L’Espérance sportive de Beni Maouche, équipe senior de football ayant évolué l’année écoulée, dans le championnat préhonneur de la wilaya de Bejaia, grand espoir de la masse juvénile locale qui ne s’attendaient pas du tout à cette disparition survenue prématurément, faute de moyens humains et matériels, s’est retirée cette année de la compétition officielle en emportant avec elle le rêve de centaines de jeunes pratiquants amateurs et celui de milliers de fans qui n’ont d’yeux que pour leur équipe fétiche et adulée, qui drainait un monde fou lorsqu’elle évoluait à domicile.
C’était durant les années 80 alors que la parabole et l’Internet n’avaient pas encore fait leur apparition dans cette commune enclavée, reculée et nichée au flanc est de la montagne d’Achtoug avec une pléiade de villages qui la compose, que des gens mordus du sport et bien informés sur le rôle déterminant que joue le mouvement associatif dans l’épanouissement et l’orientation de la masse juvénile se sont engagés avec une ferme conviction de doter leur commune rurale, qui manquait indubitablement d’infrastructures notamment sportives, d’un club sportif qui donnera vie à une jeunesse en mal de loisirs et exposée à toutes sortes de fléaux sociaux qui la guettent à tout bout de champs. Depuis, ce club patauge dans des problèmes.
Mais force est de reconnaître que la saison 2004/2005 était très faste pour les Beni Maouchinois qui s’étaient mobilisés en se rangeant derrière leur équipe. Très en verve, les jeunots, qui mouillent bien le tricot et qui savent aussi taper sur un ballon, avaient montré de meilleures dispositions à jouer une accession qui était d’ailleurs largement à leur portée.
Ainsi, ils enchaînaient victoire sur victoire à l’intérieur comme à l’extérieur au grand bonheur de ses fans qui ont cru jusqu’au bout à une accession dorée et méritée de leur équipe à la régionale III. Ce rêve ne s’était réalisé mais ces fans étaient toujours fiers de leur équipe qui avait terminé le championnat à la 2° place, distancé d’un point par le leader, le NC Béjaia. Rendez-vous est pris donc pour la saison suivante, c’est-à-dire 2005/2006, où le rêve était encore permis. Les dirigeants ont mis le paquet en renforçant leur équipe par un
2e entraîneur et le recrutement de plusieurs joueurs.
Dès l’entame de la saison, les espoirs ont commencé à fondre comme neige au soleil, l’équipe baignait dans les problèmes et perdait de sa vitalité. Elle avait du mal à gagner un match même à domicile.
Cette saison, les dirigeants ont tenté tant bien que mal de démêler les écheveaux afin de maintenir leur équipe en compétition en se louvoyant seuls devant les instances sportives auxquelles ils n’ont cessé de crier leur détresse mais sans y trouver l’écho favorable souhaité.
Ainsi, au manque de moyens matériels et humains s’ajoute l’indifférence des instances chargées de la promotion du sport à l’égard de la jeunesse du monde rural, parent pauvre dans une Algérie prospère. Qui a parlé de l’équilibre entre la ville et la campagne ?
La disparition de l’ESBM est un exemple édifiant qui nous renseigne sur la place du sport en général qui dépérit dans les contrées les plus reculées, situées notamment en haute montagne, loin des regards des officiels, lesquels n’ont d’yeux que pour la ville. Dans ce sens-même, la pratique du football, une discipline très aimée par les jeunes et qui rassemble des milliers de spectateurs dans les stades lors des rencontres, a tendance à disparaître, vouant à l’errance et à l’attirance par les fléaux sociaux une masse juvénile vulnérable en manque ostensiblement de loisirs.
Ce qui est aussi navrant, elles sont rares les autorités locales qui inscrivent le sport au sommet de leurs préoccupations.
Dans ce contexte, il est fort et indéniablement désolant qu’une daïra comme celle de Béni Maouche, coiffant 28 villages, d’une densité en population d’environ 23.000 âmes et située en zone montagneuse, dont les jeunes manquent inéluctablement de loisirs, puisse être privée d’un club senior de football. Ainsi se meurt à petit feu le sport dans les contrées rurales !
L.Beddar
