La malédictionde la mule noire”

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Bien que romancé à outrance par son auteur Slimane Harbi, le roman “La malédiction de la mule noire” est un livre historique dont les faits remontent au XVII siècle, plus exactement en 1645 quand une cité de la haute montagne fut détruite par un fléau.“La malédiction de la mule noire” est donc un roman historique. Les évènements, les lieux aussi bien que les personnages, ne relèvent pas de la fiction. “C’est, dira l’auteur du livre paru en 1990 en co-édition (ENAP-OPU), Alger… la somme d’un travail résultant de l’étude des ruines, de dialogues avec des hommes connaissant les faits suivant la tradition orale et de la comparaison avec des documents historiques”.L’histoire se déroule donc dans un village Afir qui a été débaptisé depuis son anéantissement au profit d’un autre nom Ait Amar, nom qui signifie repeuplement, regeneressence et donc vie. Le plateau d’Afir, était anéanti par une grave maladie (la peste) ou un empoisonnement collectif de ses habitants, alors qu’on attribuait ce malheur à une funeste et dévastatrice mule noire mise en exergue dans le titre du roman dont l’histoire s’étale sur trente chapitresLe personnage central n’est autre que Gourab, un poète, dont la taille ne dépassait pas les 1,50 mètres mais qui avait le don d’élucider toutes les affaires locales et s’imposait en véritable juge, et ce par le seul moyen de la pertinence de ses verbes.Depuis que le village est anéanti, il vivait seul, comme un monstre. Profitant du climat sinistre de son village, il s’impose en véritable héritier de plusieurs milliers de morts et de disparus.Il poussait des gémissements affreux pour faire croire à la présence d’une hejène, cet animal tant redouté et hennissait imitant la mule responsable selon la croyance populaire de la tragédie.Mais Gourab n’était pas seulement cet affreux personnage. On dit de lui qu’il peut régler un contentieux en moins d’un tour de verbe.Il excellait dans l’art de la poésie spontanée et dans l’art de la rhétorique. Petit, bon, malin c’était en quelque sorte l’Esope de la localité. Pris en otage un jour par des brigands il aura la vie sauve, lorsqu’il affronta verbalement ses ravisseurs par la célèbre question “qui habite quoi” ? Les montagnes sont habitées par le faucon et l’effraie, les forêts par le lion et le sanglier, les maisons par le sage et le meurtrier. Il supplie le faucon (Lbaz) de le sauver de l’effraie (Imirouf), le lion de le sauver du sanglier, le sage de le sauver du meurtrier. On le relâcha tout de suite après cette prouesse poétique.

M. Ouaneche

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