»Freiner la médiocrité »

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La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous raconter vos premiers pas dans la chanson ?Omar Sahnoun : Mes débuts ressemblent à ceux de tous les chanteurs kabyles. J’ai commencé à chanter dans les champs à l’aide d’une guitare faite à partir d’un bidon d’huile. J’avais à peine 12 ans. J’adorais interpréter les chansons d’Aït Menguellet et d’El Hasnaoui.

Quand avez-vous composé vos premières chansons ?L’une de mes premières chanson s’intitule Mebrouk a Fadhma. Je l’avais chanté d’abord dans les fêtes de mariage que j’animais et puis intégrer dans un premier album. Avant même que mes chansons ne soient enregistrées elles étaient fredonnées par les femmes dans les fêtes familiales.

Quand est-ce qu’est né votre premier album ?Ma première cassette a été enregistrée en 1980 aux éditions Amina de Paris. Cette boîte avait aussi produit le regretté Hamidouche, Malika Doumrane et le groupe Afous. Mon premier album a reçu un écho favorable. J’avais 19 ans et j’étais content que mon parcours démarre ainsi. Je dois néanmoins avouer qu’il s’agissait de chansonnettes mais elles étaient appréciées par le public. C’était une autre époque.

Quand avez-vous commencé à chanter ? Vous avez sans doute côtoyé d’autres artistes…J’ai connu Matoub Lounes en 1978. Nous nous sommes rencontrés à Ath Douala par l’intermédiaire du regretté Achour Belghezli. Moh Achour était percussionniste. Avec Matoub nous venions de commencer simultanément. Nous nous sommes encouragés mutuellement. Il y avait des appréhensions, celles de tout débutant. Moh Achour jouait un rôle important.

Votre carrière s’est poursuivie….Après 1980, j’ai produit un autre album intitulé Dallas-Paméla. La télévision diffusait un feuilleton américain qui faisait un tabac : Dallas. J’avais un ami qui était mort sur la route Alger-Tizi-Ouzou. Il était pressé de rentrer chez lui pour ne pas rater l’épisode du jour. Ce feuilleton était un véritable phénomène de société. C’est pourquoi, j’ai eu l’idée de lui consacrer une chansonnette.

Votre carrière a-t-elle eu un déclic ?Dès le départ il y avait eu un déclic. J’étais instituteur à Tigzirt. J’animais des spectacles à Tizi-Ouzou, à Alger, mais la majorité de mes spectacles se sont produits en France.

Mais en 1987, vous avez opté pour le chaâbi. Pourquoi ?Avec l’âge on devient mûr. J’ai pris conscience du combat identitaire. ¬e passage à la chanson engagée était inévitable. Sur le plan musical, j’ai choisi le chaâbi car j’étais un fan d’El Anka, de Guerouabi et d’El Hasnaoui. C’était en quelque sorte un retour aux sources. Je pensais que ma voix s’apprêtait au style chaâbi. Pour moi, c’était un retour aux sources. A partir de là je produis un album pratiquement chaque année.

Vous êtes actuellement plus à cheval sur les textes et la composition musicale…C’est vrai que ces derniers temps je me consacre beaucoup aux textes et la musique. J’essaye de faire de mon mieux pour donner le meilleur de moi-même. Notre jeunesse a perdu ses repères et se cherche en matière d’écoute musicale. Il y a des détracteurs qui ont ciblé la chanson kabyle de qualité. Maintenant, le moment est venu pour réhabiliter la chanson kabyle grâce à l’apport de tous.

Parlez-nous de votre dernier album…Il est sorti le 21 avril 2005 aux éditions Tafsut. J’ai mis 14 mois pour le composer. J’ai repris une chanson de Boudjemaâ El Ankis Bahr Ettoufan. Les six chansons sont variées. Il y a des chansons d’amour, sociales et politiques. J’ai effectué l’enregistrement au studio Diane Music avec la participation de 16 musiciens.

Que pensez-vous de la chanson kabyle ?Il y a beaucoup de jeunes artistes qui font du bon travail. Avec des produits de qualité, on peut freiner la médiocrité.

Propos recueillis par Aomar Mohellebi

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