Entre passion et contraintes

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Il est de ces jeunes talents pour qui l’art est un élément vital dans la vie et pour lequel l’éternelle lutte est légitime, en dépit de leur activité dans l’ombre. Mais l’ombre n’a jamais nui à l’art et l’artiste, quand ce dernier croit à ce qu’il fait et ne baisse pas les armes, quels que soient les aléas de son existence et des entraves de tout bord.

Youcef Fellah partage l’avis d’Auguste Rodin qui affirmait que l’art qui a de la vie ne reproduit pas le passé, il le continue. Et ce même passé constitua un jour le présent pour démarrer son art sans le vouloir, ce pinceau est venu spontanément accompagner ces doigts pour donner vie à des images plus ou moins signifiantes, mais des œuvres quand même, et cela dès son jeune âge.

Et on ne peut sans doute pas peindre ou dessiner sans être attiré par une quelconque œuvre vue et admirée. Une œuvre qui accroche le regard, fait vibrer les doigts de l’artiste. Pour notre peintre, dessinateur et sculpteur, Van Gogh et De Vinci sont deux maîtres l’ayant beaucoup influencé et charmé. Pourtant, il n’a ni peint ni dessiné aucun auto portrait comme le fit l’auteur du célèbre “L’homme à l’oreille coupée”, même si des dizaines de portraits de célèbres personnalités du monde culturel et artistique figurent déjà dans son palmarès, à l’image de Lounis Aït Menguelet, Kateb Yacine, El Hasnaoui, Slimane Azem, El Anka et tant d’autres.

“Sa source d’inspiration dit-il, diffère d’un jour à l’autre”. Il suffit parfois d’un rien pour nous inspirer quand l’imagination ne fait pas défaut.

Il en est de même pour les moments d’inspiration qui ne sont pas statiques, ni encore moins des règles bien définies.

Loin d’être agressif, non violent, il se voit pourtant toujours accompagné d’un canif, son meilleur instrument. La sculpture occupe également une partie non négligeable en lui, en ayant déjà plusieurs œuvres à son actif, et d’autres en tête. Parmi elles, ce fumeur qui revient d’outre-tombe, se mettant sur cette dernière et regardant ce qu’il a raté dans la vie. Même s’il regrette pas mal de choses, le regret ne change rien au présent.

Mais aussi une autre de l’auteur de la Colline oubliée, quelque peu oublié lui aussi par les “canifs” des sculpteurs. Mis à part quelques participations à des expositions à Assi-Youcef, sa terre natale, et à Tizi Ouzou, Youcef n’a pas pris part assez souvent, faute de moyens, reconnaît-il.

Et quand on sait que l’art ne nourrit pas son maître, Youcef compte surtout sur la fabrication artisanale bien sûr de portes-clés en bois qu’il commercialise pour pouvoir joindre les deux bouts.

La trentaine à peine entamée, notre artiste a encore de beaux jours devant lui. Et comme l’espoir n’est pas interdit — du moins pour lui —, il espère exposer un jour en Italie, ce beau pays d’art ancien qu’il désire visiter et qui l’a tant envouté. Et tant qu’il y a l’espoir…

Salem Amrane

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