La France est dans le collimateur de l’ex-GSPC

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Si Dominique de Villepin, Premier ministre français, a déclaré flegmatiquement à l’Assemblée nationale française ne pas être en « guerre contre le terrorisme », la réalité est tout autre. En tout cas, le terrorisme islamiste, lui, est bel et bien en guerre contre la France.

En effet, ce pays est dans la ligne de mire du réseau terroriste d’Al Qaida, de l’avis même des services secrets français qui paraissent redouter des actes de terrorisme de la part de groupes de combattants djihadistes européens, liés à l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), reconvertie en la circonstance en Organisation d’Al Qaida pour le Maghreb islamique.

Un rapport de huit pages, classé top-secret, émanant des différents services de renseignements et de sécurité français, spécialisés dans la lutte antiterroriste, a été transmis aux plus hautes autorités françaises. Ledit rapport sous-titré « Evaluation de la situation d’une menace de l’islamisme radical en France », cite plantureusement des signes avancés d’une possibilité de réédition du scénario de Madrid de mars 2003 sur le territoire français. Lesquels signes se cristallisent par des lettres anonymes de menaces échangées sur les sites internet proches d’El Qaida, comportant des photos de la campagne pour les présidentielles françaises.

Il ajoute que ce qui incite à croire en ces menaces, c’est le besoin des dirigeants d’Al Qaida de prouver leurs capacités de nuisance, non seulement sur les terres traditionnelles du « djihad » comme l’Irak ou l’Afghanistan, mais aussi en Europe même. Outre la crainte d’une éventuelle réédition du scénario madrilène, le rapport expose les quatre « sources de menaces », auxquelles les autorités françaises devraient accorder toute l’attention.

Il s’agit des filières d’Irak, où des jeunes Européens, partis combattre l’occupant américain, et que Al Qaida a instruit de pénétrer dans leur pays d’origine pour créer des groupes terroristes et partant, perpétrer des attentats. Cela est le voeu même d’un des bras droits de Zarqawi qui, interrogé par les services de renseignement irakien, a avoué qu’une trentaine de terroristes ayant fait leur « devoir » en Irak, sont actuellement en Europe. Le rapport évoque aussi l’existence de femmes préparées dans des camps aux frontières pakistano-afghanes pour des attentats-suicide.

Mais c’est sans doute le GSPC, désormais affilié à la nébuleuse Al Qaida, qui fait craindre le pire, cela après les multiples menaces proférées contre la France par l’émir de cette organisation, Abou Moussaâb Abd Elwadoud. Ceci est d’ailleurs confirmé par le numéro 2 d’El Qaida, El Zawahiri qui, par sa bénédiction au GSPC, replace celui-ci dans un rôle des plus essentiels de fer de lance du futur djihad en Europe et au Maghreb.

Ajoutez à cela la missive qu’a adressé le leader d’Al Qaida, Oussama Ben Laden, à sa « progéniture » de l’ex-GSPC, les exhortant à cibler la France par des attentats aux fins avouées d’influer sur le cours de la prochaine présidentielle comme cela était le cas en Espagne il y a trois ans.

Quelle est la réalité de la menace terroriste et quelle stratégie en France pour la contrer ?

Si la guerre en Irak a redonné une légitimation au combat djihadiste, car elle est vécue, à tort ou à raison, comme une agression, une oppression, il n’en demeure pas moins que cette guerre et celle du Liban, agrémentées du conflit israélo-palestinien ont procuré aux terroristes et aux extrémistes un sentiment de légitimité politique et morale. Longtemps considérée comme « l’ennemi numéro 1  » par la horde du GSPC, la France a-t-elle les moyens nécessaires pour contrer une attaque terroriste à quelques semaines de la présidentielle ? Il est sûrement utile de rappeler que si attentat il y a, ses répercussions dépasseront allègrement les frontières de l’Hegaxone pour atteindre le pays terre  » natal  » de cette organisation, à savoir l’Algérie. Outre l’objectif avoué d’influer sur les présidentielles françaises, il y a un autre qui apparaît en filigrane, à savoir remettre en cause toute une stratégie politique longtemps adoptée par le pays des Gaullois.

Aujourd’hui, il faut reconnaître que la menace est élevée. La France est stigmatisée par les communiqués du GSPC et d’Al-Qaida par rapport à son influence en Algérie, sa gestion de la crise des banlieues et à son engagement international, notamment en Afghanistan, aux côtés des forces de l’OTAN. Si leur stratégie consistait en la neutralisation préventive judiciaire par démantèlement des réseaux soupçonnés avant qu’ils passent à l’action, les lois antiterroristes votées par le Parlement français mises en place en 1986 puis en 1996 et enfin,celles émanant du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, font leur seule force, la surveillance de l’Internet est fondamentale car il est utilisé comme moyen de communication, de propagande et de recrutement. Le salafisme impose la guerre sainte, le jihad, comme un devoir aux fidèles. Les Etats, au-delà de leurs intérets étroits, se doivent aussi de coordonner leur lutte. C’est là leur devoir à eux.

Yassine Mohellebi

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