travaillé dans le bureau de liaison de Khalifa en France. L’accusé est catégorique : “il n’a jamais existé. J’avais fait la démarche pour l’ouvrir. J’avais fait une demande à la Banque d’Algérie. L’argent devait venir d’ici. Khalifa m’avait dit de rentrer”. La juge : “est-ce que vous aviez entendu parler des gens qui avaient des comptes dans cette représentation ?”. Amghar : “C’est impossible. (…) le compte de Sao Paulo est un compte de correspondance propre à la banque Khalifa. (..) Il devait recevoir les transferts d’Algérie et servir à payer les fournisseurs.”.

La magistrate lui demande comment il a pu bénéficier d’un crédit de 1.5 milliard de centimes de la filiale KRC. “On s’est entendus moi et Moumen Khalifa à prendre l’argent de KRC”, répond-il. La présidente du tribunal lui fait rappeler ses déclarations devant le juge d’instruction selon lesquelles il avait retiré la somme en question une semaine après avoir eu l’accord écrit de Khalifa. La juge lui demande si l’argent qu’il avait retiré de KRC était pour lui personnellement ou pour la société. L’accusé : “C’était pour moi. J’ai remboursé la banque et j’ai acheté un appartement pour 9 millions DA.”

Les voitures de KRC donnés sur ordre de Moumen

Le ministère public intervient pour l’interroger au sujet des entreprises ayant fait des dépôt à terme et qui avaient bénéficié de voitures à KRC. Amghar dit avoir donné une voiture au profit de “la Radieuse”, une association sportive, deux voitures pour le CCFC de Karim Mahmoudi et 10 autres véhicules pour les organisateurs de “l’Année de l’Algérie en France”. Voulant se justifier, l’inculpé dit avoir reçu des ordres pour donner ces voitures. Le procureur revient au sujet du prêt : “Logiquement, vous deviez prendre le crédit à la banque”, lui fait-il remarquer. L’accusé : “C’est un prêt. Il y avait une autorisation.” Le procureur lui indique que l’autorisation devait être préalable, non pas une semaine après avoir retiré le crédit. A en croire le représentant de ministère public, 40 voitures des 120 que détenait KRC se sont volatilisées dans la nature. Amghar dit que même le jardinier de l’ex-golden boy en a pris une.

« Un chef d’agence ambulant »

Par ailleurs, un autre accusé est passé à la barre. Il s’agit de Belaid Kechad, ancien directeur de l’agence bancaire d’El Khalifa Bank à Blida. Selon l’ordonnance de renvoi, il est accusé d’associations de vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et de faux et usage de faux d’écritures bancaires. Bardé de diplômes, il était chef d’agence BDL 181 pour un salaire de 24 000 DA avant d’occuper le poste de directeur de l’agence de Blida d’El Khalifa le 8 février 1999 contre payement d’un salaire de 36 000 DA. Acculé par les questions de Mme Brahimi, il finit par cracher le morceau. Il dit avoir sillonné de nombreuses wilayas de l’Est du pays dans l’espoir de convaincre les responsables d’entreprises d’effectuer des dépôts dans la banque Khalifa. “Je partais là où il n’y avait pas d’agences de Khalifa, une fois par mois”, reconnaît-t-il. La juge lui fait savoir qu’il a été même jusqu’à se déplacer vers des wilayas de l’Ouest comme Oran et Ghélizane. Kechad avoue avoir contacté l’OPGI et l’EPLF de Blida pour leur proposer des taux d’intérêt qui variaient entre 8% et 13%. La juge veut savoir quel était le plus grand montant déposé à Blida. L’accusé l’estime entre 300 et 500 millions DA. Il tente de nier même ses propos tenus auprès du juge d’instruction, selon lesquels il proposait aux responsables de ces entreprises des billets de vol gratuits. “Il a mal interprété”, objecte-t-il. Plus loin, il révèle avoir eu à se déplacer en compagnie de Chachoua Hafidh, responsable de KGPS (groupe Khalifa prévention et sécurité) et de Meziane Ighil, consultant à Khalifa. Kechad récuse avoir offert une carte de voyage gratuite au profit de Keireddine El Walid, P-dg de l’OPGI d’Oran contrairement à ses déclarations tenues devant le juge d’instruction. Toutefois, il reconnaît avoir octroyé un crédit de 5 millions de DA, retiré de l’agence Saint-Georges (El Djazaïr) par Ahmed Boubechera, directeur général par intérim de l’OPGI de Constantine. Mme Brahimi lui demanpourquoi avoir retiré cet argent de l’agence de Saint-Georges alors qu’il avait un compte à l’agence de Chéraga. L’accusé reste de marbre. Plus loin, il soutient avoir octroyé un crédit de 150 millions de centimes au profit de Ighil Meziane, consultant sportif à Khalifa Bank. La juge lui fait savoir que c’était un découvert. Kechad tente de justifier ce découvert à un crédit tout court avant de reconnaître la vérité. Mieux encore, il dit que Ighil avait demandé l’extension de sa ligne de crédit pour atteindre le montant de 1.5 milliard de centimes. L’ancien chef d’agence de Blida rappelle avoir arrêté de travailler pendant 4 mois alors qu’il continuait à toucher son salaire de 58 000 DA. Il dit avoir rejoint l’agence de Staoueli en août 2002 jusqu’à la liquidation. Mme Brahimi lui demande des explications au sujet des 13 comptes d’un montant de 121 millions DA de l’agence de Staoueli où des personnes ayant des dettes sont devenus par un tour de passe- passe des créanciers. L’accusé reste évasif en estimant que ces gens sont venus sur la base d’un crédit qu’ils avaient payé. Maître Meziane, avocat de la liquidation de la banque Khalifa revient sur le sponsoring.

2 milliards de centimes de sponsoring pour USMB

Kechad avoue en ce sens que l’USM Blida avait un compte dans son agence et qu’elle avait reçu une somme de 2 milliards de centimes entre salaires et primes des joueurs durant l’année. Sur un autre sujet, Kechad affirme que l’OPGI de Tizi Ouzou a fait un placement de 30 milliards de centimes auprès de l’agence de Blida. Le tribunal a entendu le témoignage de Rachid Bousehoua, accusé pour recel d’objets mal acquis, selon le renvoi d’arrêt lu par la juge. Il estime avoir eu une voiture de type Golf achetée auprès du concessionnaire Wolkswagen pour une somme de 220 millions de centimes. Là, la magistrate lui fait savoir que le bon de livraison était au nom du groupe Khalifa. “J’ai la facture comme quoi j’ai payé”, se défend-il. La juge : “Comment expliquer que la carte grise a été établie à Bouzaréah alors que la facture est établie à l’adresse de Médéa ?”. Bousehoua réplique que c’était Chachoua qui lui avait fait la carte grise. La juge lui demande comment justifier le fait que sa femme avait acheté un appartement à M’sila pour une somme de 220 millions de centimes. L’inculpé : “Je suis un propriétaire terrien”. Les audiences reprennent aujourd’hui.

Hocine Lamriben

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